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En 2017, la doublure du costume présidentiel était déjà un gilet jaune
©LUDOVIC MARIN / AFP

Bonnes feuilles

Dans son ouvrage "Une colère française" (éditions de l'Observatoire), Denis Maillard décrypte une mutation récente, mais profonde, de la société française, pour tous ceux qui cherchent à la comprendre pour la domestiquer. Extrait 1/2

Denis Maillard

Denis Maillard

Philosophe politique de formation, Denis Maillard est le fondateur de www.temps-commun.fr, un cabinet de conseil en relations sociales. Il a publié en 2017 Quand la religion s’invite dans l’entreprise (Fayard).

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Notre hypothèse est inverse de celle de nombreux observateurs du mouvement des Gilets jaunes : ce n’est pas Emmanuel Macron qui a « tué » les corps intermédiaires, rendant ainsi le pays incontrôlable et presque ingouvernable durant ces mois de crise.

Au contraire, c’est parce que les corps intermédiaires – partis, élus, associations, syndicats et même journalistes  – n’étaient déjà plus ce qu’ils disaient être que cette mobilisation représente bel et bien le moment d’une bascule : elle est l’aboutissement d’une transformation de la société française la faisant entrer dans un autre moment de son histoire.

De ce point de vue, les Gilets jaunes ont fini de révéler ce qui n’était pas encore totalement perceptible en mai 2017. Cette révolte n’abat pas le « modèle français » des relations sociales, elle prospère sur ses décombres. Exactement comme Emmanuel Macron, un an et demi avant, avait prospéré sur la dépouille des partis politiques. Ainsi, une secrète coïncidence entre le locataire de l’Élysée et ceux qui le contestent apparaît aujourd’hui au grand jour. Et dès son élection, la doublure du costume du nouveau Président était déjà un gilet jaune…

Dans les pages qui vont suivre, c’est moins le mouvement des Gilets jaunes lui-même qui nous intéressera que ce qui l’a rendu possible, à savoir les mutations récentes de la société française. En effet, cet essai, rédigé par un observateur-praticien des relations sociales et de l’impact des évolutions sociétales sur les entreprises, a pour objectif de montrer en quoi les Gilets jaunes sont les ressortissants d’une nouvelle société, caractérisée avant tout par la transformation des relations sociales et des relations entre les individus eux-mêmes ; une société que d’autres avant nous ont baptisée « société de marché » et qui signe la fin de la social-démocratie. Les corps intermédiaires n’y prennent plus la forme de grandes associations ou de syndicats représentatifs, c’est-à-dire de collectifs organisés pour gérer la conflictualité sociale et négocier des compromis. En revanche, de nouveaux intermédiaires prospèrent, qui apportent à l’individu une aide, un service ou un mode d’emploi lui permettant de se débrouiller seul et d’accéder ainsi à sa pleine autonomie loin des organisations traditionnelles.

Dans ce véritable « nouveau monde », les conflits ne disparaissent pas, mais ils revêtent des formes beaucoup plus directes, imprévisibles et radicales comme l’ont montré les Gilets jaunes.  Une colère française, à cheval entre un mouvement de citoyens, de consommateurs, de contribuables et de travailleurs ; l’ensemble de ces termes étant presque synonyme, pour les révoltés. Mais à tous les niveaux, place est laissée à l’action directe  au détriment de la négociation.

Des événements nés en novembre-décembre 2018, des leçons vont devoir être tirées. Non dans le sens d’une disparition du syndicalisme, mais dans celui de sa transformation et de son adaptation aux nouvelles formes de relations sociales qui ont vu le jour dans notre pays depuis quelques années. Ce livre, qui prend le risque de penser au plus près de l’événement, est une invitation à cette métamorphose.

Extrait de "Une colère française" de Denis Maillard, publié chez les éditions de l'Observatoire.

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Une colère française

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