Dissolution des Soulèvements de la Terre : la vraie-fausse détermination du gouvernement <!-- --> | Atlantico.fr
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Gérald Darmanin va dissoudre ce mercredi en Conseil des ministres les Soulèvements de la Terre.
Gérald Darmanin va dissoudre ce mercredi en Conseil des ministres les Soulèvements de la Terre.
©Lou BENOIST / AFP

En même temps

Si la dissolution du mouvement va bien être effective ce mercredi, le gouvernement tient souvent un discours “en même temps” en entretenant la confusion entre défi climatique et anti-capitalisme.

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est juriste (facultés Saint-Louis-Université de Louvain), philosophe (facultés Saint-Louis-Université de Louvain) et docteur en théorie du droit (Paris IV-Sorbonne).

 
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Olivier Blond

Olivier Blond

Olivier Blond est conseiller régional, délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l'air et Président de Bruitparif.

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Atlantico : Gérald Darmanin va dissoudre ce mercredi en Conseil des ministres les Soulèvements de la Terre. Cette décision a-t-elle véritablement un sens, compte tenu de l’absence d’existence légale du mouvement ?

Drieu Godefridi : D’un strict point de vue juridique, vous avez bien sûr raison : on ne peut dissoudre, en droit strict, que ce qui juridiquement existe. Toutefois, le signal en l’occurrence est important, car il s’agit de la première association proto-terroriste écologiste dissoute, en France. Il reste à espérer que le gouvernement ne s’arrêtera pas à cette mesure symbolique, et que le droit anti-terroriste sera désormais pleinement appliqué à la nuée de groupuscules, cellules, associations et multinationales écologistes qui recourent à la violence. Y compris, bien sûr, Greenpeace.

Olivier Blond : Comme de trop nombreuses décisions de ce gouvernement, cette dissolution est plus un coup de communication qu’un acte décisif. Par ailleurs, les dissensions à l’intérieur de l’exécutif sur ce sujet font craindre un manque de résolution ou de constance.

Mais le problème déborde cette décision. Si l’organisation peut renaitre demain sous un autre nom, l’important est de mettre fin à la relative tolérance donc bénéficient les adeptes de la violence, quand bien même ils prétendraient agir au nom de la planète. L’exécutif prend des décisions, mais la justice applique les lois. Or, celle-ci a très régulièrement exonéré des militants, en regard de la cause qu’ils prétendent défendre.

L’Opinion a soulevé la grande opacité des financements des Soulèvements de la Terre. Si l’on ne fait rien contre ces financements, peut-on vraiment s’atteler au problème que représentent les Soulèvements de la Terre ? Ne risquent-ils pas, tant que l’argent peut leur arriver, de renaître sous d’autres formes ?

Drieu Godefridi : C’est un principe élémentaire de justice, et de bon sens, qu’on ne combat efficacement le terrorisme qu’en tarissant ses sources de financement. Il est donc crucial, de ce jour, d’ajouter au bonheur du monde (Camus) en nommant bien le terrorisme écologiste pour ce qu’il est : du terrorisme. Ceux qui financent ces actions de destruction, de sabotage, d’extrême violence, parfois homicide, doivent se voir appliquer les formes et catégories de la législation sur le financement du terrorisme. Le Parquet dispose largement des ressources, humaines et financières, qui lui permettent de mener ce combat nécessaire et juste.

Olivier Blond : C’est probablement ce qu'il va se passer. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas le faire. Les violence à Sainte-Soline, les armes saisies (haches, mortiers, boules de pétanques, etc), le nombre de blessés parmi les forces de l’ordre montrent le caractère violent de ce mouvement.

