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Comment la crise de la zone euro a accéléré les flux migratoires et créé une fuite des cerveaux
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Du fait de la crise financière puis économique, l'Europe connaît de nouvelles turbulences migratoires. Si les plus qualifiés quittent désormais le vieux continent, les migrations intra zone euro (Sud vers le Nord) n'ont elles pas connu d'accélération significative.

L’Europe est devenue, au cours de ces vingt dernières années, l’une des premières destinations migratoires au monde. Mais la crise a introduit de nouvelles turbulences migratoires, sans pour autant accélérer significativement le départ des Européens du Sud vers d’autres pays d'Europe.

Ainsi, l’Espagne, devenu le second pays en Europe pour le nombre de ses étrangers (5,7 millions) après l’Allemagne, a connu un mouvement de retour au pays d’origine d’immigrés latino-américains privés d’emplois dans les secteurs où ils travaillaient (la construction notamment), et devant faire face au paiement de leurs logements.

De jeunes Espagnols diplômés sont également partis tenter leur chance dans les pays latino-américains émergents, tels que le Brésil et le Venezuela, mais aussi en Argentine et en Uruguay. On constate le même phénomène de départ des qualifiés en Italie, attirés par l’Argentine, l’Australie et l’Europe du Nord et de l’Ouest, tandis que les étudiants grecs regardent vers l’Australie ou les États-Unis, et les jeunes portugais tentent leur chance au Brésil. Il est toutefois difficile de fournir des chiffres précis sur le nombre de ces expatriés. Ces derniers migrant librement et pour des séjours de courte durée le plus souvent.

En revanche, la crise économique n’a pas eu d’effet massif sur la flexibilité du marché du travail entre nationaux et étrangers dans les pays d’Europe du sud. Autrement dit, les nationaux européens au chômage ne sont pas venus occuper les postes laissés par les immigrés, du fait notamment de la nature de ces emplois : postes souvent pénibles, mal payés, soumis aux intempéries ou exposés aux accidents du travail. Ainsi, le nettoyage, la restauration, la garde des personnes âgées, les travaux publics, le textile, l’agriculture sont souvent laissés aux nouveaux venus, sans papiers.

Quatre traits caractérisent donc les flux migratoires dans l’Europe du sud : le départ d’Européens très qualifiés à l’étranger, la persistance du besoin de main-d’œuvre dans les métiers du « care » (soins), la demande forte de main-d’œuvre pour l'assistance aux seniors, et le coup d’arrêt porté à certains secteurs comme le bâtiment.

A une échelle plus large, la crise financière de 2008 et la récession qui a suivi se sont traduites par un ralentissement des flux migratoires, dont les caractéristiques peuvent être ramenées à cinq (selon OCDE) :

  • Les besoins de main-d’œuvre existent à tous les niveaux de qualification, mais les canaux légaux d’entrée sont peu ouverts aux moins qualifiés. Ces derniers se sont heurtés à une forte restriction légale à leur droit d’entrée (les pays européens ont privilégié l’immigration de haut niveau) ;

  • Les futurs besoins de main-d’œuvre se situeront dans le long terme, du fait notamment de l’évolution démographique des pays vieillissants d’Europe du sud, et ne pourront être satisfaits que par une immigration temporaire ;

  • Les employeurs doivent contribuer à identifier les besoins et à respecter les règles d’embauche légale, car beaucoup d’emplois non ou peu qualifiés sont exécutés au noir ;

  • Les pays d’accueil peuvent encourager les pays de départ à gérer leur diaspora à l’étranger, et à développer des partenariats pour permettre une meilleure fluidité des migrations ;

  • Malgré la crise, les entrées de travailleurs immigrés se sont poursuivies dans les secteurs qualifiés et non qualifiés. La recherche de travailleurs très qualifiés s’est par contre maintenue.

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