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Coronavirus : sans céder à la panique, les CCI enregistrent d’ores et déjà un très net impact économique
©ERIC PIERMONT / AFP

Contamination... de l'économie

En plus de l'urgence sanitaire contre le Coronavirus, le gouvernement tente de rassurer et d'apporter des réponses pour les entreprises et les industries afin de réduire l'impact du Covid-19 sur l'économie française.

Jérôme Pardigon

Jérôme Pardigon

Jérôme Pardigon est directeur des Affaires publiques chez CCI France. Jérôme Pardigon est conseiller municipal de Rueil-Malmaison en charge du Tourisme et de l’Evènementiel. 

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Atlantico.fr : Avec la crise liée au coronavirus, de nombreuses entreprises s'inquiètent des répercussions que ce virus peut avoir sur l'économie.

Pouvez-vous nous expliquer l'impact du coronavirus sur l'économie à l'heure où l'on parle ? Est-ce inquiétant ? 

Jérôme Pardigon : Soyons clairs : l’impact du coronavirus sur l’économie est réel. Il l’est sur l’économie mondiale, il commence à l’être sur l’économie française. A ce stade, il est toutefois difficilement quantifiable ; vous avez d’ailleurs remarqué qu’hier le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, ne s’y est pas risqué en conférence de presse. Mais on s’accorde plutôt à dire qu’il pourrait être supérieur à 0,1% du PIB. La prudence sur les prévisions doit demeurer au regard de l’évolution rapide des évènements.

Au-delà de l’évaluation macro-économique, ce que nous constatons au niveau des chambres de commerce et d’industrie, c’est une forte augmentation du niveau d’inquiétudes des entreprises françaises, et ce en quelques jours. En plus de ce ressenti, le réseau des CCI remonte d’ores et déjà des conséquences directes : les difficultés d’approvisionnement se confirment, aussi bien pour les grands groupes que pour leurs sous-traitants. Même des TPE s’approvisionnant en Chine sont touchées. Mais alors que les principaux impacts provenaient il y a 3 semaines du secteur de l’industrie et des risques sur la supply chain, les conséquences liées au problème de mobilité des personnes et à l’annulation de grands évènements, tout particulièrement les salons et les foires, sont désormais les premières préoccupations de nos entreprises. Il y a là matière à tirer la sonnette d’alarme car les secteurs du commerce, de l’hôtellerie, de la restauration n’ont pas forcément la trésorerie et les reins solides pour faire face aux annulations et aux pertes de chiffre d’affaires liées au coronavirus. Une attention particulière doit aussi être portée sur les entreprises situées dans les clusters ou à proximité car elles ont noté une chute de la fréquentation des commerces et des activités touristiques. N’oublions pas non plus l’effondrement du nombre de touristes chinois qui ont l’un des paniers-moyens les plus élevés : ce sont autant de dépenses de consommation en moins sur le territoire français et des régions comme l’Ile-de-France ou la Bourgogne-Franche-Comté y sont sensibles.

Au-delà de ces situations préoccupantes, il est important de ne pas céder à la psychose et à la panique. On sait combien la confiance et les émotions ont un impact déterminant sur l’économie. C’est la raison pour laquelle on peut saluer le sang froid de la très grande majorité des consommateurs à ce stade.

Les CCI prennent-elles le problème à bras le corps ? Le gouvernement est-il à l'écoute ? Donne-t-il des informations susceptibles d'aider les entreprises ?  

Oui, les CCI qui représentent 3 millions d’entreprises françaises et sont des établissements publics de l’Etat, sont mobilisées depuis plusieurs semaines aux côtés de leurs ressortissants. Au niveau régional et territorial, elles mettent à profit leur proximité avec les entreprises pour diffuser l’information gouvernementale, mais aussi pour identifier les entreprises en difficultés et les accompagner. Au niveau national, CCI France et son président Pierre Goguet sont membres de la cellule de continuité économique et sont en lien direct avec Bruno Le Maire, son cabinet et la Direction générale des entreprises pour suivre jour par jour l’impact économique du coronavirus. Hier, par exemple, nous avons pu les alerter sur la situation de Lourdes, ville dans laquelle plus de 20 000 nuitées viennent d’être annulées du fait de deux gros pèlerinages qui ne peuvent plus se tenir. Imaginez l’impact pour tout le département des Hautes-Pyrénées ! Le point de satisfaction c’est que nous avons un Ministre à la barre, qui comprend la situation et notamment celles des TPE-PME impactées qui ont plus que jamais besoin d’un accompagnement des pouvoirs publics.

Des mesures de report de charges sociales et fiscales ont été annoncées, tout comme la mise en place du chômage partiel ou des garanties pour les prêts bancaires. Elles sont les bienvenues. Nous craignons toutefois qu’il faille aller plus loin dans les prochaines semaines en prévoyant de véritables aides financières ou exonérations de charges pour les entreprises les plus lourdement touchées, celles qui ont des pourcentages de pertes de chiffres d’affaires à deux chiffres. Des entreprises nous demandent aussi des mesures pour compenser les préjudices énormes des annulations d’évènements et de congrès.

Comment les CCI peuvent-elles palier à cette crise ? Le commerce français est-il en danger ?

On ne voit jamais mieux qu’en temps de crise l’utilité de nos chambres de commerce et d’industrie et de nos Corps intermédiaires ! Outre la diffusion d’informations régulièrement réactualisées auprès de nos entreprises, les CCI sont les capteurs de l’Etat dans les territoires. Plusieurs CCI ont d’ores et déjà mis en place des cellules d’accompagnement sur le terrain ou des hotlines ; un numéro national à CCI France a également été mis en place. A situation exceptionnelle, dispositifs exceptionnels. Le Président Goguet a proposé la mise en place de task-forces régionales COVID 19 qui réuniraient, à l’instar de ce qui se fait dans les Hauts-de-France, les services de l’Etat, les trois réseaux consulaires et les Conseils régionaux, tous en soutien de nos entreprises.

Sans tomber dans le catastrophisme qui n’est jamais bon, le coronavirus est en effet un danger pour l’économie et notamment pour notre commerce qui, après les blocages des gilets jaunes et l’effet désastreux des grèves, est à bout. En cumul, cela fait près d’un an et demi que les commerçants français sont à cran. Ils ont bien légitimement besoin de toute notre attention et de celle du Gouvernement.

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