États généraux de l'alimentation : les agriculteurs peuvent-ils espérer des solutions pour alléger leurs souffrances ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
États généraux de l'alimentation : les agriculteurs peuvent-ils espérer des solutions pour alléger leurs souffrances ?
©Reuters

L'alimentation au centre de la table

Ce 20 juillet débutent les états généraux de l’alimentation, pièce maitresse du programme d’Emmanuel Macron, censée apporter une réponse à tous les problèmes sur l’alimentation, depuis le producteur agricole jusqu’au consommateur. Mais ce n’est pas forcément le gouvernement qui joue le plus gros là-dessus, tant de nombreux paysans sont dans une situation catastrophique.

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey est journaliste et auteur de « Tu m’as laissée en vie, suicide paysan veuve à 24 ans ».

Voir la bio »
 WikiAgri

WikiAgri

WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

Voir la bio »

La journée du 20 juillet verra Bercy prendre des tons versaillais. Ce sera la grand-messe de lancement des états généraux de l’alimentation (EGA pour les intimes), avec discours introductif d’Edouard Philippe, et moult intervenants de renoms. S’ils seront peu nombreux, finalement, à se soucier de l’origine des petits fours distribués aux 400 participants de la journée, ce sera pourtant la question de fond centrale.

Lors de sa campagne électorale, Emmanuel Macron avait adressé une réponse, une seule, à la crise agricole : une meilleure répartition des marges entre tous les acteurs, qui serait discutée lors d’une réflexion plus large concernant l’ensemble de l’alimentation. A l’issue, 5 milliards d’euros seraient affectés pour moderniser le secteur agricole par rapport aux grandes lignes définies dans ce nouveau Grenelle, finalement relativement proche de celui dédié à l’environnement en 2007 dans sa conception.

Deux phases, une économique, une sociétale

Dans les faits, on arrive à l’échéance. Ce jeudi 20 juillet, ce sera le coup d’envoi. Et surtout l’occasion de savoir plus précisément qui participera aux travaux. On sait qu’il y aura des représentants des agriculteurs bien sûr (syndicats, coopératives, chambres, filières...), mais aussi des industriels, des ONG environnementales, des associations de consommateurs, des acteurs de la distribution, de la logistique et du transport, la restauration hors domicile, les associations des maires de France, des régions de France... En principe, selon les promesses de campagne de celui qui n’était encore que candidat à la présidentielle, il doit y avoir tous les représentants des acteurs de l’alimentation, depuis le producteur agricole jusqu’au consommateur... Mais tant qu’on ne saura pas précisément le nom des participants, et les critères de choix pour ceux-ci, le pronostic sur un résultat probant de ces EGA reste pour le moins délicat. Sans parler des accords à trouver entre des interlocuteurs aussi différents que CCFD Terre solidaire, WWF, Greenpeace, Oxfam, Réseau Action Climat, la Fondation pour la nature et l’homme (ex-Fondation Nicolas Hulot) et France Nature Environnement (FNE) d’une part ; ou la Fnsea, Coop de France, l’Ania (association nationale des industries alimentaires), l’UIPP (union des industries pour la protection des plantes), ou les Chambres d’agriculture de l’autre.

Concrètement, il est prévu deux phases. La première économique, jusqu’à fin septembre. On y parlera d’une répartition censée être « plus juste » de la valeur et des marges, et d’une juste rémunération des agriculteurs. La seconde (juste après dans le calendrier, jusqu’à novembre), concernera davantage la santé, l’environnement, ou encore le gaspillage alimentaire. Les discussions sont prévues par filières, avec des rencontres dans les régions avant la remontée d’informations vers Paris.

Les enjeux défendus par les organisations agricoles

On sait le secteur agricole en très grande difficulté. Les comptes de l’agriculture ont livré récemment des chiffres sans appel avec, selon un communiqué du ministère, « un résultat net par actif en baisse de près de 22 % par rapport à 2015 et une perte de richesse globale (valeur brute de la branche agricole) en chute de 8,4 % par rapport à 2015 ». Derrière ces chiffres, des drames humains, allant jusqu’au suicide, des filières qui voient tous les jours des paysans arrêter leurs activités, en particulier dans l’élevage mais aussi dans les fruits et légumes.
La « solution miracle » résiderait ainsi dans un revenu supérieur pour les producteurs, et donc dans une répartition des marges « plus juste ». En cause, la LME, loi de modernisation de l’économie qui date de 2008 et qui définit les règles et usages entre fournisseurs et distributeurs.  Et là, déjà entre agriculteurs, les positions divergent : selon la Confédération paysanne, il faudrait entièrement la réécrire tant elle s’est montrée défavorable aux producteurs. Tandis qu’à la Fnsea, sa présidente Christiane Lambert préfère que les relations commerciales certes, mais avec quelques amendements plutôt qu’en refaisant une loi « car sinon le temps parlementaire nous emmènerait dans un ou deux ans, et nous n’avons pas ce temps-là » pour tenter de résoudre la crise agricole, selon elle. Elle compte mener le combat contre la politique des prix bas menées par les enseignes de la grande distribution, qui entraine, selon elle, « une perte de la valeur de la production » initiale. Ainsi, elle pointe du doigt les promotions (du style « trois pour le prix de deux ») qui sont ensuite répercutées sur le fournisseur l’obligeant à baisser ses prix, ou autres artifices du même genre qui visent, pour l’enseigne, à attirer du monde sur d’autres produits au détriment des productions vivrières françaises.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !