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La gauche a-t-elle déjà 
gagné les législatives 2012 ?
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Tranxène

Si Nicolas Sarkozy est réélu en mai prochain, il est probable qu'il ait à composer avec une période de cohabitation dès le lendemain des législatives de juin. Tout porte à croire que cela rajoutera une nouvelle couche de confusion dans un pays qui n'en avait pas besoin.

Hash H16

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H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Horreur indescriptible chez les militants socialistes. L'impensable est arrivé. Malgré une presse largement acquise aux molles propositions de François Hollande, un sondage a placé Nicolas Sarkozy en tête au premier tour. Passé les premiers instants de stupeur, les aficionados hollandistes minimisent le résultat en notant que c'est le premier sondage qui indique une telle tendance et qu'après tout, en un mois, il peut encore se passer beaucoup de chose. C'est vrai. Mais le doute est instillé et on ne peut plus totalement écarter que Nicolas Sarkozy se fasse réélire.

J'ai bien conscience qu'en émettant l'hypothèse d'une réélection de Nicolas Sarkozy, je prends un pari risqué. Mais lorsque d'une part, on se rappelle les primaires socialistes et les échanges verbaux sans concession qui aboutirent à l'élection de François Hollande, et l'historique du candidat d'autre part, on comprend que même le premier tour ne sera pas gagné d'avance.

Si l'on y ajoute l'indécision chronique dont il fait preuve, la recherche presque pathologique d'un compromis aussi peu saillant que possible et des volte-faces stupéfiants d'impréparation, on comprend que les chances réelles du gagnant des primaires sont assez mitigées. Il ne faut pas prendre beaucoup de recul pour constater qu'en 2007, Ségolène Royal déclenchait sans mal plus de passion que ce que le capitaine de pédalo n'est capable de produire ; à ce petit jeu, le premier tour risque d'être fadasse pour Hollande.

Pourtant, la réélection de Nicolas Sarkozy n'est pas invraisemblable.Mais voilà : au soir du 17 juin 2012, le second tour des législatives vient d'avoir lieu. Quelle peut en être l'issue ? Autant pour le candidat à la présidentielle, l'hypothèse choisie peut sembler hardie, autant, en revanche, pour les législatives, le sort paraît déjà réglé : tout porte à croire que les élections législatives apporteront une nouvelle couche de confusion dans un pays qui n'avait absolument pas besoin de ça : le président, à peine réélu, devra composer avec une cohabitation.

Eh oui : comme on s'en rappelle, la vague rose a déjà débuté avec les élections régionales de 2010. La droite s'est retrouvée réduite à la portion congrue. Pendant ce temps, la décentralisation et l'explosion du nombre et de l'importance des collectivités territoriales ont achevé d'arrimer la gauche aux départements et aux régions.

Pendant que l'État national réduisait son périmètre, les administrations locales ont embauché à tour de bras et accru sans frein leurs dépenses sociales, en noyant les administrés dans des bains d'argent public emprunté. Les départements, les cantons, les villes et les régions ont toutes croqué à la facilité politicienne du calcul électoral facile : distribuer des subventions, des aides et des facilités, c'est s'assurer, d'une façon calme et sournoise, de votes favorables.

Ainsi, un élu local aura tout intérêt pour conserver son poste à faire dans le social, à distribuer les avantages, privilèges et prébendes. De droite comme de gauche, l’élu ne peut placer qu’un nombre limité de ses amis politiques à des postes sous sa responsabilité. En revanche, ceux qui bénéficient directement des aides sociales sont, traditionnellement, plutôt marqués à gauche, ce qui accroît mécaniquement l’emprise des syndicats, associations et électeurs de gauche autour de l’élu. Cet accroissement sera en outre d’autant plus fort qu’il agira en contre pouvoir des amis de droite placés par l’élu.

En outre, avec la perte des régions par la droite et les cinq années qui viennent de s’écouler sans élections législatives, les socialistes ont eu le temps de préparer longuement le terrain. La crise ajoute une dimension supplémentaire en augmentant le stress sur le corps social, stress pour lequel la gauche est régulièrement perçue comme mieux à même d’apaiser.

Autrement dit : non seulement la cohabitation est possible en cas de réélection sarkozienne, mais elle est en plus très probable.

Et dans cette hypothèse, Nicolas Sarkozy se retrouve à devoir piocher dans la nomenklatura socialiste de gauche pour son premier ministre. S'il est vraiment méchant, il pourra demander à Hollande, mais restons sérieux deux minutes : qui peut-il choisir ?

Martine Aubry ne semble pas avoir la carrure pour tenir ce rôle, pas plus que le frétillant Arnaud Montebourg, ou le porte parole Benoît Hamon : ces deux derniers sont trop jeunes, trop fous, trop manifestement acquis à une certaine frange alter-mondialeuse. Si Nicolas Sarkozy doit composer, il choisira probablement dans le viviers des socialistes les plus proches de ce qui lui tient lieu de convictions.

Manuel Valls ? Elisabeth Guigou ? Vincent Peillon ? On se perd en conjectures.

Quel que soit le choix de Nicolas Sarkozy à l'issu de ce funeste scrutin, la France sera dans l'impasse d'une cohabitation complètement contre-productive : avec des départements, des régions, un parlement, un sénat à gauche, le président sera seul, passé d'un omni-président vilipendé pour son pouvoir exorbitant à un mini-président purement accessoire.

Comme Jacques Chirac en son temps, il sera là pour les frais de bouche, le décorum et les babils de Giulia. La France, elle, continuera son chemin sur les voies déjà prises d'une sociale démocratie de plus en plus sociale et de moins en moins démocrate. Les créateurs de richesses continueront à fuir, le chômage d'augmenter, et la situation générale de se dégrader.

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