Lutter contre des organisations toxiques avec des outils financiers n’est pas nouveau. C’est le fisc qui a fait tomber Al Capone – arrêté pour fraude fiscale. Les polices du monde entier tentent de déjouer les réseaux du financement des islamistes ou des mafias. Si la gravité des faits reprochés aux extrémistes verts reste pour l’instant sans commune mesure, il est logique de s’intéresser à leurs financements. Il faut s’assurer qu’ils ne bénéficient d’aucun financement public, et donc d’aucun don défiscalisé (un don à une association est défiscalisé à 60%). Le point mériterait d’être vérifié si, comme le soutient L’Opinon, la fondation Danielle Mitterrand finance les Soulèvements.

De manière générale, les ONG écologistes – comme toutes les associations – sont extrêmement dépendantes de leurs sources de financement. Des fondations internationales riches et puissantes peuvent avoir un poids considérable, et une structure relativement méconnue comme European Climate Foundation qui verse des dizaines de millions d’euros par an peut ainsi structurer très fortement l’écosystème associatif.

Des parlementaires comme Genevieve Gaillard et Jean Marie Semmier ont déjà, il y a dix ans, publié un rapport d’information sur les modes de financement et de gouvernance des associations de protection de la nature et de l’environnement. Ils s’intéressaient davantage à la bonne gestion des associations qu’à leur relation avec des activités illégales, cette  forme de transparence est plus courante dans le monde anglo-saxon.

Surtout, y a-t-il véritablement un sens à cette décision quand on laisse leur argumentaire être repris politiquement sans contestation, (par la gauche écologiste bien sûr, mais aussi par les médias, et même par le gouvernement quand Elisabeth Borne légitime les actions d’alerte contre Total) ?

Drieu Godefridi : Il faut, je crois, distinguer la liberté d’expression, des actions terroristes. Plaider l’écologisme est légitime, au même titre que le socialisme, le libéralisme, les religions. Le problème naît de ce que l’écologisme est, par essence, une idéologie totalitaire qui légitime la violence la plus extrême, dès lors qu’il ne s’agit jamais que de légitime protection/réaction de Gaïa, l’Umwelt des Allemands, l’environnement, les ‘générations futures’ contre les déprédations de celui qui est perçu comme virus ultime : l’homme. On lit souvent que la frontière entre liberté d’expression et appel à la violence est ténue et qu’il serait, dès lors, malaisé de réprimer les appels à la violence sans attenter à la libre expression. Je ne le crois pas. Quand Sandrine Rousseau appelle à la violence politique, elle tombe sous le coup de la loi. On entend que la personnalité en question est ridicule, disqualifiée même au sein de la frange extrémiste de son propre parti. Tout cela est vrai. Mais ce type de personnalités n’en possède pas moins un ‘following’, une audience, dont certains sont tout disposés à passer et passeront à l’acte. Les appels à la violence doivent être réprimés sans barguiner. La place de Mme Rousseau est dans un tribunal, pour qu’elle y soit jugée et condamnée, avant qu’un autre Pim Fortuyn ne tombe sous les balles d’un(e) illuminé(e) écologiste d’extrême gauche. De ce point de vue, il me paraît maladroit de comparer Mme Rousseau avec une djihadiste. La comparaison serait plutôt avec ces imams extrémistes, parfois illettrés, qui distillent un discours de haine et de violence, et incitent au passage à l’acte, sans jamais passer eux-mêmes à l’acte.

Olivier Blond : Le mouvement écologiste est actuellement dominé, en tout cas dans son expression publique, par les extrémistes et des gens qui se servent de l’écologie pour lutter contre le capitalisme.

Les modérés qui les soutiennent expriment souvent soit une déception pour l’action légale, jugée insuffisante, soit une fascination romantique pour la radicalité. D’autres ne cachent pas qu’ils y voient une moyen de régler son compte au capitalisme.

Ces idiots utiles de l’extrémisme vert cautionnent ou encouragent ces exactions. Et cela s’inscrit dans l’histoire de la gauche qui a montré une tendance recurente à soutenir les totalitarisme. Un nombre incalculable d’intellectuels de gauche ont ainsi justifié, défendu ou même fait l’éloge du stalinisme, du maoïsme, du Cambodge de Polpot et même des ayatollah iraniens...  

