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Emmanuel Macron était pressé de surfer sur le succès des deux visites officielles (le roi Charles III et le Pape François) que la France a accueillies la semaine dernière.
Emmanuel Macron était pressé de surfer sur le succès des deux visites officielles (le roi Charles III et le Pape François) que la France a accueillies la semaine dernière.
©Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Communication à outrance

Pas sûr que les Français ont bien compris pourquoi Emmanuel Macron s’est invité dans les journaux de 20H dimanche soir, jour d’élections sénatoriales.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour quelles raisons prendre la parole hier soir ? Pour annoncer aux Français que pour compenser la hausse du prix des carburants, il renonce à instaurer le droit de vente à perte du carburant et qu’en guise de compensation les revenus les modestes pourront bénéficier d’un chèque annuel de cent euros ? Qu’il compte sur la bonne volonté des industriels pour obtenir une baisse des prix conséquente des produits alimentaires ? Ou encore qu’il espère trouver un compromis avec la droite pour le vote de la future loi « Immigration » ? Voire que la France va « rappeler » son ambassadeur au Niger que ce pays veut expulser, et qu’elle va retirer son contingent marquant ainsi la fin de la coopération militaire» ?

Emmanuel Macron était pressé de surfer sur le succès des deux visites officielles (le roi Charles III et le Pape François) que la France a accueillies la semaine dernière. Et derrière les « félicitations » adressées aux Français pour le bon déroulement de ces évènements, pointait une forme d’autocongratulation. Il était également impatient d’annoncer qu’« on va investir 40 milliards » pour la transition écologique « qui permettra à la France de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 », et que notre pays « sera parmi les premiers à sortir du charbon » en 2027. Les dernières centrales à charbon seront « reconverties à la biomasse ». Pour faire ces annonces, il n’a pas hésité à bousculer la tradition républicaine en intervenant un soir d’élections, en l’occurrence sénatoriales. Et, preuve supplémentaire de la maigre considération qu’il porte à l’évènement, Emmanuel Macron a parlé du renouvellement par tiers de la Chambre Haute, alors que le Sénat est renouvelé par moitié depuis 2011, conséquence de la réduction de la durée du mandat de sénateurs de neuf à six ans. Emmanuel Macron avait tant de choses à dire, tant d’arguments à avancer pour convaincre, (-par exemple que ce n’est pas l’Etat qui augmente les impôts, mais les communes, propos qui ont fait rugir les associations de maires ! ), que l’interview a souvent tourné au monologue, les deux intervieweurs ne réussissant pas à interrompre leur interlocuteur pour obtenir telle ou telle précision…

Les Français attendaient des réponses et des solutions à la question qui les préoccupe le plus, l’inflation…Elle pèse sur le prix des carburants , dont la hausse (deux euros voire plus, le litre), est certes due à l’augmentation du prix du pétrole, mais aussi  aux taxes (50% du prix du prix du litre à la pompe). Le gouvernement fera-t-il un geste, comme réclamé ici et là ? Non ! avait déjà dit Elizabeth Borne qui avait avancé l’idée d’autoriser la vente à perte. Face au refus cinglant des compagnies pétrolières, l’exécutif se rétracte… Impossible de baisser les taxes , avance à son tour Emmanuel Macron. Il veut investir quarante milliards pour la transition écologique qui permettra à terme de se passer des énergies fossiles et ce sont ces taxes qui vont la financer …Et en attendant la voiture électrique magique, ce sera  un petit chèque pour les petits revenus. En complément Emmanuel Macron avance « le prix coûtant » du carburant, déjà pratiqué occasionnellement par les grandes surfaces mais impossible pour les petites stations service ! Pour les prix alimentaires qui grèvent également les budget des ménages, le chef de l’Etat compte sur les négociations avec les industriels pour les faire baisser, avec une réduction des marges de ces derniers ,ce qui est là aussi loin d’être gagné. Reste une solution, l’augmentation des salaires. Cela n’a pas été explicité, mais Emmanuel a évoqué l’idée de « travailler avec toutes les branches qui ont un salaire minimum en-dessous du SMIC légal ». 

Quant à l’autre sujet brûlant du moment, la question migratoire, le chef de l’Etat a répondu au Pape François qui a appelé qui a appelé à un « sursaut contre l’indifférence » samedi à Marseille : « Le pape a raison d'appeler à ce sursaut contre l'indifférence », mais « nous Français, nous faisons notre part », a-t-il déclaré, reprenant les termes de Michel Rocard, « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». La situation est d’autant plus schizophrénique qu’Emmanuel Macron veut aider l’Italie : « On ne peut pas laisser l’Italie seule » (autrement dit accueillir des immigrés), en prônant des solutions européennes, alors qu’il  recherche un compromis avec la droite LR - le parti d’Eric Ciotti étant totalement opposé à la régularisation des immigrés clandestins qui travaillent - pour faire adopter la future loi. La partie promet d’être serrée, comme le sera la discussion budgétaire, le gouvernement étant pris dans l’étau entre la nécessité de réduire des déficits abyssaux et celle de compenser des inégalités sociales criantes.

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