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Les masques sont obligatoires dans tous les lieux publics.
Les masques sont obligatoires dans tous les lieux publics.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Bonnes pratiques

Le port du masque est obligatoire dans les lieux publics. Mais les autorités ne précisent pas quel type de masque ni comment augmenter leur efficacité. Passage en revue des différentes pratiques mises en place.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico : Le port d’un double masque est-il une manière efficace de prévenir de toute infection ?

Stéphane Gayet : On peut s’étonner de l’absence totale de précision de la part des autorités de santé quand il s’est agi d’imposer le port du masque par voie réglementaire dans les lieux accueillant du public : « Le port d’un masque facial est obligatoire. »

Cette entière latitude laissée aux citoyennes et citoyens a donné lieu à de multiples pratiques.

Dans la rue et dans les lieux fermés accueillant du public, on a pu voir des masques décoratifs et originaux fabriqués à la maison, des masques en papier presque dépourvus de pouvoir filtrant, des foulards portés en guise de masque, des masques au contraire très protecteurs conçus pour la sécurité des travailleurs dans l’industrie ou le bâtiment (avec une ou deux valves), des masques chirurgicaux, des masques en forme de groin et en matière synthétique, etc. Sur le plan de la façon de porter son masque, on a pu voir des masques sous ne nez, d’autres affleurant simplement la lèvre supérieure, d’autres sous le menton et parfois sur le crâne, d’autres autour du cou. C’est assez affolant et inquiétant, quand on songe au fait que le masque est censé nous protéger contre la transmission aérienne de virus. Un tel spectacle, vu par un néophyte, donne l’impression que le masque est devenu une pièce d’uniforme obligatoire, comme ce peut être le cas d’un couvre-chef, d’un brassard, d’un foulard, d’un tee-shirt, etc. Il est frappant de se pencher sur d’anciennes photographies prises au cours de la grande pandémie meurtrière de grippe en 1918-1919 : on y voit des personnes portant un masque blanc, large, enveloppant et bien ajusté sur le visage ; certes, il est probable que leur pouvoir filtrant fût assez faible.

Pourquoi les autorités de santé n’ont-elles pas précisé quel type de masque il fallait porter et la façon dont il fallait le porter ? C’est probablement en raison du coût des masques réellement efficaces et de la quasi-impossibilité pour les forces de l’ordre de vérifier ces différents points. Car on ne peut rendre obligatoire que ce qui est vérifiable facilement. On voit avec cet exemple la limite de la coercition réglementaire, comparée à la sensibilisation et à l’éducation.

Honnêtement, cette hétérogénéité du port du masque offre un spectacle peu banal ; curieusement, c’est depuis l’arrivée de nouveaux variants (anglais, sud-africain…) que l’on se pose enfin la question de l’efficacité du port du masque par le grand public ; il faut interpréter cela comme l’opportunité saisie par les autorités de santé de rattraper ce manquement initial. En vérité, le seul type de masque offrant une protection bidirectionnelle (entrante et sortante) vis-à-vis des microgouttelettes et des particules aéroportées (ce que les Anglo-américains appellent « the aerosols ») est le masque satisfaisant à la norme FFP2. En dessous de ce niveau optimal se trouve le masque chirurgical qui a une très bonne efficacité sortante (expiratoire), mais une piètre efficacité entrante (inspiratoire : il suffit pour s’en convaincre de voir à quel point il n’est pas ajusté sur le visage).

Pour répondre à la question posée : superposer deux masques identiques ne présente pas beaucoup d’intérêt ; prenons l’exemple d’une passoire de cuisine : si l’on superpose deux passoires exactement identiques, la filtration ne s’en trouvera que très peu améliorée ; certes, un masque facial est plus complexe qu’une simple grille, car il filtre dans l’épaisseur (le média filtrant), mais tout de même. En revanche, superposer deux masques différents peut avoir de l’intérêt, dans la mesure où leurs propriétés distinctes s’additionnent. Toutefois, il paraît plus rationnel de s’équiper de masques plus performants au lieu de faire une telle superposition.

L’ajout de filtres à son masque a-t-il une utilité ?

