Factures records pour le remplissage des réserves mais gaz désormais à prix négatif : que se passe-t-il vraiment sur ce marché ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les réserves de gaz se trouvent à un niveau élevé.
Les réserves de gaz se trouvent à un niveau élevé.
©Charly TRIBALLEAU / AFP

Prix du gaz

Les gens n'ont pas ouvert le chauffage ces derniers temps, ce qui a fait chuter le prix du gaz.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Que se passe-t-il actuellement sur les marchés du gaz ?

Damien Ernst : On observe une volonté, au niveau européen, d’avoir nos réserves de gaz remplies pour la fin du mois. L’Europe a mis en place une régulation appropriée pour cela, ce qu’elle n’avait pas fait l’année passée. Nos réserves de gaz sont donc à un très haut niveau. A cela, s’ajoute le fait que nous observions un mois d’octobre excessivement chaud. Ce serait le mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré en France. Cela a pour conséquence la non-activation de la charge chauffage. Les gens n’ont pas ouvert leur chauffage. Conséquence de cela, trop de gaz et une incapacité à le stocker ou à le consommer dans sa totalité. Le prix du gaz a donc chuté et est devenu négatif. Il faut savoir que quand on arrive aux limites supérieures de nos différentes réserves de  stockage, il devient plus difficile de stocker du gaz additionnel car les compresseurs permettant d'injecter du gaz dans les réserves doivent vaincre la forte pression du gaz dans ces dernières. 

On se retrouve donc avec du gaz en attente sur des bateaux, avec quelles conséquences ?

Oui c'est exact les bateaux LNG arrivant en Europe ne peuvent pas décharger leurs cargaisons dans des terminaux car leur gaz ne peux être stocké. Par conséquent, ils restent plus longtemps en mer. Mais attention cette situation risque de ne pas durer. En effet, on est en train d’observer que les prix du gaz sur les marchés asiatiques deviennent supérieurs aux prix européens, ce qui devrait attirer les méthaniers en Asie.

La situation actuelle est-elle une bonne chose ?

D’abord, c’est une situation conjoncturelle. Nous ne connaîtrons pas la même situation en novembre-décembre et nous puiserons dans nos stocks à ce moment. Donc la situation est très exceptionnelle. Ce qu’il faut espérer c’est que l’hiver continue d’être doux. Si les températures restent raisonnables nous consommerons moins de gaz de prévu, on ne devrait donc pas en manquer, ce qui va créer une baisse des prix.

Pour autant, le stock actuel ne garantit en rien un hiver plus serein ?

Non, en effet. Si l’hiver devient subitement froid, nous serons malgré tout dans une situation extrêmement tendue. Un hiver froid pourrait faire tomber nos réserves à presque zéro vers la fin mars. Et le problème se poserait sur l’hiver suivant puisque nous ne sommes pas sûr d’avoir l’opportunité de recharger nos réserves pour l’hiver 2023-2024.

A quel point la situation actuelle coûte-t-elle cher ?

Ce qui a coûté cher, c’est le remplissage des réserves à des prix élevés, notamment par l’Allemagne. On se rend compte qu’on aurait pu remplir nos stocks à bien meilleur marché mais cette météo clémente que nous connaissons maintenant en novembre ne pouvait pas être prévue en août. On note qu'immobiliser du gaz sur un méthanier peut aussi coûter plusieurs millions d’euros par jour.

Est-ce qu’on peut reprocher aux autorités d’avoir préféré être prudentes, quitte à payer plus cher ?

 Il fallait jouer la sécurité cette année et il faudra encore la jouer au maximum l'année prochaine. On ne peut rien leur reprocher.

Quand verra-t-on les prix du marché raugmenter ?

Il semblerait que les températures baissent d’ici une semaine, ce qui devrait augmenter la charge chauffage. C’est plutôt sur le très court terme que les prix sont bas. Pour décembre ou janvier, les prix sont autour de 140 MWh, soit sept fois les prix d’avant Covid.

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