Covid-19 : De plus en plus de citoyens occidentaux disent ressentir un impact majeur de la pandémie sur leur vie. Et les Français se distinguent des autres<!-- --> | Atlantico.fr
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Des habitants de la ville de Bordeaux lors de la première phase de la pandémie de Covid-19.
Des habitants de la ville de Bordeaux lors de la première phase de la pandémie de Covid-19.
©MEHDI FEDOUACH / AFP

Impact durable de la crise sanitaire

Selon une étude du Pew Research Center menée aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, une part de plus en plus importante de la population a connu un impact majeur dans sa vie quotidienne suite à la crise sanitaire. En France, 67% des sondés précisent que leur vie a changé. Ce taux a bondi de 21 points depuis l'été dernier.

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart est le Directeur Général adjoint de l'institut de sondage Opinionway. Il est l'auteur de "La Présidence anormale – Aux racines de l’élection d’Emmanuel Macron", mars 2018, éditions Cent Mille Milliards / Descartes & Cie.

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Atlantico : Une part de plus en plus importante de la population a vu sa vie quotidienne être affectée par la crise sanitaire, rapporte une étude du Pew Research Center menée aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. En France, 67% des sondés affirment que leur vie a changé. Ce taux n’était pas aussi important l’été dernier, et c’est en France qu’il a le plus augmenté (+21 pts). Qu’est-ce qui a changé depuis l’été dernier et pourquoi la France se démarque-t-elle particulièrement ?

Bruno Jeanbart : L’attitude spécifique des Français sur cette question s’explique probablement par le contexte très différent qu’à vécu notre pays au cours de l’année passée. Quand l’Allemagne a progressivement découvert la réalité de l’épidémie (très épargnée lors de la première vague, elle a frontalement été touchée à partir de la mi-décembre), quand le Royaume-Uni a affronté le rebond de l’épidémie elle aussi fin décembre et quand les États-Unis ont connu une épidémie un peu permanente, probablement en raison de la taille continent du pays, la France a connu une seconde vague et un second confinement dès la fin octobre. Or l’enquête a été réalisée du 10 novembre au 23 décembre, donc en plein pendant ce second confinement. L’une des caractéristiques de la situation en France a également été le profond sentiment de libération qu’a constitué le 11 mai 2020 et le premier déconfinement. Nombre de nos compatriotes ont alors pensé que la pandémie était une expérience traumatisante, certes, mais derrière nous. La première vague avait été conduite en juin dernier, en plein dans cette période et le sentiment de renaissance qui l’accompagnait. L’été, avec un retour à la vie quasi normale a conforté les Français dans cette perception. A partir de septembre, le retour de contraintes, qui se sont imposées dans la durée, comme le port du masque dans les villes, les fermetures durables des bars, restaurants et lieux culturels. Le sentiment que la vie ne serait plus comme avant pendant longtemps s’est installé. Combiné à l’incapacité de pratiquer des activités très prisées, considérées pour certaines comme le cœur du mode de vie à la française, ils peuvent expliquer cette envolée en six mois de la perception que notre vie a profondément changé.

Les femmes semblent le plus touchées par la crise. Comment l’expliquer ?

Il y a probablement plusieurs raisons à cela mais la principale me semble-t-il tient au fait que les femmes ont été plus touchées en termes de pertes d'emplois dans de nombreux pays que les hommes d'après les statistiques. Elles occupent en effet souvent des emplois plus précaires et à temps partiel, qui ont pu être réduits en priorité par les entreprisesElles sont également plus nombreusesdans les services, catégories de jobs particulièrement touchés à l'occasion de cette crise.

D’ailleurs, dans notre baromètre de la confiance réalisée pour le Cevipof, il faut noter que dans les quatre pays étudiés (France, Allemagne, Royaume-Uni et Italie), les femmes sont plus nombreuses à être inquiètes tant pour la situation économique de leur foyer que pour celle du pays à la suite de l'épidémie. Elles ressentent donc économiquement davantage l’impact de la crise du Covid et par la même les changements qu’elle induit dans leur vie quotidienne. On évoque beaucoup la fracture générationnelle en France lorsque l’on évoque le Covid mais l’attitude selon le genre face à la crise ne doit pas être négligée non plus.  

Plus surprenant, la plupart des sondés se montrent optimistes quant aux futures stratégies d'urgence de santé publique dans leur pays. Ces résultats sont-ils à rebours de l’ambiance morose ambiante ?

Incontestablement, ils soulignent que si l’opinion fut sidéré par notre difficulté à gérer l’émergence et la propagation du covid-19, contrairement aux pays asiatiques, elle ne considère pas que nous sommes condamnés à vivre sous la terreur de vagues épidémiques permanentes comme certains semblent parfois l’annoncer. C’est peut-être justement cet exemple asiatique, qui nous semble si lointain aujourd’hui, qui explique cet optimisme. Après tout, le port du masque qui n'était pas du tout une habitude dans nos pays en période épidémique, sera probablement davantage utilisé dans le futur dans ces circonstances. La nécessité de recourir aux gestes barrières pourra également plus rapidement se mettre en place dans une telle situation. A défaut de penser que nos pays ont fait ce qu’il fallait dès 2020 pour gérer la crise, les opinions publiques jugent que nous tirerons profit de l’expérience acquise pour ne pas commettre de nouveau les mêmes erreurs. C’est à la fois un signal d’espoir fort pour les dirigeants de ces pays mais également un risque : si cette attente était déçue une seconde fois, les conséquences politiques en seraient décuplées. Il reste néanmoins que dans ce contexte, comme souvent, les Français sont les moins optimistes : seuls 60% le sont en pensant que la France saurait faire face à une nouvelle urgence sanitaires, contre 67% des Américains, 68% des Britanniques ou 77% des Allemands.

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