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Cristallisation en tête des sondages mais inflexion de l’humeur médiatique : où en est vraiment la dynamique Macron ?
©PATRICK KOVARIK / AFP

En marche arrière ?

Le ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron semble porter préjudice au candidat d' "En Marche!", aussi bien auprès de l'opinion publique que de la sphère médiatique.

Feryal  Larabi

Feryal Larabi

Feryal Larabi est en charge des analyses politiques au sein de Bloom.

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David Desgouilles

David Desgouilles

David Desgouilles est chroniqueur pour Causeur.fr, au Figaro Vox et auteur de l'ouvrage Le Bruit de la douche aux éditions Michalon (2015).

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Atlantico : Aujourd'hui, observez-vous une évolution des tendances pour Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux et sur Internet de manière générale ? Comment peut-on interpréter ce qui peut apparaître comme étant des signaux faibles ? Peuvent-ils être révélateurs d'un inversement des tendances ?  

Feryal Larabi : Nous observons une augmentation de l’audience d’Emmanuel Macron sur le web depuis le premier débat du 20 mars où il est parvenu à séduire les internautes. Mais avec Bloom, nous allons plus loin en analysant les émotions que suscitent les candidats sur le web car l’audience peut être négative comme positive. Et nous constatons une augmentation de la confiance autour d’Emmanuel Macron, qui est passe de 44% à 48% la semaine dernière. Néanmoins, la colère est également croissante et atteint les 20% depuis le ralliement de Manuel Valls. Ce soutien est devenu un argument à fort potentiel que les détracteurs utilisent afin de prouver aux nombreux indécis que le candidat d’En marche est l’héritier de François Hollande. 

Le deuxième débat représente donc un enjeu crucial dans la campagne d’Emmanuel Macron, il ne doit plus séduire mais convaincre avant que cet argument s’installe et que la tendance s’inverse. Et celui qui en bénéficiera le plus est très certainement Jean-Luc Mélenchon, qui confirme de jour en jour sa place dans cette course à la présidentielle, en tout cas sur internet.

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Au début de l'année 1995, Edouard Balladur apparaissait comme le grand favori de la présidentielle, aussi bien dans les sondages que dans les médias, face à Jacques Chirac. Pourtant, au fur et à mesure des semaines, l'engouement médiatique à son égard a fini par retomber, pour aboutir finalement à sa défaite à l'issue du scrutin. Que s'est-il passé ? Quelle comparaison pourrait-on établir avec l'essouflement médiatique que semble commencer à connaître aujourd'hui le candidat de "En Marche !" ?

David Desgouilles : Il y a une différence de temporalité entre la situation actuelle et celle de 1995, puisque les courbes de Jacques Chirac et d’Edouard Balladur s’étaient croisées plus tôt. En avril 1995, Jacques Chirac était alors devant Edouard Balladur. Toutefois, dans les quinze derniers jours de la campagne – et nous y arrivons – Edouard Balladur était un peu remonté, ce qui avait inquiété alors Jacques Chirac. Cette légère hausse était consécutive à un recentrage de Jacques Chirac notamment sur les questions européennes.

Dans le cas actuel, certains médias semblent s’apercevoir qu’ils en ont peut-être un peu trop fait avec Emmanuel Macron.  Des enquêtes commencent à être menées, des interrogations suscitées quant au résultat que pourrait produire l’hétérogénéité de ses soutiens.

Edouard Balladur a lui aussi, au cours de sa campagne, vécu cette bascule du doute de la part de la sphère médiatique. En janvier 1995, lors de ses vœux à la presse, il avait affirmé que globalement, il n’avait pas trop à se plaindre des journalistes. Uns scène assez surréaliste qui a créé un certain électrochoc chez certains qui ont dû se dire qu’ils en faisaient peut être trop à son égard. Ensuite est survenu, fin janvier, le discours de Philippe Séguin à Bondy au cours duquel il avait fait comprendre qu’Edouard Balladur était déjà élu, encensé, et donc qu’il n’y avait plus qu’à circuler car rien à voir. Ce moment très fort dans la campagne d’Edouard Balladur a constitué le point de bascule. Parallèlement, les Guignols de l’Info ont joué un rôle en défendant alors le plus faible face au plus fort, insistant sur les histoires de trahison entre les deux candidats, ce qui a pu jouer un rôle de révélateur à ce moment-là. Ensuite, voyant les sondages de plus en plus défavorables à Edouard Balladur, les médias ont accentué leur mouvement de retournement, mais bien plus tôt que maintenant puisque c’était en février.

Si l’on établit une comparaison en termes de dynamique avec la situation que semble connaître Emmanuel Macron, il convient de se poser la question du troisième homme dans le cas actuel : en l’état, celui qui occupe cette position est dans une posture plutôt délicate. Il se pourrait même qu’il puisse être devancé par Jean-Luc Mélenchon. Dans ce cas, il peut y avoir une autre dynamique et une surprise incroyable, un duel Mélenchon-Le Pen qui provoquerait une panique médiatique pour le moins distrayante : comment se positionneront-ils alors ? En effet, qui peut battre un candidat de la frontière si ce n’est un autre candidat de la frontière ?  

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