Evan McMullin, missionnaire mormon et dernier joker des Républicains qui ne veulent pas de Trump<!-- --> | Atlantico.fr
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Evan McMullin, ancien officier de la division contre-terrorisme de la CIA, et un ancien responsable républicain à la Chambre.
Evan McMullin, ancien officier de la division contre-terrorisme de la CIA, et un ancien responsable républicain à la Chambre.
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THE DAILY BEAST

Soutenu par les financiers de Mitt Romney, un nouveau candidat à la présidence, le conservateur Evan McMullin, n’a qu’un objectif : arrêter Donald Trump.

Goldie Taylor

Goldie Taylor

Goldie Taylor est journaliste pour The Daily Beast.

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par Goldie Taylor - Copyright The Daily Beast

Appelons cela la revanche de Mitt Romney.

Il reste moins de trois mois avant le jour de l’élection, et certains Républicains influents parient sur un nouveau candidat pour faire tomber Donald Trump, né dans l’Utah : un missionnaire mormon.

Ne comptez pas sur Evan McMullin pour faire des erreurs sur les principes de base de la Constitution. C’est un ancien officier de la division contre-terrorisme de la CIA, et un ancien responsable républicain à la Chambre. On ne l’entendra pas rouspéter sur notre hésitation à déployer des armes nucléaires sur un coup de tête, ou hurler contre les dignitaires républicains. On doute qu'il ait jamais fait faillite, ou fait des déclarations maladroites susceptibles de faire de gros titres.

Le consultant républicain Rick Wilson, qui a écharpé Trump dans une tribune publiée dans le New York Daily News du week-end, s’est allié à Joël Serby, de Floride, pour animer la campagne de McMullin.

"Un nombre croissant d’Américains commence à réaliser que Trump est plus qu’une catastrophe politique. Il est une vraie menace pour le pays…", écrit Wilson.

A ses yeux, McMullin est la réponse que les Républicains attendaient. Wilson admet que cela sera une "sacrée bataille", mais ajoute qu’il a une stratégie pour mettre McMullin en lice dans un grand nombre d’Etats, et si nécessaire il est prêt à aller en justice pour que ce soit le cas. Les Américains doivent avoir un choix plus large qu'un candidat "fou" et un autre "corrompu", dit Wilson en faisant allusion à Donald Trump et Hillary Clinton.

Il n’y a aucune raison de croire que ce conservateur indépendant puisse surpasser Clinton dans un sondage. Et vu le peu de temps qui reste pour faire campagne, il semble impossible qu’il puisse participer à l’un des débats nationaux. Il n’aura pas le temps de mettre en place une campagne dans chaque Etat, surtout au moment où Clinton a déjà des milliers de fantassins sur le terrain en train de frapper à chaque porte, et qu’elle passe à la télévision depuis des semaines.

Mais McMullin n’entre pas dans la course pour gagner, ou même se montrer. Sa candidature n’a qu’un but : réduire encore un peu plus le chemin étroit qui pourrait mener Trump à la victoire.

En mars dernier, quand l’ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, face aux caméras, traitait Trump de fraudeur et d’escroc, beaucoup de gens se disaient : "OK, mais qu’est-ce que tu va y faire ?".

Hé bien, cette réponse est venue lundi dernier à midi, quand McMullin a rempli les documents formalisant sa candidature présidentielle. Soutenu par des responsables républicains qui ont travaillé pour Better For America, un organisme financé en partie par un ancien conseiller de Romney, John Kingston, McMullin a juste de quoi creuser son trou dans la carte électorale, en espèrant enterrer Trump dedans.

Pour ce faire, il faut obliger la star de la télévision qu’est Trump à se battre dans des territoires que n’importe quel autre candidat républicain aurait considéré comme gagnés d’avance. Dans plusieurs Etats de l’Ouest et du Sud profond, où vivent la majorité des électeurs républicains, Trump se trouve au coude à coude avec Clinton. Mais s’il doit se battre contre Romney et McCain, Trump perd (ou est proche de la défaite), alors qu’il aurait dû être en sécurité.

Des récents sondages montrent que Clinton étend sa campagne à des Etats comme l’Utah, le Nevada, l’Arizona, et même la Géorgie, où elle a un avantage étonnant avec 44 % contre 37 % pour Trump. Avec un McMullin attirant des indépendants et des centristes dans les comtés incertains (les électeurs qui sinon seraient restés chez eux ou bien auraient voté Trump), Clinton pourrait renforcer son avance dans des Etats dirigés par des gouverneurs républicains.

Il n’y a pas de raison de penser que McMullin va bousculer le match, ou mordre dans la base électorale des centristes et des démocrates progressistes. Mais si McMullin parvient à avoir un bulletin à son nom dans les bureaux de vote, sa candidature donnerait aux électeurs de droite déçus une raison pour voter.

"Au cours de cette année qui a vu des Américains perdre leur foi envers les candidats des deux grands partis, c’est le moment qu’une nouvelle génération apparaisse", a déclaré McMullin à ABC News. "Il n’est jamais trop tard pour bien faire, l’Amérique mérite mieux que ce que Donald Trump ou Hillary Clinton peuvent nous proposer. Je me présente humblement comme un leader qui peut donner à des millions d’Américains déçus, un choix conservateur pour la présidence".

De son côté, Clinton a activement courtisé les indépendants, et ceux qui n’ont pas le courage de voter Trump. Les premiers chiffres montrent une baisse significative du soutien envers Trump, après une interminable série de gaffes en public.

Les Républicains craignent par-dessus tout que certains électeurs du centre-droit commencent à s’écarter, puis à quitter le parti pour ne jamais  y revenir (Trump leur interdit l’accès ou les laisse dehors). Le parti républicain pourrait perdre sa présence nationale pour une génération ou deux. En affrontant Trump, McMullin est peut-être en train de sauver le parti, quelque chose que Reince Pribeus, président du Republican National Commitee (RNC) n’a pas le courage de faire.

Ils n’ont pas pu battre Trump pendant la primaire, et leurs manoeuvres pendant la convention de Cleveland ont vite été réduites à néant. Mais en mettant McMullin dans la course, pour troubler le jeu dans quelques Etats-clés, les membres de la coalition #NeverTrump font le pari qu'il est possible d'en finir une fois pour toutes avec Trump.

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