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Des opposants à Bachar El-Assad combattants de la liberté… ? Un rapport d'Amnesty international fait voler en éclat nos mythes sur les "gentils" rebelles syriens soutenus par les Occidentaux
©Reuters

Sac de noeuds

Alors que la France soutient la rébellion contre le régime de Bachar el-Assad en Syrie, un rapport d'Amnesty International met en cause plusieurs de ces groupes rebelles, allant même jusqu'à parler de crimes de guerre.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Un rapport qui tombe mal pour les gouvernements occidentaux, dont la France, qui continuent d'aider en sous-main en Syrie les groupes rebelles islamistes autres que Daesh, y compris le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda. Le Front Al-Nosra avait pourtant été condamné au même titre que Daesh par la résolution 2253 du Conseil de sécurité du 17 décembre 2015.

L'obsession de renverser le gouvernent Assad, toujours tenu pour l'ennemi numéro un, les a conduits depuis cinq ans à livrer des armes et à entraîner différents groupes rebelles islamistes tenus pour démocrates, un qualificatif dont personne n'est dupe.

Après avoir largement dénoncé au cours des dernières années le gouvernement officiel, Amnesty international vient de publier un rapport accablant sur cinq de ces groupes armés choyés par les Occidentaux, actifs dans les régions d'Alep et d'Idlib depuis 2012 : le Mouvement Nour al Dine Zinki, le Front al Shamia et la brigade 16, qui ont rejoint la coalition de groupes armés "Conquête d’Alep" (Fatah Halab) en 2015, ainsi que du Front Al-Nosra et le Mouvement islamique Ahrar al Sham à Idlib.

"Certains groupes armés non étatiques définissent leurs propres systèmes judiciaires fondés sur la charia (loi islamique) dans les zones qu'ils contrôlent, et mettent sur pied des forces de police et des centres de détention non officiels. Ils nomment également des juges, dont certains ne connaissent pas la charia (...)".

Le rapport recense 24 cas d'enlèvements par des groupes armés. "Parmi les victimes figurent des militants pacifiques et même des mineurs, ainsi que des membres de minorités pris pour cibles uniquement en raison de leur religion (entendons des chrétiens)". Ces enlèvements sont généralement suivis de torture ou d'exécutions.

On apprend aussi que la "Nouvelle armée syrienne", de la même mouvance anti-Assad, anti-Daesh, supposée non islamiste, formée en Jordanie par les Américains et les Britanniques, vient d'être taillée en pièces par Daesh à Boukamal (frontière irakienne).

L'obstination des gouvernements occidentaux à soutenir ces groupes tout aussi criminels que Daesh (sans le revendiquer, Al-Nosra s'est réjoui de l'attentat de Paris du 13 novembre dernier) résulte de la volonté des Etats-Unis de contrer la Russie et a pour effet de prolonger la guerre, avec les immenses souffrances qu'elle entraîne pour les populations, particulièrement les chrétiens que les groupes islamistes ont pour cible. Et le flux de réfugiés continue.

S'agissant de ces groupes que nous aidons ou avons aidés, Amnesty International va jusqu'à les accuser de crimes de guerre, ce qui laisse supposer que les gouvernements qui les soutiennent sont complices des mêmes crimes.

Cette politique, peu connue du grand public et particulièrement scandaleuse, est mal vécue par tous ceux qui ont à cœur le sort des chrétiens d'Orient, que la France se faisait depuis des siècles un point d'honneur de protéger. Une obligation à laquelle même le gouvernement du petit Père Combes se sentait lié et qui se trouve bafouée depuis cinq ans.

L'aide française aux mouvements djihadistes (puisque il faut les appeler par leur nom) est coordonnée depuis cinq ans, de l'Elysée, avec un zèle particulier, par le général Bruno Puga, chef d'état-major particulier du président de la République. Nommé par Nicolas Sarkozy, il a été, de manière tout à fait exceptionnelle, probablement sur demande de l'OTAN, maintenu en place par Hollande.

Libéré de ses fonctions depuis le 1er juillet, il est pressenti pour être nommé Grand Chancelier de l'Ordre de la Légion d'honneur, une nomination habituellement consensuelle mais qui, en l'espèce, suscite déjà des murmures. Il n 'est pas impossible que, si elle était confirmée, la politique de la France en Syrie se trouve sous le feu des projecteurs, ce qui ne ferait pas forcément l'affaire de ses promoteurs.

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