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De la nécessité de permettre à chaque Français de choisir son assurance maladie
©Reuters

Bonnes feuilles

Face au vide laissé par une gauche décomposée et une droite bonapartiste sans idée, une nouvelle génération se lève qui ne croit plus en l’homme providentiel, au modèle unique, à la préservation d’acquis anciens. Elle a l’énergie, les idées et une vraie capacité d’adaptation au monde qui s’ouvre à elle. Extrait de "Le grand contournement", de Aurélien Véron, publié aux éditions Temporis (2/2).

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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L’assuré doit comprendre que si la santé n’a pas de prix, elle a un coût. Qui, aujourd’hui, connaît le tarif réel d’une journée d’hospitalisation ou d’une radio du crâne ? La généralisation des tickets modérateurs et la gratuité de nombreux soins renforcent cet aveuglement collectif. Aller chez un médecin conventionné coûtait moins cher qu’une coupe chez un coiffeur. Avec le tiers payant, ce sera moins coûteux qu’un café au café du coin de la rue. Une industrie qui pèse 12% du PIB et emploie 2,5 millions de personnes ne peut continuer à échapper aux règles du marché sans engendrer des pénuries et des déséquilibres financiers croissants. L’assuré est de moins en moins responsabilisé par sa propre santé alors qu’elle dépend avant tout de son comportement au quotidien : alimentation, activité physique, hygiène de vie… Nous devons au contraire lier les soins à leur financement. Le fait subir le monopole actuel de la sécu limite notre prise de conscience qu’une telle couverture n’est pas anodine et entraîne des obligations. C’est pourquoi nous devons l’ouvrir à la concurrence des assureurs et des mutuelles. Après tout, personne n’imagine la disparition de la concurrence dans l’assurance habitation qui couvre pourtant des risques majeurs.

Choisir son assurance aide à comprendre que les soins exigent du personnel qualifié correctement rémunéré et les nouvelles technologies, des investissements lourds. Un monopole ne favorise clairement pas une répartition optimale des ressources, ni la diffusion des innovations, ni la mise en oeuvre des meilleures pratiques issues de l’émulation. Ce n’est pas un hasard si le secteur français de la santé figure parmi les plus onéreux d’Europe. Certes pour une qualité des soins élevée, mais pour encore combien de temps ? De nombreux hôpitaux traversent de graves difficultés financières, avant même que les emprunts toxiques ne viennent s’ajouter à leurs difficultés. Leurs personnels médicaux sont pourtant bien mal rémunérés. Ni le monopole de la sécu, ni l’arbitraire du ministre de la santé ne parviennent à faire reculer les déserts médicaux. Des assurances concurrentielles auront tout intérêt à soutenir les structures légères de soin et la médecine ambulatoire – éventuellement ambulante dans les zones reculées, rurales ou en montagne - et à faire jouer la complémentarité entre cliniques privées, hôpitaux et petites structures gravitant autour d’eux afin de mutualiser les investissements lourds dans les nouvelles technologies médicales.

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Le recours aux médecins étrangers illustre bien les limites du numérus clausus des facultés de médecine. Nous ne disposons pas du budget pour former davantage de médecins. Ce n’est pas la seule conséquence de la gratuité des études, elle aboutit aussi à une gabegie incroyable comme l’atteste Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins. Sur les 20 000 étudiants entrés dans la filière de médecine générale en 2008-2014, 15 000 ont disparu des écrans radars 89.. Pour chacune de ces 15 000 personnes qui ne soigneront pas en France au terme de leur scolarité, ce sont 9 à 10 années d’études pointues financées intégralement par la collectivité qui partent en poussière. Il serait temps de faire porter ce coût à ceux qui se forment, en échange de rémunérations plus élevées pendant leurs stages et d’une aide au crédit pour la suite. C’est le seul moyen de les responsabiliser sur ce choix qui les engage.

Pourquoi ne pas réorganiser l’assurance maladie en substituant deux grands piliers assurantiels obligatoires et concurrentiels à l’assurance maladie actuelle et la complémentaire quasi obligatoire ? Le premier couvrirait l’ensemble des pathologies lourdes et des soins obstétriques. Le second, les visites médicales et les soins courants, rhume, grippe ou gastro par exemple. Chaque Français aurait l’obligation de choisir un assureur pour ces deux risques. La solidarité nationale viendrait en aide à ceux qui n’en ont pas les moyens, sous la forme d’un chèque santé en remplacement de la CMU actuelle. Les assurés actuels resteraient couverts par l’assurance maladie par défaut. Cette concurrence encadrée devrait bien entendu interdire aux assureurs de sélectionner leurs clients en fonction de leur profil de risque. Ils pourraient en revanche proposer en option un troisième pilier améliorant la couverture d’ensemble, comme les complémentaires actuelles (meilleurs plafonds de remboursement, extension à des soins non couverts par les deux premiers piliers). Un système similaire souple, performant et individualisé a permis aux Pays- Bas de redresser leur système de santé qui déclinait lui aussi au début des années 2000. Pourquoi pas nous ?

Extrait de "Le grand contournement", de Aurélien Véron, publié aux éditions Temporis, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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