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LA bonne idée pour créer sa boîte
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Ma retraite a 29 ans

Pour Nicolas Trüb, la création d'entreprise est à la fois une pulsion de vie et un véritable engagement politique contre l'absurde et l'inertie. Mais avant de se lancer, il faut l'idée... Extraits de "Ma retraite a 29 ans" (1/2).

Nicolas Trüb

Nicolas Trüb

Détenteur d'un DEA de Sciences physiques et d'un diplôme d'ingénieur, Nicolas Trüb est également professeur vacataire au sein du Groupe ESIEE (École d'ingénieurs des sciences et technologies de l'information et de la communication) en algèbre, physique, et entreprenariat.

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Dans l’imagerie populaire, largement véhiculée par la presse chargée de transformer la frustration des citoyens-salariés en magazines à 4,50 euros, le point de départ de toute création d’entreprise est une idée spectaculaire. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de vérifier le contraire : une bonne idée est une idée qui ne se voit pas. C’est une règle paradoxale qui connaît peu d’exception. Dès lors qu’un client potentiel examine votre produit et vous déclare « c’est une bonne idée », vous pouvez être absolument sûr qu’il ne vous achètera jamais ce produit. Il se cantonnera au rôle d’observateur amusé : un client n’achète jamais une idée en tant que telle, il achète un produit, ou un service qui lui semble être conforme à la perception qu’il a de son intérêt.

D’ailleurs, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise idée, il n’y a que des idées qui ont été testées, et d’autres non. Le boulot de l’entrepreneur est donc de trouver le moyen de tester ses idées pour le coût minimum, dans le temps minimum et dans les conditions les plus vraisemblables possible. Son but permanent est de se tenir à l’écart des vues de l’esprit : on ne voit pas bien avec l’esprit, d’ailleurs il ne sert pas à ça. Comme Sophocle le formulait déjà bien avant l’invention du pistolet à gaufres, il nous faut régulièrement désintellectualiser notre appréciation du monde réel en confrontant en permanence nos conjectures à cette réalité : « L’homme est devenu savant grâce aux ressources de ses techniques procurées par la main. » L’idée brillante ne peut naître que dans ces conditions. Elle est anti-idéologique par construction, l’idéologie se définissant par cet amalgame de pensées « sourdes aux complexités du réel », suivant la formulation de l’oncle Paul-François.

Il me semble réaliste de déposer des marques et des modèles, ou au moins de marquer l’antériorité de votre idée pour qu’on ne vous accuse pas de l’avoir piquée. Ceci peut être fait sur Internet pour 10 euros par dépôt, ou 15 euros par enveloppe Soleau, sorte de ceinture de chasteté délivré par l’INPI. Pour une marque, déposez juste l’URL (dans une adresse Internet, c’est le nom qui se glisse entre www et .com) de la marque géniale que vous avez trouvée sous la forme www.mamarquegeniale.com. Il vous en coûtera 12 euros par an : un rapport qualité/prix imbattable. Vous déposerez votre marque pour de vrai quand vous serez riche. (…)

On peut toujours copier votre idée, ou croire la copier, mais l’énergie que vous lui accordez, l’intelligence avec laquelle vous dialoguez avec vos clients et vos fournisseurs, la subtilité de l’organisation que vous mettez au service de cette vision, elles, sont inimitables. Et il est très légitime de créer une entreprise simplement parce qu’un jour on a cherché un produit ou un service et que l’on ne l’a pas trouvé.

La beauté et la performance du geste créatif n’ont pas seulement pour objet le produit ou le service proposé par votre entreprise mais bien son fonctionnement tout entier.

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Extraits de Ma retraite à 29 ans (im)précis de création d'entreprise à l'usage du salarié, MICHALON (septembre 2011)

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