Les masques en textile sans média filtrant, c’est-à-dire constitués d’une double couche de tissu (que dire de ceux constitués d’une simple couche…), ont un faible pouvoir filtrant ; sauf lorsqu’ils sont faits de microfibres (toujours synthétiques) et que leur tissage est très serré : les masques vendus en pharmacie et ceux que l’on peut acheter sur des sites internet sérieux sont généralement de ce type (microfibres, tissage très serré). Mais ceux qui sont confectionnés avec du tissu en fibres de coton n’ont qu’un pouvoir filtrant bien médiocre. Il faut rappeler que l’efficacité du pouvoir filtrant d’un masque ne doit pas être comparée à la taille des virus, mais à celle des particules biologiques qui véhiculent les virus dans l’air, ce qui est foncièrement différent : c’est une erreur fréquemment commise, les virions (particules virales) n’étant pas émis tels quels dans l’air. Voici les dimensions à prendre en compte : le diamètre des coronavirus peut varier de 0,06 à 0,2 micron (un micron est un millième de millimètre) ; les microgouttelettes (environ 4/5e des particules émises par l’expiration) ont un diamètre de 5 à 150 microns ; les particules aéroportées (the aerosols des Anglo-américains, environ 1/5e des particules émises par l’expiration) ont un diamètre de 0,5 à 5 microns.

Pour répondre à la question posée : si l’on place sous un masque en tissu textile, un filtre d’aspirateur HEPA (à haute efficacité vis-à-vis des particules de l’air) plan et rectangulaire de 15 cm sur 10 cm (cela existe vraiment), cette technique va augmenter très significativement son pouvoir filtrant sortant (expiratoire) et un peu son pouvoir filtrant entrant (inspiratoire). Les filtres les plus efficaces sont, non pas en textile, mais en intissé (plus de mailles), ce que sont effectivement les filtres d’aspirateur HEPA.

Pour les masques en tissu, choisir un masque avec plus de couches renforce-t-il la protection ?

Les masques professionnels ont en général trois couches : deux couches externes entre lesquelles se trouve la vraie couche filtrante ou média filtrant qui est toujours fabriquée en intissé.

Du moins efficace au plus efficace, on trouve : une couche de tissu simple, deux couches de tissu simple, deux couches de tissu en microfibres (modèle vendu en pharmacie) et deux couches de tissu simple ou parfois en intissé fin, entourant un média filtrant épais en intissé. Il existe aussi des masques professionnels en intissé semi-rigide (peu confortables).

Comme on l’a vu plus haut, il n’est pas très efficace de superposer des couches identiques. Il est nettement plus efficace de superposer des couches aux propriétés cumulatives.

Existe-t-il des méthodes simples pour resserrer son masque et l’adapter à son tour de tête ?

Les masques comportant des liens que l’on noue ne sont pas très commodes à installer, mais ils ont l’avantage de permettre plus d’adaptations que les autres ; on peut facilement les raccourcir. S’agissant des liens en élastique, il existe plusieurs techniques pour les raccourcir ; le plus simple consiste à y faire un ou plusieurs nœuds.

Certaines personnes se plaignent d’une irritation des oreilles causée par les élastiques ; on peut y remédier en plaçant un petit pansement là où siège l’irritation, ou à défaut un petit morceau de cellulose qui sera maintenu par l’élastique.

Y a-t-il des normes à vérifier lors de l’achat pour s’assurer de la bonne filtration ?

Soit on choisit un masque de type professionnel, encadré par des normes européennes ou internationales : il y a le modèle FFP1 dont le pouvoir filtrant est de 0,6 micron et l’efficacité de 80 % ; le modèle FFP2 dont le pouvoir filtrant est également de 0,6 micron, mais dont l’efficacité s’élève à 94 % ; le masque chirurgical de type I dont le pouvoir filtrant est de 3 microns et l’efficacité de 95 %. Il faut rappeler que les masques FFP1 et FFP2 sont bidirectionnels (filtration inspiratoire et expiratoire), alors que les masques chirurgicaux sont surtout unidirectionnels (filtration expiratoire).

Soit on choisit un masque de type grand public (« alternatif »), encadré par un label AFNOR : il y a le modèle de catégorie 2 dont le pouvoir filtrant est de 3 microns et l’efficacité de 70 % ; le modèle de catégorie 1 dont le pouvoir filtrant est également de 3 microns, mais dont l’efficacité s’élève à 90 %.

On trouve également dans le commerce (sites internet marchands, notamment), des masques sur lesquels est simplement indiqué le pouvoir filtrant sous la forme d’un nombre décimal, mais sans précision de l’efficacité.

Il va sans dire que les masques artisanaux n’offrent aucune garantie de sécurité.

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