Covid-19 : fermeté sur des fronts inutiles, manque de détermination là où il en faudrait, la triste myopie française poursuit ses ravages<!-- --> | Atlantico.fr
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Des policiers demandent aux personnes qui profitent d'une journée ensoleillée de garder leurs distances, devant l'hôtel des Invalides à Paris, en mai 2020.
Des policiers demandent aux personnes qui profitent d'une journée ensoleillée de garder leurs distances, devant l'hôtel des Invalides à Paris, en mai 2020.
©THOMAS COEX / AFP

Efficacité réelle des restrictions

Le préfet de Police de Paris a pris ce lundi un arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique à deux endroits du Quartier latin où se rassemblaient des jeunes. S’est-il préoccupé une seconde de la réalité des risques de contaminations en extérieur ?

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

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Atlantico : Le préfet de Police de Paris a pris ce lundi un arrêté interdisant la consommation dalcool sur la voie publique à deux endroits du Quartier latin où des rassemblements ont été observés. Une telle décision va-t-elle favoriser un risque d’attroupements en intérieur plus favorables à la propagation du virus ?

Jérôme Marty : Aujourd’hui pour le politique, il y a une peur des contaminations en extérieur. Pourtant est-il vraiment possible d’empêcher les regroupements ? On le sait, il y a un risque plus important à se retrouver en intérieur et favoriser cela pourrait amener au développement de mini-clusters.

L’action du préfet n’a aucun but sanitaire, elle relève de l’exemplaire. Il faut rappeler qu’il y a quinze jours, les autorités avaient annoncé que la lumière au bout du tunnel était proche, la sortie de crise était proche. Aujourd’hui on voit que ce n’est pas le cas. Et le gouvernement aurait du agir dans le Sud-Est ou à Dunkerque plus tôt au lieu de mettre en place de telles mesures. Attendre que le virus nous oublie est une erreur politique et médicale.

N’y-a-t-il pas des risques psychologiques et sociaux liés à ce type de décision ?

Cela fait presque un an que l’épidémie de la Covid-19 a commencé dans le pays et la population a besoin de bouffées d’air pour affronter les événements. Avec l’arrivée du beau temps, ce moment de convivialité peut être important.

La médecine est un équilibre bénéfice-risque. Les rassemblements en extérieur ne sont pas déniés de risque zéro, mais on n’a aucun exemple au monde de cluster ayant débuté à l’extérieur. Il peut y avoir une contamination en vis-à-vis par postillon ou toucher mais une contamination de 10, 15 ou 20 personnes par une seule personne est très peu probable. La décision du préfet peut être pire que le remède.

Les décisions gouvernementales ne devraient-elles pas se faire sur lidée de la contamination à la place des lieux de contamination ?

Il faut mettre en place au niveau territorial, une stratégie Zéro Covid. Il faut regarder de façon extrêmement précise comment se développe l’infection sur les territoires. Si on a une augmentation de 10 ou 20% de la contamination, l’action doit être directe. Cela doit passer par une mise sous cloche du lieu avec une accélération de la vaccination. Face à la pénurie des vaccins, il est nécessaire de penser à une redistribution des doses là où il y en a besoin. Aujourd’hui c’est déjà trop tard pour la région de Nice ou du Sud-Est, l’effet sera dans un mois. La crise se nourrit de notre retard.

À linverse, les protocoles sanitaires à l’école ou dans les hôpitaux sont-ils à la hauteur des enjeux ?

Dans les écoles, Jean-Michel Blanquer a confié qu’il pourrait y avoir un problème avec les cantines il y a très peu de temps. Pourtant, cela fait des mois que nous alertons sur le problème. Néanmoins, le ministre n’a pas d’autres choix que d’appliquer les directives du Premier ministre ou du président de la République, la seule autre possibilité consiste à prendre la porte.

Dans les écoles, il y a des choses à faire, il est toujours possible d’optimiser les ouvertures de fenêtres ou d'installer des capteurs de CO2. Aucune étude observationnelle n’a été faite sur des clusters pour apprendre dans quelles circonstances ils sont apparus. On commence à peine à le faire… alors que cela fait un an que l’épidémie a commencé. La seule chose que l’on sait faire consiste à ordonner des fermetures. Une situation bien dommageable. 

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