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COVID-19 : la quatrième résurgence va-t-elle nous submerger ?
©Philip FONG / AFP

Impact économique de la pandémie

Face à la hausse du nombre de cas de Covid-19 à travers la planète, la crainte d'un plongeon de l'économie mondiale perturbe les marchés financiers.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Quatrième résurgence ? Oui, la première, lointaine et presque oubliée, vient de Chine en Janvier, puis vient l’Europe en mars avec les États-Unis, puis s’ajoutent l’Inde et l’Afrique, puis, quatrième, revient l’Europe. C’est là le risque majeur : celui que l’économie mondiale replonge, l’Europe surtout. Sur les 7 derniers jours, l’Europe avec 7% de la population a 65% des nouveaux cas et les États-Unis 16% de nouveaux cas, avec 4% de la population (Source : Saul Eslake, Corinna Advisory).

La quatrième résurgence mondiale, en nombre de cas par jour, lissé sur sept jours

Le total de cas de COVID-19 dans le monde dépasse 46 millions et celui de décès 1,2. La résurgence européenne se manifeste ainsi par la cinquième place de la France par le nombre total de cas (1,3 million), derrière les États-Unis (9,3), l’Inde (8,2), le Brésil (5,5) et la Russie (1,6). Malgré tous les signaux d’alerte, la France enregistre ainsi 49 215 cas le 30 octobre (source Worldometer), sachant qu’une personne contaminée peut encore en contaminer 1,3 si elle ne prend aucune précaution. C’est évidemment mieux que 1,5 il y a quinze jours, mais c’est évidemment trop. La pandémie ne peut s’arrêter qu’avec un taux très nettement inférieur à 1, plutôt 0,2, nous en sommes loin !

L’économie française va replonger : moins de croissance en fin d’année, sans nette baisse des cas d’infection. Certes, au troisième trimestre 2020, le PIB a rebondi de 18,2% après une baisse de 13,7% au deuxième, mais ceci ne suffit pas. Le PIB demeure ainsi, actuellement, en dessous de 4,3% par rapport à son niveau d’avant-crise. Avec le confinement actuel, c’est une baisse supplémentaire qui est en cours, d’autant plus que rien n’indique que ce nouveau confinement sera aussi bien respecté que le premier. Ce sont les services qui sont toujours les plus exposés, et cette fois en danger mortel : cafés, hôtels, restaurants, commerces « non essentiels ». C’est d’ailleurs ce qui explique la difficile mise en place de ce deuxième confinement.

Cette remontée des cas de COVID-19 en Europe pèse sur la croissance et donc sur les bourses, au moment même où s’approchent la Présidentielle américaine et la clôture des négociations sur le Brexit, avec peut-être un deal. Le Nasdaq américain résiste toujours mais moins, avec 25,7% de hausse depuis janvier. Il demeure clair pour tous que les nouvelles technologies seront les gagnantes de la pandémie : la digitalisation va partout se répandre plus vite, dans les ménages, les entreprises, les bureaux et les commerces, pour travailler, étudier et résister. Suit la Bourse de Shanghai (+6,1%), avec la reprise chinoise qui se poursuit, même moins forte qu’auparavant, victime sans doute d’un moindre dynamisme des exportations. De l’autre côté du spectre, la bourse anglaise est encore plus en retard (-26%), avec la forte remontée des cas et des décès plus les mauvais chiffres de croissance. A peine moins touché, le Cac 40 français est toujours en baisse (-23%), payant le prix d’un risque de replongée. Si le Nikkei retrouve son niveau de janvier, le Dow Jones et le Dax baissent, victimes d’une reprise au troisième trimestre jugée insuffisante alors que la pandémie progresse et que le confinement pèse, plus la présidentielle américaine.

Entre le prix de l’or qui reste élevé et celui du baril qui chute de plus en plus, la polarisation des anticipations se met en place : toujours des inquiétudes, toujours des interrogations sur la reprise économique. Ajoutons que la baisse du prix du baril ne peut qu’aggraver la situation des pays dépendants du pétrole, non seulement au Moyen Orient, mais plus encore dans certains pays émergents, notamment au Nigéria, où montent les tensions sociales.

Dans ce contexte de ralentissement économique mondial, au mieux, avec des politiques budgétaires de soutien pour freiner la détérioration puis financer le rebond, on comprend que les déficits budgétaires ne cessent de se creuser. Mais, du fait des inquiétudes, les prix ne montent pas (voire baissent), les ménages augmentant leur taux d’épargne. Et comme, en plus, la Banque Centrale Américaine achète sans compter les bons du trésor américain et la Banque Centrale Européenne se prépare, selon Christine Lagarde le 29 octobre, à « recalibrer » ses interventions, donc à acheter plus de bons du trésor (et à soutenir plus les banques), les taux longs ne montent pas. Au total, avec une inflation faible, les taux réels des dettes publiques sont ainsi négatifs, ce qui alimente des déficits sans peine.

Mais l'Italie échappe à cette bénédiction « relative » : grâce à la BCE, les taux italiens sont descendus à 0,72%, mais comme les prix sont à -0,6%, le taux réel est à 1,32%. La dynamique italienne est déflationniste et, si le Parlement européen, freine encore les versements attendus de son programme de soutien, dont l’Italie était le premier bénéficiaire, la situation va empirer et, peut-être, les marchés s’inquiéter.

Les taux de change exagèrent bien sûr la détérioration de la situation, mais au moins montrent les enjeux. Du côté des monnaies qui ont monté par rapport au dollar, on trouve l’euro et le franc suisse. L’euro sans doute parce que la Fed s’est engagée à maintenir ses taux bas très longtemps, plus les interrogations politiques, même si la situation de la zone euro laisse aussi place à des interrogations. Le franc suisse est le havre de paix, comme toujours.

Du côté des monnaies en forte baisse, on trouve le Rand, le Rouble, la Livre turque et le Real. Dans tous les cas, les effets du COVID-19 sur l’économie sont à l’œuvre, avec les fragilités économiques, sociales et politiques des différents pays. Pour le Rouble, il y a les questions qui montent sur la pandémie, plus grave que ce que disent les chiffres officiels, tandis que le prix du pétrole est bas. Pour la Livre turque, il y a la montée de l’inflation alors que les taux ne montent pas, plus sans doute les actions militaires du pays et les interventions de son Président. Pour le Brésil, il y a surtout le poids croissant de la pandémie, le contexte géopolitique ne s’améliorant pas.

Devant nous : la quatrième résurgence du COVID-19 et les élections américaines. Rarement, le futur n’a été aussi incertain !

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