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"L’encadrement des loyers permettra de raisonner et d’assagir le marché locatif"
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Faut-il bloquer les loyers ? Oui !

Michel Sapin en charge du projet présidentiel du candidat socialiste préconise un encadrement des loyers dans les zones les plus plus touchées par la spéculation immobilière. Le blocage des loyers peut-il résoudre le problème du logement en France ?

Thierry Repentin

Thierry Repentin

Thierry Repentin est un homme politique. Il est Sénateur depuis 2004, rapporteur du budget logement au Sénat. Il est également Conseiller général de la Savoie; conseiller général du canton de Chambéry-Nord depuis 1998.

 

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Atlantico : Michel Sapin, en charge du projet économique de François Hollande à la présidentielle, s’est prononcé pour l’encadrement des loyers. Est-ce la solution ?

Thierry Repentin : Le logement est la première dépense des ménages. Il pèse lourd dans le budget des familles. Ce sont les locataires qui sont les premiers touchés : les loyers de relocation ont fortement augmenté ces dix dernières années, à tel point qu’ils sont devenus inaccessibles aux Français modestes et aux classes moyennes. C’est pourquoi la lutte contre le logement cher est une priorité de François Hollande et passera par un encadrement des loyers.

Cette mesure s'appliquera partout où le logement est cher, lors de l’arrivée du premier locataire ainsi qu’à chaque changement de locataire, pour tous les logements. C’est indispensable pour casser la dynamique haussière qui, partant des loyers de relocation, contamine tout le marché immobilier. Le principe est simple : le loyer de mise en location et de relocation sera plafonné. Ce plafond sera fixé en tenant compte des loyers habituellement constatés dans le voisinage pour des logements comparables. Toutefois, il est des endroits où cela sera insuffisant. Il faudra alors encadrer à la baisse. Dans les secteurs où les loyers de voisinage sont manifestement trop élevés au regard des capacités contributives des habitants, nous orienterons les loyers de relocation et de première location jusqu'à 20% de moins que les loyers alentour. Ces mesures, et la transparence qu’elles impliquent sur les loyers à pratiquer, permettront au locataire de contrôler et contester facilement un loyer excessif. 


Le PS a déclaré :  "Pour stopper l’envolée des loyers, nous plafonnerons leur montant de la première location ou à la re-location, notamment dans les zones de spéculation immobilière" Cette mesure n'est elle pas contre-productive pour le marché immobilier comme l'évoque Benoist Apparu ? 

L’encadrement des loyers est une proposition issue du projet socialiste plébiscitée par 86% des Français. Parmi eux, il y a aussi des propriétaires bailleurs ! L’encadrement des loyers permettra de raisonner et d’assagir le marché locatif. Il ne spoliera personne. Il est juste que les loyers demeurent compatibles avec les ressources de nos concitoyens, sans quoi nous n’aurons bientôt plus que des quartiers centraux ou commerçants réservés aux plus riches pendant que les classes moyennes et modestes seront renvoyées toujours plus loin, avec des temps de trajet toujours plus longs et une qualité de vie réduite de jour en jour. Sans parler des frais que cela occasionnera, par exemple en frais de transports ! Loger n’est pas spéculer et la grande majorité des propriétaires peut l’entendre. C’est cela une politique juste. 


Concernant le problème des chambres de bonnes soulevé par Michel Sapin et les pratiques abusives des propriétaires, pourquoi les sénateurs PS ont voté contre le projet de taxation sur les loyers abusifs des micros logements ?

Les loyers des micro-logements sont en effet scandaleusement prohibitifs. Ce sont surtout les jeunes qui en pâtissent alors qu’ils disposent de revenus faibles, qu’ils soient étudiants, apprentis ou jeunes actifs. Le gouvernement proposait une micro-taxe à micro-effets sur les loyers. Cette mesure sera inefficace dans la lutte contre les loyers chers que subissent nombre de nos concitoyens, et pas uniquement ceux qui habitent des chambres de bonne. Les sénateurs auraient sans aucun doute soutenu une taxe sur les loyers abusifs de l’ensemble des logements, y compris les meublés, sans surface minimum, par exemple à partir de 20 euros le mètre carré à Paris. Cet outil efficace n’a curieusement pas été proposé par le gouvernement…

Que pensez-vous des mesures évoquées par Benoist Apparu concernant la libéralisation du foncier existant et l'augmentation du nombre de logement en Ile-de-France notamment  ? 

Je rappelle que c’est le gouvernement qui a décidé du gel des aides au logement en cette année où les Français connaissent une précarisation croissante et où ils s’enfoncent dans l’incertitude quant à leur avenir. Je rappelle aussi que c’est l’actuelle majorité qui a, en dix ans, divisé par trois l’aide de l’Etat à la construction de logements sociaux.

Notre pays a besoin d’une politique de l’habitat refondée qui permette à chacun d’être logé, bien logé, sans se ruiner. Cela nécessitera la réalisation de 150 000 nouveaux logements sociaux par an mais aussi la création de logements à loyers intermédiaires ainsi qu’un soutien aux jeunes actifs primo-accédants dans leur aspiration à devenir propriétaires. Les dépenses nouvelles seront compensées par l’arrêt des dépenses inconsidérées et une association plus large à l’effort de solidarité en faveur du logement abordable : l’économie foncière et immobilière de même que les plus-values élevées seront mises à contribution. Enfin, tout avantage fiscal sera soumis à contrepartie sociale.


Propos recueillis pas Caroline Long

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