Derrière les Corans brûlés en Scandinavie, la main de puissances étrangères cherchant à déstabiliser l’Occident ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Momika a brûlé quelques pages d'un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm.
Momika a brûlé quelques pages d'un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm.
©JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Téléguidé ?

Des vidéos de Momika en Irak ont émergé, montrant qu'il avait été membre d'une milice irakienne pro-iranienne.

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est juriste (facultés Saint-Louis-Université de Louvain), philosophe (facultés Saint-Louis-Université de Louvain) et docteur en théorie du droit (Paris IV-Sorbonne).

 
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1- Des révélations ont été communiquées dans la presse sur l’homme qui a brûlé un Coran en Suède. Il n'est pas d'origine suédoise et n'est pas un citoyen suédois. Pourtant, la chose la plus importante pour lui semble être de lier la Suède à ses incendies coraniques en arborant le drapeau suédois lors de ses actions. Que sait-on de cet individu ? Qu’est-ce que cela nous dit de l’influence étrangère à travers cette action spectaculaire ?

Salwan Momika est un homme irakien se disant chrétien et qui est arrivé en Suède en avril 2018 en tant que candidat réfugié. Le 28 juin 2023, il a brûlé un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm, le premier jour de la fête musulmane de l'Aïd. Cette action a suscité des réactions de colère parmi les musulmans.

Momika avait filmé la scène et avait également placé des tranches de jambon sur le Coran, un acte considéré comme "islamophobe" par le ministre suédois des affaires étrangères. Il avait demandé l'autorisation aux autorités suédoises de mener à bien cette action, et bien que la police l'ait initialement interdit, un juge lui a accordé le droit de continuer en invoquant les principes de liberté d'expression en Suède.

Des vidéos de Momika en Irak ont émergé, montrant qu'il avait été membre d'une milice irakienne pro-iranienne accusée de crimes de guerre. Ces vidéos ont circulé parmi la communauté irakienne immigrée et réfugiée en Suède.

Momika se décrit comme un "athée et homme politique éclairé, penseur et auteur" sur Facebook, mais toutes ses activités sur les réseaux sociaux ont été créées après avoir obtenu le statut de réfugié en Suède.

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Il a été révélé qu'il avait des liens avec un parti ultranationaliste suédois et avait cherché à obtenir la citoyenneté suédoise, mais sa demande avait été refusée en raison de ses antécédents criminels et de la situation sécuritaire de son pays d'origine.

Momika a nié avoir des liens avec les forces de mobilisation populaires irakiennes, mais des preuves vidéo ont été diffusées en ligne montrant le contraire. Il a également exprimé son intention de répéter ses actions en brûlant le drapeau irakien et le Coran devant l'ambassade irakienne à Stockholm.

Les autorités suédoises ont refusé de fournir des informations sur les raisons pour lesquelles Momika a reçu l'asile en Suède, et il fait actuellement l'objet d'une enquête pour "incitation à la haine".

2- Qui parmi les puissances étrangères pourrait avoir intérêt à ce genre d’actions ? (Pour mieux dénoncer l’islamophobie de l’Occident)

On connaît assez le mépris que je voue à toute forme de pensée complotiste pour m’y essayer sur ce sujet. Le vrai est qu’à l’heure actuelle, on n’en sait rien. Taxer l’Occident d’islamophobie est le fait d’un grand nombre de régimes musulmans, mais également d’organisations islamistes haineuses telles les Frères musulmans. Concernant plus spécifiquement la Suède, sa soi-disant ‘islamophobie’ est en ligne de mire de la Turquie depuis que la Suède a sollicité son entrée dans l’OTAN. Il faut espérer que le gouvernement suédois, à majorité de droite, communiquera rapidement des informations plus précises sur les motivations réelles de ces provocations stériles.

3- Ce type d’actions spectaculaires et très fortement médiatisées visent-elles à fragiliser les valeurs occidentales et fracturer l’Occident ?

Il est assez évident que brûler des Coran n’est pas de nature à apaiser les tensions entre certains secteurs des communautés musulmanes d’Europe et la majorité de nos populations. Je pense néanmoins qu’il ne faut pas leur donner une portée trop grande. Il est fort possible que M. Salwan Momika ait agi seul, sans commanditaire. Le vrai sujet, en l’espèce, me paraît une nouvelle fois l’infini laxisme des autorités européennes. Quand un individu se voit reconnaître l’asile, le moins que l’on puisse en attendre est de ne pas jeter dans l’heure des hectolitres d’essence sur le feu des relations internationales du pays qui l’accueille. Cette injure faite à la Suède devrait valoir expulsion immédiate et bannissement à vie du territoire européen. Ce qui pose alors la question du sort de la Cour européenne des droits de l’homme et sa jurisprudence de facto ‘open borders,’ qui va chercher au-delà du laxisme et de l’extrémisme, une sorte d’anarchisme institutionnalisé. Vastes débats !

4- Quels sont les principaux autres pays à mener de telles actions ? La Chine, la Russie ou des pays du Moyen-Orient sont-ils adeptes de ces méthodes ?

La Chine et la Russie interviennent constamment dans les processus d’information, en Occident. La Russie ne s’en cache pas. Je renvoie à notre entretien récent sur le cas de la Chine. Des pays arabo-musulmans ont leurs entrées permanentes au sein des institutions de l’Union européen, dont la récente enquête du juge Claise a montré l’étendue de la corruption. La liberté d’expression est vitale ; elle est le sel et le sang de la civilisation occidentale. Je n’ai aucun problème de principe avec la soi-disant islamophobie et le rejet de toute religion et secte. Mais nous devons cesser la naïveté dans les relations internationales. Nos voisins ne nous veulent pas tous du bien. Il est temps de retrouver le sens de la pugnacité et, au besoin, de la force. Il n’appartient pas à un réfugié qui s’exprime comme l’innocent d’un village de décider du sort des relations internationales de la Suède.

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