Doxycycline, le médicament vintage qui pourrait aider à lutter contre la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Des médicaments antirétroviraux contre le VIH sont exposés sur un stand à Abidjan, dans le cadre de la conférence ICASA (Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique).
Des médicaments antirétroviraux contre le VIH sont exposés sur un stand à Abidjan, dans le cadre de la conférence ICASA (Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique).
©SIA KAMBOU / AFP

Santé publique

Une nouvelle stratégie de prévention, avec la prise d’un antibiotique (la doxycycline), pourrait contribuer à la lutte contre la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles.

Stéphane Korsia-Meffre

Stéphane Korsia-Meffre

Depuis trente ans, Stéphane Korsia-Meffre se consacre à la diffusion de l’information médicale de référence auprès du grand public, des patients et des professionnels de santé. Vétérinaire et neurobiologiste, il a exercé sa mission au sein d’associations de patients en France et aux États-Unis (VIH/sida, hépatites virales, maladies rares, cancer colorectal) et de maisons d’édition médicale (Médiavita, Masson, Vidal). Il est enseignant vacataire au sein du DU de Médecine générale de l’université Sorbonne Paris Nord.

Voir la bio »

Atlantico :  Une nouvelle stratégie de prévention pourrait contribuer à la lutte contre la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles. Pourriez-vous nous expliquer en quoi elle consiste réellement ?

Stéphane Korsia-Meffre : Cette stratégie consiste en une prise unique, dans les 72h après un rapport sexuel, d'un antibiotique courant, la doxycycline, afin de réduire les risques de gonorrhée, de syphilis ou de chlamydia. Cet antibiotique est utilisé depuis des dizaines d’années. Cette prise préventive est associée à la vaccination contre la méningite (dont le germe est proche de celui de la gonorrhée) pour améliorer l'efficacité de ce traitement préventif.

L’idée d’un traitement antibiotique préventif contre les IST est né dans les années 1970, avant l'émergence du SIDA, principalement au sein des communautés gays américaines. À l'époque, certaines personnes avaient pour habitude de consulter un médecin le vendredi pour recevoir une injection d'antibiotique, afin de se protéger pendant le week-end. Ce qui est nouveau, ici, c’est la prise juste après le rapport sexuel et l’association synergique avec la vaccination contre la méningite.

Qu'apprenons-nous des études réalisées jusqu'à présent sur les avantages, les risques et les limites de ce traitement ?

Nous savons que la doxycycline après un rapport sexuel réduit d’environ 50 % les risques de gonorrhée, et de plus de 80 % ceux de syphilis ou de chlamydia. La vaccination contre les méningocoques améliore encore davantage cette efficacité contre la gonorrhée (avec environ 30 % de réduction supplémentaire du risque). À l'heure actuelle, ce traitement reste principalement intéressant pour les personnes ayant une activité sexuelle intense ou les travailleurs du sexe.

Bien qu'il n'y ait pas encore de recommandations de la Haute Autorité de santé à ce sujet, de nombreux centres de santé sexuelle ont déjà commencé à prescrire ce traitement. Il est évident qu'il doit être accompagné d'une sensibilisation du patient et, comme pour la PrEP (prévention du VIH/sida), un bilan bactériologique doit être effectué tous les trois mois à la recherche d’IST. Évidemment, cette nouvelle stratégie doit s’inscrire dans d’autres mesures de santé sexuelle : vaccination contre les hépatites et la variole du singe, PrEP, dépistage du VIH, etc. Il n'existe jamais de solution miracle en termes de santé sexuelle.

En ce qui concerne les effets indésirables et l'efficacité, y a-t-il une différence entre la prise avant exposition et la prise après exposition ?

Des études concernant une prise pré exposition n'ont pas été réalisées. Évidemment, le vaccin contre les méningites doit être administré au moins 15 jours avant un rapport pour être efficace. Sa durée d’efficacité est d’au moins 2 ans. Jusqu'à présent, les professionnels de santé privilégient la prise de doxycycline après exposition, afin d'éviter une prise potentiellement inutile en l'absence de rapport sexuel.

Les seuls risques sont l'apparition de souches résistantes. Il en existe déjà pour la gonorrhée vis-à-vis de la doxycycline (qui, du coup, n’est jamais traitée avec cet antibiotique), mais il ne faudrait pas qu'elles apparaissent pour la syphilis ou la chlamydia (cette dernière est souvent traitée à la doxycycline). Nous attendons les données issues des études pour déterminer si ce traitement préventif augmente le risque d’apparition de germes résistants à la doxycycline, mais les données préliminaires sont rassurantes.

Du fait de la prise unique, les effets indésirables de la doxycycline, assez mineurs, sont rarement observés dans ce contexte.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !