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Etats-Unis : les riches n’ont jamais été aussi riches que depuis que Donald Trump a été élu président
©Reuters

Atlantico Business

Alors que Donald Trump rappelle avoir été élu par les déshérités et les déclassés de la modernité, les riches n’ont jamais été aussi riches que depuis qu’il préside l’Amérique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les chiffres sont incroyables et le paradoxe politique spectaculaire. Jamais un président américain n’a été élu en surfant sur une vague aussi puissante de populisme, avec un programme de promesses destinées aux plus pauvres et aux déclassés de la modernité. Mais jamais un président n’a pris des mesures économiques aussi favorables aux milieux financiers et aux plus riches des américains. Les chiffres qui tombent à la fin de ce premier trimestre sont hallucinants.

Wall Street en a tiré la leçon et s’en frotte les mains. Alors que les financiers s’installaient sur le mode d’un atterrissage en douceur après la reprise de l’après crise des subprimes, la voilà prise d’un nouvel accès de fièvre spéculative, d’un rebond spectaculaire. Pour ceux qui attendaient le prochain mini krach, il faudra attendre quelques jours. Mais pour ceux qui espéraient une situation économique un peu mieux régulée, sortie de sa perfusion monétaire et surtout plus équitable, il va falloir attendre encore plus longtemps.

Jamais les riches américains n’ont été aussi riches qu’aujourd’hui et jamais leur fortune ne s’est accrue aussi vite ; et tout cela directement grâce à la politique de Donald Trump. Le président américain a opéré en deux temps.

Premier temps, on se souvient qu’en arrivant, il a annoncé un plan de soutien aux entreprises afin de compenser le probable changement de braquet de la banque centrale américaine. Du coup, cette promesse-là a boosté les anticipations d’investissement et d’activité dans un contexte où les salaires restaient assez contenus. La plupart des Gafa ont publié des résultats au premier trimestre historiques. Les Google, Amazon, Apple, Microsoft, etc., que l’on donnait en difficulté, n’ont jamais été aussi financièrement garnis. Leur puissance est telle aujourd’hui qu‘elle engendrent un flot de critiques sur le thème « trop c’est trop » et chacun de cogiter les effets secondaires et les mesures pour lutter contre les positions dominantes. Ceci dit, cette démesure inquiète plus les européens que les américains eux-mêmes.

Deuxième temps, Donald Trump a fait au niveau fiscal ce qu’il a dit qu’il ferait :baisse des impôts sur les profits des entreprises, amortissement immédiat des investissements et incitation au rapatriement des profits conservés à l'étranger. La loi a donc été votée et du coup, le taux d’imposition des bénéfices des entreprises a baissé de 6 points, dégageant plus de 13 milliards de dollars en quelques mois pour les seules 180 plus grosses entreprises.

Résultats des courses : La conjonction entre les profits d’activité et les bénéfices de la politique fiscale a gonflé de façon considérable l’ensemble des profits à distribuer aux actionnaires. Parce que ce sont les actionnaires qui vont récupérer l’essentiel, soit sous forme de dividendes soit sous forme de revalorisation de leurs actions liée au rachat des titres par les entreprises elles mêmes. C’est devenu très tendance aux Etats-Unis que de racheter son propre capital, histoire d’enrichir les actionnaires existants, histoire de montrer qu’on a du cash aussi. Du même coup, on réduit le flottant  et rend les attaques extérieures plus difficiles et surtout plus couteuses.

Apple vient d’en montrer l’exemple cette semaine en rachetant pour 100 milliards d’actions. Un record dans l’histoire de la bourse américaine. Mais l'annonce de ce plan d’achat massif d’actions d'Apple n'est que la partie visible de ce qui se trame à Wall Street. Selon JP Morgan, les entreprises du S&P 500 pourraient racheter pour plus 800 milliards de dollars d'actions en 2018, après déjà 519 milliards en 2017. Ce qui ferait de 2018 une année record en la matière aussi pour les entreprises du S&P 500 et leurs actionnaires qui n’ont jamais été aussi bien traités.

Ce phénomène qui est, à l’échelle de l’Amérique, très important va soulever évidemment deux questions.

La première, purement économique, porte sur la politique des entreprises elles mêmes et la part qu’elles vont consacrer aux salaires et aux bonus pour les grands dirigeants. Sur les salaires, on a fait grand cas des augmentations de salaires pour s’en féliciter dans les sphères républicaines, mais au final le mouvement a été jusqu'à maintenant très marginal. En dehors de Wal-Mart le grand distributeur qui n avait pas revalorisé ses salaires depuis plus de 10 ans, on est loin de la flambée des revenus que les gardiens de l’inflation craignaient.

En fait, on sait que compte tenu des tensions sur un marché du travail américain déjà proche du plein emploi, il n’y aura pas de dérapage. Sauf dans la Silicon Valley qui profite à plein du boom sur le digital. Une inflation sur les salaires amènerait la Réserve fédérale à vouloir contrecarrer cette hausse en augmentant les taux plus qu’annoncé. Et les entreprises n’en veulent pas. Les dirigeants pourront toujours se rattraper sur les bonus aux dirigeants, qui vont forcément profiter du boom des actions cotées. Ces bonus pèsent assez peu sur la consommation, en revanche ça plait au monde de la bourse. La boucle est bouclée.

La deuxième question est très politiquement incorrecte dans les salons new-yorkais. Elle concerne directement Donald Trump et son électorat. Cet électorat qui se retrouve dans une situation difficile n’a reçu jusqu'à maintenant que des promesses et des mots. Ils ne sont pas les cibles des premières mesures du président américain. Pour autant, la cote de popularité du président américain affiche toujours un bas niveau d’insatisfaction. Le paradoxe américain. Les américains chics et chers n’aiment guère Trump, qu’il juge décidément trop vulgaire, mais quand ils profitent de sa politique et gagnent de l’argent comme jamais, ils supportent assez bien la vulgarité.

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