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Etrangers fichés S : vers un Guantanamo à la française ?
©SOPHIE LAUTIER / AFP

On y pense à l’Elysée

Reste à trouver l’emplacement de cet éventuel camp de détention. Le plus loin possible en tous cas de l’Hexagone…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le Canard Enchainé rapporte une conversation entre des conseillers de Macron après que celui-ci a demandé des mesures fortes suite à l’égorgement de Samuel Paty. En voici la teneur. Que faire des étrangers fichés S ? « Les expulser » dit un des conseillers. Un autre rétorque que pour ce faire il faut l’assentiment des pays d’origine.

« Alors s’ils refusent pourquoi pas un Guantanamo français ? » rétorque un autre conseiller. « Mais là-bas il y a eu des tortures » lui répond-on. « Chez nous il n’y en aura pas » déclare un des conseillers de Macron. Le débat en est là.

Quelques mots maintenant sur les « tortures » à Guantanamo. Ce centre de détention ex-territorial est situé sur l’ile de Cuba qui depuis 1903 le loue aux Etats-Unis. C’est là qu’ont été enfermés les talibans capturés en Afghanistan auxquels sont venus se joindre des djihadistes pris en Syrie et en Irak.

Ils étaient quelques centaines au début : ils ne sont plus que quarante aujourd’hui, les autres ayant été relâchés car jugés non dangereux. Les « tortures » dont ils auraient fait l’objet sont les suivantes. Une tenue orange spécifique, la lumière électrique en permanence dans leur cellule, des Coran en nombre insuffisant.

Des djihadistes français ont séjourné à Guantanamo. Ils sont revenus en France et ont raconté – avec force détails inventés - les « tortures » qu’ils auraient subies. Elles n’avaient pas dû être si affreuses puisqu’elles ne les ont pas empêchés de survivre. Au-dessus de leurs témoignages, des journaux complaisants ont titré : « l’enfer de Guantanamo ».

Quelques mots aussi sur les étrangers fiché S. Ils sont, selon les chiffres officiels, plus de 4000. Des chiffres qui ne rendent en rien compte de la réalité. Il y a des milliers de non-fichés S qui pensent comme les fichés S. Tel était le cas de Abdouallakh Azorov, l’assassin de Samuel Paty.

Alors que faire d’eux puisque ni l’Algérie, ni le Maroc, ni la Tunisie ne brûlent d’enthousiasme à l’idée de les accueillir. C’est pourquoi un camp de détention, un Guantanamo français, a été envisagé.

Se pose alors l’épineuse question de son emplacement. On ne voit guère de communes françaises qui seraient disposées à voir un Guantanamo sur son territoire. Sauf peut-être celles du 93. Mais là-bas les fichés S étrangers seraient acclamés par une foule compatissante.

Dans le souci d’aider les conseillers de Macron, nous avons regardé sur une carte les lieux où flotte le drapeau français. Et nous avons trouvé Saint-Pierre et Miquelon et les Iles Kerguelen. Voilà qui serait bien. C’est loin, très loin. Et de surcroit on ne sait pas vraiment où c’est. Ce qui n’est pas du tout négligeable.

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