Convois de la liberté : une occasion manquée pour LR ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Un manifestant portant un gilet jaune tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Vacciné pour la liberté" alors qu'il se rassemble avec d'autres manifestants sur la Place d'Italie à Paris, le 12 février 2022.
Un manifestant portant un gilet jaune tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Vacciné pour la liberté" alors qu'il se rassemble avec d'autres manifestants sur la Place d'Italie à Paris, le 12 février 2022.
©SAMEER AL-DOUMY / AFP

La classe politique reste discrète

Alors que des centaines de véhicules et des milliers de manifestants sont attendus à Paris ce samedi, une majorité de la classe politique, dont les Républicains, ont accueilli le mouvement avec froideur. Peut-on y voir une occasion manquée de promouvoir un combat pour les libertés ?

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

Voir la bio »

Atlantico : Les convois de la liberté convergent ce weekend sur Paris, comment analysez vous ce mouvement ? 

Maxime Tandonnet : Je l’analyse comme une réponse (ultra minoritaire pour l’instant) de la France périphérique, humiliée et méprisée. Ce mouvement est celui des « Gaulois réfractaires », « des gars qui roulent en diesel et qui fument des clopes », de « ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume », les « sans dents » ceux-là qu’on a « très envie d’emmerder ». Sous une autre forme, c’est la reprise de l’esprit initial des Gilets Jaunes (avant que le mouvement ne soit récupéré et souillé par des casseurs). Depuis deux ans, le pays est soumis à des restrictions draconiennes de liberté : confinements, couvre-feu, passe sanitaire, passe vaccinal. Ces mesures se sont révélées parfaitement inutiles et sans influence sur les courbes épidémiques. Le principe de cette politique a consisté à répandre la peur et à persécuter les Français dans leur vie quotidienne pour donner l’illusion de la fermeté. Il faut bien reconnaître que la majorité des Français a soutenu cette politique, comme un grand troupeau terrifié. Les politiques et les médias ont dans l’ensemble, à de rares exceptions près, joué le consensus. Les institutions chargées de la défense de l’état de droit et des libertés ont lamentablement failli. En dehors de quelques exceptions (David Lisnard par exemple) aucune personnalité politique y compris dans la droite radicale, n’a accepté de s’identifier avec le combat pour les libertés. Quand la démocratie cesse de fonctionner, quand les représentants de la nation ne jouent plus leur rôle, les désaccords se transforment en conflits. Les « convois de la liberté » sont le résultat – regrettable – de cet aveuglement. La vindicte, les insultes et les caricatures du monde politico-médiatique n’y changeront rien.  

Comme la majorité de la classe politique, les Républicains ont accueilli avec froideur le mouvement. Eric Ciotti a même appelé à une grande fermeté tandis que Damien Abbas a déclaré que "ce convoi de libertés, c’est parfois un convoi de l’oppression" . Est ce une occasion manquée pour LR de s'emparer du sujet et de tenir un vrai discours sur les libertés ? 

Les Républicains ne sont pas tous sur la même ligne. Une minorité résistante a voté contre le passe vaccinal. Pour le reste, les représentants officiels de LR se sont montrés conformistes et pusillanimes. Ils ont voulu suivre le grand courant sondagier et se confondre avec une politique fondée sur l’exploitation de la peur. Ils ont renié ainsi toutes leurs valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Ils ont trempé dans une politique fondamentalement électoraliste visant à désigner des boucs émissaires – les non vaccinés – pour masquer le désastre d’une politique hospitalière incapable de s’adapter aux besoins. Ils se sont donc montrés complices de l’équipe actuelle. En effet, LR a manqué une formidable occasion de parler de la liberté et de la démocratie qui devraient être tout de même la marque de fabrique d’un parti démocrate et libéral. Mais pire, ces membres de LR sont entrés dans une logique de mépris qui caractérise le pouvoir actuel en approuvant la seule logique de l’insulte et en évacuant toute réponse par le dialogue et l’écoute c’est-à-dire la démocratie. 

Comment expliquer cette posture rétive de LR ? Leur sera-t-elle dommageable ? 

Encore une fois, c’est la posture de l’état-major LR, pas de tous les LR, dont plus d’un tiers s’est opposé au passe vaccinal à l’Assemblée nationale. Elle s’explique avant tout par un manque de vision et une frilosité. Ceux-là ont pensé qu’ils s’en sortiraient mieux du point de vue électoral en suivant la voie officielle, celle du grand troupeau apeuré, avec les sondages pour seuls guides. En raison de son adhésion sur le thème central de la politique sanitaire, LR s’est privé d’une occasion de marquer sa différence avec M. Macron. En soutenant une logique à la fois liberticide et cynique visant à désigner des boucs émissaires et en s’identifiant à cette politique qui déchire le pays, l’état-major LR me semble avoir commis une faute gravissime qui est en partie à la source des difficultés actuelles de la candidate. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !