L'Europe ne pourra sortir de la crise de l'Euro sans se doter d'un vrai gouvernement<!-- --> | Atlantico.fr
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Comment l'Europe peut-elle gérer une crise économique sans leadership politique et avec si peu de légitimité démocratique ?
Comment l'Europe peut-elle gérer une crise économique sans leadership politique et avec si peu de légitimité démocratique ?
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Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Pour sortir de la crise de sa monnaie unique, l'Union européenne pourrait commencer par simplifier ses institutions politiques et renforcer leur légitimité.

Youth Diplomacy

Youth Diplomacy

Youth Diplomacy est un think tank qui encourage la jeunesse française à mieux connaître et à s’approprier la mondialisation.

Fondée il y a à peine un an, l'association a organisé le G8 & G20 Youth Summits, événement officiel de la Présidence du G20-G8 pour la jeunesse.

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A l’heure où la Commission européenne s’apprête à animer une réflexion de fond sur la révision des traités européens à la faveur d’une gouvernance économique plus forte, il semble nécessaire de donner de la profondeur à ce débat en sortant de l’Europe bruxelloise. L’enjeu est de clarifier aux yeux du monde et aux yeux des citoyens la façon dont l’Europe peut agir. Bref, lui donner de la clarté, à la base de la légitimité et donc de l’efficacité.

Dans le tumulte de la crise grecque, dans l’ironie des commentaires sur l’amitié franco-américaine et dans la gêne diplomatique vis-à-vis du Premier ministre Netanyahou, une petite phrase du G20 de Cannes pourrait nous avoir échappée : "Il y a beaucoup d’institutions en Europe, le Parlement, la Commission, le Conseil... Merkel, Sarkozy, Barroso m’ont donné une leçon de politique européenne... " En se plaignant ainsi, Obama soulignait avec une gravité à peine dissimulée une question qui se révèle être la question-mère de nombre de nos problèmes : comment gérer une crise économique sans leadership politique et avec si peu de légitimité démocratique ?

Dans l’adversité face à la crise, les dirigeants européens ont brisé bien des tabous... mais pas tous ! "Quelle place pour les Etats-nations dans la mondialisation ?" La question, suspendue telle une épée de Damoclès au dessus de la tête des dirigeants du G20, est présente dans toutes les têtes mais absente des communiqués... Ainsi, faire sortir la Grèce par la petite porte ou l’Allemagne par la grande porte, de la zone euro sont devenues des hypothèses plausibles mais pas celle d’une reprise de la construction européenne sur le chemin du fédéralisme. Car c’est bien d’un gouvernement dont nous avons besoin, pas de gouvernance. Le fédéralisme préfère les institutions fortes aux règles que les Etats peuvent bafouer. Moins ironique que Kissinger, c’est à nouveau à nos amis d’outre-Atlantique qu’il revient de poser la question qui fâche.

Inefficacité politique…

De 2008 à 2011, les crises ont souligné l’importance des processus de gouvernance pour traiter les crises systémiques. Sans leadership politique, sans efficacité ni réactivité, impossible de proposer une réponse ambitieuse et crédible. En 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement ont voulu répondre à la crise en donnant une deuxième vie au G20, forme étrange de ce qu’on pourrait appeler un "conseil de sécurité économique". Et alors qu’habituellement, le G20 est attaqué sous l’angle de la légitimité par les pays qui n’en sont pas membres, la critique provient cette fois-ci du G20 lui-même et porte sur la question de l’efficacité ! Comment traiter efficacement de la crise de la zone euro quand on doit mettre d’accord les 17 membres de la zone, dans le cadre d’une discussion à 27, où la coordination repose directement ou indirectement sur deux autorités ? Barack Obama avait effectivement de quoi s’interroger.

…et déficit démocratique de la gouvernance européenne

Le projet de référendum en Grèce nous a mis devant une évidence : au-delà des interdépendances économiques, il existe des interdépendances politiques. Et pour cause, la question posée uniquement au peuple grec concernait, en fait, toute la zone euro, voire l’UE entière et a fortiori tous ses partenaires économiques. Laisser le peuple grec se prononcer, seul, sur une question dont les enjeux le dépassaient était "imparfaitement démocratique". La question devait être posée à tous ou posée à personne. C’est ce danger qui doit être évité par une nouvelle réflexion constitutionnelle en Europe.

Pour une Révolution européenne au-delà des extrêmes

Aujourd’hui, en dehors du Parlement européen, seuls les partis extrêmes abordent ouvertement la question de savoir si l’Etat-nation est l’entité politique qui permet de produire des politiques publiques efficaces à l’heure de la mondialisation. L’extrême gauche et l’extrême droite proposent une approche souverainiste, prônant le renforcement des Etats-Nations. A "l’extrême centre", les sphères démocrates avancent l’option fédéraliste. Les partis majoritaires semblent, eux, avoir enterré la question qu’ils croient impopulaire ou intraitable. Et pour cause, ce nouveau clivage recomposerait entièrement les formations politiques. Cette question rejetterait dos à dos les défenseurs de la démondialisation ou de la droite populaire et les champions d’une "majorité du courage". Etrangement, la tragédie du 21 avril 2002 aurait pu permettre d’assainir le débat démocratique si le président Chirac avait accepté un débat de deuxième tour car elle aurait permis d’effectuer cette petite révolution copernicienne que 2012 ne nous promet pas. Mais cette question est une mine d’or ! Une ressource qui ferait gagner, sans doute, la voix de tous ces abstentionnistes pour qui la politique est devenue une pantomime où les ambitions se partagent une miette de pain.

Quand l’intérêt général européen s’impose dans les campagnes nationales

En Allemagne, l’Union CDU-CSU d’Angela Merkel semblerait préparer un programme articulé autour de la question du fédéralisme européen. En France, Bruno Le Maire a annoncé que le projet présidentiel dont il a la charge pour l’UMP s’inspirerait de réflexions conjointes avec l’Union majoritaire en Allemagne... A l’instar du Mouvement Démocrate dont les universités d’été rassemblement régulièrement de nombreuses personnalités politiques de l’Alliance des Démocrates et Libéraux européens, ce serait là l’occasion, pour les partis majoritaires, de commencer à importer l’Europe dans les débats nationaux au lieu d’exporter les débats nationaux dans les élections européennes.

La Révolution française a inspiré l’Europe d’un nouveau souffle politique, attisant les braises de l’aspiration à l’Etat-Nation et au gouvernement démocratique. La France s’illustrerait à porter une nouvelle Révolution pour sortir par le haut de ces crises économiques qui n’en finissent plus de montrer par l’absurde l’étroitesse dans nos institutions, source première de l’impuissance. A défaut d’un acte II de la Révolution Française, c’est une Révolution allemande qui se dessinera outre-Rhin.

Auteur : Thomas Friang de Youth Diplomacy

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