Covid-19 : l’Inde, la catastrophe qui menace le monde ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des habitants de New Delhi font la queue pour recevoir une dose du vaccin contre la Covid-19 dans un centre de santé en avril 2021.
Des habitants de New Delhi font la queue pour recevoir une dose du vaccin contre la Covid-19 dans un centre de santé en avril 2021.
©Prakash SINGH / AFP

Nouveau variant

L'Inde a recensé 273.810 cas de contaminations de Covid-19 en 24 heures, ce lundi 19 avril. Cette flambée peut en partie s'expliquer par la circulation d'un nouveau variant, nommé B.1.617. Ce variant indien peut-il impacter le reste de la planète si les mouvements des populations ne sont pas contrôlés ?

Philippe Froguel

Philippe Froguel

Philippe Froguel est diabétologue et généticien à la tête d'un laboratoire de recherche du CHRU de Lille.

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Atlantico : Alors que la situation semblait relativement sous contrôle, l'épidémie repart à la hausse en Inde et inquiète le monde entier. Comment expliquer ce regain épidémique si soudain ? Est-ce uniquement lié au nouveau variant  B.1.617 ?

Philippe Froguel : A priori c’est effectivement dû en grande partie au variant indien. Ce qui est intéressant dans le cas de l’Inde, c’est l’évolution épidémiologique. Alors que le pays était en forte phase d'amélioration, l’Inde connaît soudainement un pic énorme qui augmente depuis une dizaine de jours. Cela n’était pas du tout prévu et c'est très inquiétant. Ce regain épidémique semble correspondre à l'intrusion de ce nouveau variant puisque la situation est pire dans les endroits où le variant a pris le dessus sur les autres variants.

Evidemment, c'est toujours lié à d'autres raisons comme le relâchement des gestes barrières. En Angleterre l'épidémie est repartie à la hausse alors que les pubs avaient rouvert. Boris Johnson, voyant la situation s'améliorer, avait voulu faire comme le fera bientôt Emmanuel Macron. A Dunkerque, la flambée de février dernier s’est produite au moment du carnaval qui s’est maintenu de façon « underground ».

Quand on passe d'un virus peu contagieux à un virus très contagieux, en trois semaines la situation peut devenir catastrophique. Ça peut être très rapide. Il suffit de doubler le R pour multiplier par 10 en un mois les cas incidents.

Le variant indien est parfois qualifié de "double mutant". Pourquoi cette appellation ? Est-il plus dangereux ou plus transmissible que les autres variants ?

C’est plutôt le triple mutant de la protéine Spike mais tout cela ne veut pas dire grand-chose car il y a aussi d'autres mutations (15 différentes en tout). Le variant indien est apparemment beaucoup plus contagieux que l'anglais. Pour le reste, il est difficile de savoir. Sa combinaison de mutants laisse craindre un effet d’échappement à l'immunité acquise naturelle (si on a déjà été contaminé) ou vaccinale mais cela reste à prouver.

Ce variant est inquiétant parce que s'il est encore plus contagieux que le variant anglais, il va prendre sa place. Si vous êtes dans un pays comme l'Angleterre qui a une forte couverture vaccinale et une circulation virale faible, ça ne paraît pas dramatique. Mais s'il y a une circulation très importante comme en France, l'arrivée d'un variant plus dangereux peut être catastrophique.

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Quel risque ce variant représente-t-il pour les autres pays ? Est-on à l'abri d'une propagation planétaire de ce variant ?

Si ce variant peut être une menace pour un pays de 1,3 milliards d'habitants, ça peut être une menace pour le reste du monde. Pour moi, le risque est majeur pour nous car ce variant est déjà présent en Angleterre et aux Etats-Unis. S’il arrive en France, il compromettra sérieusement le plan d’Emmanuel Macron qui est d'ouvrir l'économie et de vivre avec le virus tout en menant une vaccination progressive sur laquelle nous accusons du retard.

Comment éviter l'arrivée de ce variant en France ?

Il ne faut pas réitérer l’erreur de décembre où l’on a laissé entrer le variant anglais sans réagir. Pour éviter la propagation du variant indien, il faut mettre en place un contrôle strict aux frontières. Il faut réquisitionner les hôtels d'Orly et de Roissy (qui sont vides) pour confiner les voyageurs une semaine avec un test PCR à 2 jours puis un autre à 7 ou 10 jours. 

Enfin, il faut pratiquer un séquençage (technique de biologie moléculaire visant à connaître le patrimoine génétique du SRAS-CoV-2 pour voir s’il a muté, ndlr) systématique des échantillons positifs. De cette façon, si l’on trouve un cas de variant indien, on met en place un traçage pour circonvenir son développement. En effet, nos tests PCR actuels ne sont pas suffisants. Nous sommes aujourd’hui incapables de faire la différence entre le variant sud-africain et brésilien. La seule solution, c'est de séquencer.

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