Covid-19 : vers une nouvelle vague au Royaume-Uni… et en cascade de ce côté-ci de la Manche ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un piéton passe devant un panneau orientant la population vers un centre de dépistage contre la Covid-19 à Bolton, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 28 mai 2021.
Un piéton passe devant un panneau orientant la population vers un centre de dépistage contre la Covid-19 à Bolton, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 28 mai 2021.
©Oli SCARFF / AFP

Variant B.1.617.2

Depuis plusieurs semaines, le Royaume-Uni connaît une recrudescence des nouveaux cas de Covid-19 et tente de faire face à la présence grandissante du variant B.1.617.2, une variation de la souche découverte en Inde. Les scientifiques britanniques alertent sur une potentielle troisième vague au Royaume-Uni.

Eric Billy

Eric Billy

Eric Billy est chercheur en immuno-oncologie à Strasbourg. Il est membre du collectif Du côté de la science.

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Atlantico : Les scientifiques britanniques alertent sur une possible troisième vague au Royaume-Uni. Est-ce la résultante du déconfinement et de la réouverture des pubs et restaurants ?

Eric Billy : La situation actuelle au Royaume-Uni nous montre que même en ayant une couverture vaccinale importante, on peut avoir des résurgences épidémiques importantes. Avec un taux de vaccination élevé et une circulation virale qui est descendue très bas avec le confinement, on voit que quand on revient à une vie "normale" sans avoir atteint les 70-80% de la population vaccinée, on s'expose à un risque de résurgence.

En Angleterre, c'est la population qui est la moins couverte par la vaccination qui paye le prix le plus élevé des nouveaux cas. Il faut encore attendre un peu pour voir l'impact sur les hospitalisations car la résurgence est encore récente. Comme en France, la vaccination chez les personnes âgées et à risque empêche les formes sévères et les décès. Ce premier objectif de la vaccination semble être atteint. Le deuxième objectif est de vacciner la classes d'âge la plus vectrice de par ses activités personnelles et professionnelles (les 18-35 ans). En Angleterre, ce sont ces populations qui sont les plus touchées par cette nouvelle "vague".

Le variant indien (B.1.617.2) a-t-il boosté cette résurgence ?

Il faudra attendre encore un peu pour le savoir. Ce qui est certain, c'est que le variant indien est devenu majoritaire en Angleterre. La question est de savoir si ce variant est majoritaire dans tous les cas qui apparaissent aujourd'hui. Il y a de fortes chances mais il faut encore attendre pour dire si c'est une réelle tendance.

Les experts britanniques préconisent de reporter la dernière étape du déconfinement. Est-ce la conduite à mener ?

C'est effectivement ce qu'il faudrait faire vu la situation. Quand on observe un rebond, ça parait absurde vouloir continuer à relâcher la bride. A priori les Britanniques vont suivre leurs critères. Quand ils voient le nombre de cas qui remonte, ils vont sans doute faire une pause sur le déconfinement.

Quelles leçons doit tirer la France de la situation britannique ?

La France, elle, est toujours dans une situation de décroissance. C'est la résultante d'un confinement et de paramètres que l'on maîtrise moins comme la météo. On ne connaît pas encore le risque d'une résurgence épidémique qui pourrait couver avec la réouverture de certaines activités. C'est pour ça qu'il faut indexer le déconfinement sur des critères épidémiologiques pour toutes les deux semaines réévaluer selon la situation (nombre de cas, charge hospitalière, présence du variant indien...)

La situation anglaise est très intéressante pour l'Europe. Nous autres pays européens devons vraiment maîtriser nos critères de suivi et d'anticipation si nous ne voulons pas que cela nous arrive. Si la résurgence se produit chez nous, elle pourrait intervenir fin juin, d'après les modélisations de l'Institut Pasteur et son amplitude dépendra du Reff et de la couverture vaccinale. Je ne vois pas en quoi ce qui arrive en Angleterre ne pourrait pas arriver en France si on ne maîtrise pas notre confinement. Il existe deux différences pouvant jouer un rôle bénéfique en notre faveur:

  • Les Anglais ont cette spécificité d'avoir vacciné avec des intervalles entre deux doses très élevées pour générer un plus grand pourcentage de primo-vaccinés. On a peu de retour là-dessus. Potentiellement ça les met plus à risque au niveau de la qualité de l'immunité, qui plus est en présence du variant indien.
  • Les Anglais ont utilisé beaucoup plus de vaccin à adénovirus de AZ que le reste de l'Europe. Ce vaccin semblerait offrir une efficacité moindre contre les formes symptomatiques du variant indien (delta, B.1.617.2) par rapport aux vaccin a ARNm.

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