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Dans les coulisses de la bataille au couteau pour construire l’ascenseur le plus rapide du monde
©Capture

Citius, altius, fortius

Le boom immobilier chinois a créé un boom dans le secteur des ascenseurs. Mais plus dure sera la chute...

Les hommes transforment tout en compétition, en concours pour savoir qui a le meilleur, le plus beau, le plus rapide. Ainsi…des ascenseurs.

Depuis plusieurs années, les ascenseurs battent des records de vitesse. Le plus rapide, construit par Mitsubishi, se trouve dans la Shanghai Tower, le nouveau gratte-ciel clinquant de la ville du Sud-Est chinois, et sa vitesse record est de 20,5 mètres par seconde, soit 74 km/h, assez impressionnante.

Le record fut brièvement battu par Hitachi, le grand rival de Mitsubishi, avant que Mitsubishi ne reprenne les devants.

Construire ces ascenseurs ultra-rapides coûte énormément d'argent. Il faut les tester dans des grandes tours construites juste pour cela. Ils doivent être pressurisés, rappelle le Washington Post.

Pourquoi cette concurrence féroce depuis quelques années ? Que se passe-t-il ?

En un mot : la Chine.

Les ascenseurs du Burj Khalifa de Dubaï, le gratte-ciel le plus élevé du monde, sont deux fois plus lents que ceux de la Shanghai Tower. L'ascenseur le plus rapide en Occident, dans le 1 World Trade Center de Manhattan, va à une piètre vitesse de 37 km/h. Sur les 10 ascenseurs les plus rapides au monde, 5 sont en Chine.

Depuis deux décennies, la Chine s'urbanise à une vitesse aussi élevée que celle de ses ascenseurs, et ses ambitions géopolitiques et économiques créent une grande demande de gratte-ciels pharaoniques. Il y a plus de 4 millions d'ascenseurs en Chine aujourd'hui—plus de quatre fois le nombre aux États-Unis. Il y a une décennie, il y en avait 700 000. 60 à 80% des nouvelles installations d'ascenseurs se font en Chine, selon diverses études. Le deuxième marché au monde, l'Inde, fait moins d'un dixième de la taille de la Chine. La Chine, c'est l'Eldorado de l'ascenseur.

Mais tout ne va pas bien dans l'Eldorado. Le boom de nouvelle construction en Chine doit bien arriver à un moment, au fur et à mesure que le pays s'industrialise. Depuis plusieurs années, la croissance chinoise ralentit. Tout le monde attend l'explosion de ce qui ressemble beaucoup à une bulle immobilière.

La demande baisse, et les leaders occidentaux du marché ont plus de capacité industrielle que de contrats, alors même que de nouveaux entrants chinois prennent des parts de marché dans le segment bas-de-gamme. Ce qui explique que la concurrence est de plus en plus brutale. Et qui explique aussi l'envie de se démarquer de la compétition, par exemple en gagnant des records de vitesse en ascenseur.

Aussi vite que le boom de l'ascenseur rapide est arrivé, aussi vite il pourrait s'arrêter. Le coréen Hyundai vient d'annoncer le projet de créer un ascenseur allant à 80 km/h. Mais pour avoir un ascenseur ultra-rapide, il faut un gratte-ciel où le mettre, et ces projets en Chine commencent à s'essouffler.

Lorsqu'on visite la Shanghai Tower, les touristes sortent leurs appareils photo en entrant dans l'ascenseur. Peut-être ne visitent-ils pas un monument de l'avenir, mais du passé.

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