Chauffage, entretien, sécurité : la nouvelle guerre des fournisseurs d’accès Internet pour révolutionner notre maison<!-- --> | Atlantico.fr
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Les fournisseurs d’accès internet, notamment SFR, ont prévu d’y ajouter en fin d’année des fonctions de pilotage de volets roulants, de luminaires ou de gestion d’énergie.
Les fournisseurs d’accès internet, notamment SFR, ont prévu d’y ajouter en fin d’année des fonctions de pilotage de volets roulants, de luminaires ou de gestion d’énergie.
©Flickr/CC árticotropical

Smart home

SFR a lancé plusieurs packs - tels que "Home by SFR" - en complément de sa box et qui ont pour fonction de gérer la sécurité du foyer par le biais d'alarmes ou de détecteurs. Avec ce nouveau dispositif, il rejoint l'offre de Bouygues, et confirme l'envie des opérateurs de se lancer sur le marché de la domotique.

François-Xavier Jeuland

François-Xavier Jeuland

François-Xavier Jeuland est président de l’Observatoire de l'Immobilier Connecté et Responsable, ingénieur-conseil spécialisé en domotique et multimédia et auteur de plusieurs livres de référence dans le domaine dont la Maison Communicante – Réussir son installation domotique et multimédia (4e édition – Eyrolles).

Il est l'auteur de La maison communicante. Réussir son installation domotique et multimédia aux éditions Eyrolles.

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Atlantico : Les fournisseurs d’accès internet tentent de se lancer sur le marché de la domotique en proposant à leurs abonnés des packs à installer en complément de leur box permettant de gérer la sécurité de la maison, notamment par le déclenchement d'alarmes ou par l'envoi d’images de vidéosurveillance. Ce marché en France est-il à ce point juteux pour qu’ils puissent s’y faire une place ?

François-Xavier Jeuland : Il est évident que le potentiel est énorme et suscite beaucoup d’appétits, mais il n’est pas simple à appréhender. Si les fournisseurs d’accès internet s’y attaquent, ils ne sont pas les premiers : les grandes surfaces, les distributeurs de matériels, et les fournisseurs d’énergie tentent aussi de proposer des solutions pour ce marché. Reste que depuis des années, on lorgne sur ces possibilités mais personne n’a encore trouvé le biais pour y entrer de façon efficace.

Justement les fournisseurs d’accès n’ont-ils pas les yeux plus gros que le ventre au niveau de la mise en œuvre : la plupart des box gèrent énormément d’aspects multimédias, peuvent-elles techniquement prendre en charge des fonctions supplémentaires ?

Il faut comprendre que la domotique représente une opportunité et un relais de croissance très intéressant. En effet, les offres qu’ils proposent, surtout les plus basiques, ne sont pas forcément rentables et il faut chercher d’autres relais. Là où les opérateurs ont le nez fin, c’est qu’il y a une box dans la majorité des foyers français et ils sont idéalement placés pour proposer des fonctions autres que celles du simple multimédia. Cependant, c’est aussi très opportuniste et préliminaire. Les offres actuelles ne sont pas très abouties – une ou deux fonctions tout au plus – et leur permettent simplement de tester le marché et les réactions de leurs abonnés. Cependant, ils sont conscients qu’il ne faut pas aller trop vite afin de ne pas brûler toutes leurs cartouches. En effet, si une des offres s’avère inefficace cela va se retourner contre eux et griller non seulement leur offre domotique mais aussi les offres téléphoniques traditionnelles.

Au-delà de cela, il faut éviter de donner trop d’espoir, car en allant lentement, on va pouvoir faire décoller la domotique en France. J’ai bon espoir que le marché arrive à maturité mais il a besoin de la réussite de ce type d’offre. Pour l’instant, chaque opérateur travaille sur son offre, propre à leur technologie et pour l’instant très peu inter-opérable c’est-à-dire qu’elle ne sera pas compatible avec les outils d’un autre opérateur et cela pour moi c’est un inconvénient majeur.

Il est donc un peu tôt pour se lancer, il faut attendre l’arrivée de vrais périphériques afin de ne pas décevoir les clients.

Pour l’instant, les opérateurs ne proposent que des offres gérant la sécurité tel que le «Home by SFR » ou le pack «Home Security», peut-on dire que ces fonctions s’intègrent dans le champ d’action de la domotique ?

La domotique c’est rendre communicantes toutes les fonctions de la maison. Si ces offres ne concernent que des fonctions de sécurité, à mon sens, elles ne s’intègrent pas dans la domotique, car le but même de ce secteur  - et c’est comme cela qu’il trouvera son public – c’est d’être transversal en englobant à la fois les économies d’énergies, le confort, et le multimédia.

Si ces packs ne comportent que des détecteurs anti-intrusion, on ne peut pas réellement parler de domotique. Ces offres sont donc parcellaires, à la limite de la domotique mais elles ne sont que la porte d’entrée vers des fonctions plus abouties.

Les fournisseurs d’accès internet, notamment SFR, ont prévu d’y ajouter en fin d’année des fonctions de pilotage de volets roulants, de luminaires ou de gestion d’énergie. Si ces objectifs sont tenus, pourrons-nous considérer que les FAI ont appréhendé la domotique ?

Ce ne sont que des effets d’annonce et on va toucher, je crois, aux limites de ces offres. Si on veut pouvoir piloter les volets, la chaudière ou les lumières d’un foyer, le pack ne suffira pas, il nécessitera l’intervention d’un professionnel. Le client ne sera pas aussi autonome que lorsqu’il installe sa box internet aujourd’hui. Je crois que les opérateurs parlent sous l’effet de l’enthousiasme mais que leurs projets demandent une mise en œuvre bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Vous avez laissé entendre que la domotique en France ne décollait pas. Mais ce fait est-il uniquement français ? Comment se porte ce secteur en Europe ?

En réalité, chaque pays s’approprie un aspect de la domotique. Aux Etats-Unis, elle est axée essentiellement sur l’audio-vidéo, dans les pays scandinaves, elle est liée aux télécoms, en Italie ou en Espagne elle s’attaque à tous les aspects de sécurité et en Allemagne ou en Suisse elle s’est attachée à la gestion de l’énergie. Peu de pays ont une approche transversale, en dehors de certains secteurs particuliers que sont le handicap ou l’autonomie pour les seniors qui rassemblent les projets les plus aboutis. D’autre part, la Corée du Sud et le Japon ont décidé de miser essentiellement sur le haut de gamme et proposent bien sûr des offres très transversales.

En France, il me semble que ce sont les distributeurs de matériels et les distributeurs d’énergie qui sont le mieux placés techniquement pour pouvoir toucher de façon optimale le grand public.

Propos recueillis par Priscilla Romain

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