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Eric Zemmour, levez-vous ! Vous êtes accusé de…
©BERTRAND GUAY / AFP

Chers djihadistes

De quoi ? Mais "d’apologie du terrorisme" ! On se pince ? Non, nous sommes en France…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans un certain nombre d’années, un historien qu’on espère talentueux écrira la chronique du règne de François Hollande. Et il dira, s’il est honnête, que sous sa gouverne, la France est devenue un pays de fous. Que son roi se déplaçait nuitamment en scooter pour voir l’élue de son cœur sans que le ridicule ne le fasse chuter de son engin à deux roues… Que des hommes barbus et des femmes voilées prétendaient souffrir le martyre du fait de l’islamophobie française, sans que politiques et journalistes ne trouvent leurs gémissements indécents ou grotesques… Que, c’est nouveau et cela vient de sortir, un célèbre polémiste réputé et affiché comme pourfendeur de l’islam était traîné en justice pour « apologie du terrorisme ».

Vous avez bien lu : « Apologie du terrorisme » ! Et il ne s’agit pas, tant leur dénonciation n’intéresse personne, des prédicateurs qui pullulent dans les mosquées et sur le Net et accordent des excuses aux égorgeurs de Daech. Non, le prévenu, le présumé coupable, s’appelle Eric Zemmour ! Il arrive assez souvent à ce dernier d’être poursuivi en justice. En général, et compte tenu de ce qu’il écrit inlassablement, c’est pour « islamophobie », « racisme » ou « xénophobie ».

Cette fois-ci, on a fait mieux. Plus fort. Plus original. Moins monotone. Zemmour en allié objectif des assassins djihadistes… Zemmour complice des tueurs du père Hamel… Zemmour, admirateur des frères Kouachi…

À l’origine de l’enquête préliminaire diligentée par le Parquet contre lui, quelques mots extraits de l’entretien accordé par Zemmour au mensuel Causeur. Ces quelques mots tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Et les magistrats du Parquet de Paris doivent avoir un grand faible pour les réseaux en question, ce qui les dispense opportunément de lire un entretien qui ne fait pas moins de quatre pages. Ces quelques mots, les voici : « Moi, je prends l’islam au sérieux. Je ne le méprise pas ! Je ne pense pas que les djihadistes soient des abrutis ou des fous. Au sommet, il y a des théologiens qui appliquent exactement leur idéologie coranique et légitiment tous leurs actes par des sourates ou des actes du Prophète. Et je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient — ce dont nous ne sommes plus capables ».

Relisez la dernière phrase : « Ce dont nous ne sommes plus capables ». Tout est là. Bien sûr que nous n’en sommes plus capables… Pourquoi mourions-nous d’ailleurs ? Pour garder les trente-cinq heures ? Pour le Smic ?  Le RSA ? Les retraites ? Pour que n’augmentent pas les péages des autoroutes ? Evidemment, on pourrait mourir en acceptant d’affronter les tueurs islamistes, de les tuer éventuellement. Mais ça, non. Quand on enlève à une nation — et on s’y emploie depuis longtemps — toute identité et toute fierté, il n’est pas sûr que l’on parvienne à la mobiliser et à accepter les souffrances qu’implique tout combat.

C’est ce que dit à sa façon Eric Zemmour. Qu’on arrive par bêtise, par aveuglement, par perte de tout repère, par soumission à une pensée égarée, à l’accuser d’être le compagnon de route de ceux qu’il combat en dit long sur le triomphe, en France, d’une idéologie choucrouteuse qui se baigne dans la bière, à la terrasse des cafés branchés.

Le chroniqueur qui racontera un jour ces pathétiques niaiseries judiciaires sera tenté d’en rire. Nous qui en sommes les contemporains et les spectateurs affligés, nous aurions plutôt envie d’en pleurer.

Mais ne nous laissons pas abattre. The Show must go on ! Et c’est pourquoi nous signalons au Parquet de Paris, en vil dénonciateur que nous sommes, un texte insupportable du penseur Philippe Muray, un des maîtres à penser d’Eric Zemmour.« Chers djihadistes, toutes ces réflexions, aussi brèves que superficielles, n’ont pour but que de vous faire savoir où vous mettez les pieds. Et, une fois encore, de vous avertir que nous vaincrons parce que nous sommes les plus faibles ». Muray poursuivait : « Craignez la fureur des moutons ! Craignez la colère des brebis enragées ! Craignez le courroux de l’homme en bermuda ! Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des lois qui nous ont ramollis ? Eh bien, nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement ». Puis cette phrase si cruellement vraie : « Nous vaincrons car nous sommes les plus morts ! »

Je suggère aux magistrats de bien lire ce texte. De bien prendre en considération le fait que l’abominable Muray est aussi nocif mort que l’affreux Zemmour vivant. De bien noter que dans ce texte, l’apologie du terrorisme est caractérisée puisque, comme chez Zemmour, on proclame la supériorité du djihadiste sur l’homme en bermuda. Mais que peut faire la justice contre un mort ? Interdire ses livres, peut-être…

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