De multiples raisons expliquent le relais que les Soulèvements trouve dans les médias. Certaines trouvent leur fondement dans la logique journalistique : Selon une phrase attribuée à Jean-Luc Godard, « L’objectivité à la télévision, c’est 5 minutes pour Hitler, 5 minutes pour les Juifs ». Il y a aussi des sympathies individuelles, le gout du sensationnalisme, et désormais la logique des réseaux sociaux (ou leurs algorithmes). Des réseaux comme « Médias citoyens » tentent de mettre au jour ces biais. Mais il faut se souvenir que le journal Le Monde a accusé Simon Leys de travailler pour la CIA, lui qui a été le premier en France à dénoncer les crimes du maoïsme, et que L’humanité ou Témoignage chrétien ont accusé Soljenitsyne de sympathie nazies quand il a dénoncé le goulag.

Si l’on veut véritablement lutter contre les Soulèvements de la Terre ne faut-il pas, d’abord, cesser de tolérer la fausse équation qui consiste à dire que sauver la planète passe par dissoudre le capitalisme et plus largement par les discours anti-science ?

Drieu Godefridi : L’écologisme est aujourd’hui une religion, et l’UE est son clergé. Il est de vérité historique que seuls les régimes démocratiques et libéraux se soucient de cet objectif légitime et souhaitable qu’est la recréation constante de l’équilibre délicat et instable entre l’homme et son environnement. Les régimes communistes du siècle dernier, par exemple, se souciaient de l’environnement comme d’une guigne et se sont distingués par leur rapport purement prédateur, de vandales obscènes, à la nature. De nos jours, la dictature chinoise ouvre de nouvelles centrales à gaz toutes les semaines, et revendique des priorités nombreuses, notamment géopolitiques, toutes étrangères à la préservation de l’environnement. D’un strict point de vue rationnel et scientifique, l’évidence est robuste qui indique que seuls les régimes démocratiques et libéraux sont à même d’intégrer de façon active et efficace l’objectif de valorisation de l’environnement. Les écologistes apparaissent ainsi comme l’un des principaux obstacles sur le chemin des adaptations nécessaires, notamment technologiques, aux évolutions climatiques. Leur fureur, haine corse et purement idéologique, contre le nucléaire en atteste. En Allemagne comme en Belgique — en France leur projet aura finalement, Dieu merci, échoué ! — les écologistes ont ainsi forcé le remplacement de centrales nucléaires qui n’émettent pas de CO2 par des centrales au gaz (Belgique) au gaz et au charbon (Allemagne) massivement émettrices de CO2. On ne saurait mieux dire le caractère d’injure à la raison de l’écologisme contemporain.

Olivier Blond : En démocratie, il faut défendre la liberté de dire des âneries. Et il faut mener un combat politique pour prouver leur inanité.

Sur l’écologie, l’enjeu du débat porte sur la meilleure manière de protéger notre environnement et non pas sur la nécessité de le faire. Passer de la critique à l’action permettra de dévoiler l’inanité des extrémistes qui prétendent décarboner notre société mais ne veulent pas de nucléaire, et qui prétendent lutter contre le tout-voiture mais s’opposent au tunnel Lyon-Turin….

Ils nourrissent de l’impression qu’il n’existe aucune alternative mais en France, comme ailleurs, les élus de terrain, les entrepreneurs, et même d’autres associations portent des  alternatives. Mais il faut faire entendre cette écologie des solutions et ces voix dissonantes. Pour citer Alexandre jardin, qui a quelques années, avait lancé un mouvement des zèbres : « Sur aucun plateau télévisé, on ne voit s’affronter des praticiens de gauche et de droite pour proposer des pratiques innovantes et des tactiques de changement. Que cette confrontation pratico-pratique vienne ! Ras-le-bol des rhéteurs, des amateurs de valeurs, des goinfres de slogans. » Les actes convaincront mieux que les mots.

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