Les "classes créatives", cette nouvelle catégorie de travailleurs qui a pris le pouvoir grâce à la crise<!-- --> | Atlantico.fr
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30% des Américains feraient partie des « travailleurs créatifs », qui comprennent les scientifiques, les ingénieurs, les architectes, les designers, les artistes…
30% des Américains feraient partie des « travailleurs créatifs », qui comprennent les scientifiques, les ingénieurs, les architectes, les designers, les artistes…
©Reuters

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Loin d'être de simples "bobos" ou des "indignés", ils pourraient bien être une des clefs de la croissance... et la future classe dominante.

Morgan Bourven

Morgan Bourven

Morgan Bourven est guide pour l'agence Young Pioneer Tours.  Il a également un blog de voyages.

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"Travailleur, créatif, ambitieux, je suis à la recherche d’un poste de consulting », se décrit Claude. « Je suis un travailleur créatif 2.0, disponible pour mission freelance », surenchérit Grégoire. Sur les réseaux sociaux professionnels, de type Linkedin, les « créatifs » sont légion.

Il y a dix ans, la Grande-Bretagne a été le premier pays à les définir officiellement. Les industries créatives sont celles qui « trouvent leur origine dans la créativité, la compétence et le talent individuels, et ont un potentiel pour créer de la richesse et des emplois à travers la génération et l’exploitation de la propriété intellectuelle» (Department for Culture, Media and Sport 2001), précise le site Métropolitiques.

A la même époque, de l’autre côté de l’Atlantique, Richard Florida sortait un livre qui allait faire date :La montée des classes créatives, qui ressort pour son dixième anniversaire dans une version mise à jour. « Sa lecture devrait être obligatoire pour tous les décideurs économiques », écrit Dylan Jones-Evans dans le Wales Online. Car la thèse du livre peut se résumer à une phrase : « l’accès aux gens créatifs correspond, pour les entreprises modernes, à l’accès au charbon et au fer pour la sidérurgie ».

Selon lui, 30% des Américains feraient partie des « travailleurs créatifs », qui comprennent les scientifiques, les ingénieurs, les architectes, les designers, les artistes… « Tous ces gens dont la fonction est de créer de nouvelles idées, de nouvelles technologies et du contenu créatif », écrit-il. Business Insider va plus loin, en expliquant que la montée de cette classe - qui "prend le pouvoir" - s’explique par la révolte des jeunes contre le système financier de Wall street. Des jeunes qui cherchent à pouvoir s’exprimer dans leur quotidien, et ne souhaitent pas seulement avoir le plus gros salaire. « Les tatouages et les piercings sont de plus en plus courant au bureau, car le cerveau est considéré comme plus important que l’apparence des gens », écrit Asley Lutz.

Pour Richard Florida, interviewé par le Seatle Times, la crise économique a été un tournant pour cette catégorie de travailleurs, en montrant les limites du Fordisme, qui considérait les employés comme des consommables tout juste bons à construire des maisons financées par les subprimes. « La bulle a explosé », explique-t-il, et il faudra une ou deux générations pour s’en remettre. En attendant, « on est divisés. Et les travailleurs manuels sont en colère contre les avantages et le côté « précieuses ridicules » des créatifs ». Des avantages comme le taux d’emploi : les créatifs ont deux fois moins souffert de la crise économique que les travailleurs manuels...

Développer la créativité à l’université

Si les créatifs sont l’avenir du monde de l’entreprise - ils représentaient déjà 3% de l'emploi total en Ile-de-France en 2010 - pourquoi la créativité n’est-elle pas plus encouragée ? C’est la question que s’est posée l’entreprise de logiciels informatique Adobe. Selon une étude publiée début juillet par la firme, 78% des employés pensent que la créativité est primordiale pour la croissance économique, mais 80% estiment qu'on leur demande surtout d'être productifs, pas créatifs.

La moitié des salariés disent qu’ils sont censés être créatifs au travail, mais seulement 31% pensent véritablement utiliser leur potentiel. Un tiers des employés trouvent en fait qu’ils manquent de temps pour réfléchir et qu’ils devraient bénéficier de périodes consacrées à la création de nouveaux concepts. Un peu à l’image du géant Google, qui laisse ses employés travailler sur les projets de leur choix un jour par semaine… Une initiative qui leur a permis d’accoucher de la moitié des fonctionnalités développées.

Mais la faute ne vient pas que des entreprises. En 2007, le spécialiste de l’éducation Sir Ken Robinson notait que les écoles n’arrivaient pas à repérer, et encore moins à cultiver, les talents des élèves. Pour lui, « on éduque les gens pour qu’ils abandonnent leur créativité », comme il le décrit dans cette conférence.

Une vision partagée par Richard Florida, pour qui l’école en est restée à une problématique du 19e siècle : celle de créer des ouvriers. Il note d’ailleurs que les villes ayant des universités innovantes s’en sortent mieux que les autres : « La clef est d’investir dans les universités. La grande différence entre Porland et Seattle (ndlr : berceau de Boing, Microsoft, Amazon ou Starbucks), c’est que cette dernière a un établissement de renommée mondiale ».

Les conseils pour être créatifs

Si vous êtes déjà sorti de l’université (qu’il s’agisse de celle de Seattle ou non), rassurez-vous : il vous est possible de développer votre propre créativité. Richard Florida a en effet identifié les trois clefs de la créativité en entreprise : l’individualité (qui vous permet de vous différencier des autres), le mérite (qui favorise le travail et l’envie de bien faire) et l’ouverture à l’autre (afin de créer une atmosphère agréable pour tous).

Si l’écrivain Rita Mae Brown expliquait que « La créativité vient de la confiance. Faites confiance à vos instincts », voici d’autres conseils dispensés par Jackson Free Press qui pourraient vous aider :

-          Soyez curieux. Posez-vous des questions simples, comme « Comment pourrais-je simplifier cette procédure ? » Ensuite, il n'y a plus qu'à ranger les pièces du puzzle.

-          Soyez organisé. L’inspiration n’arrive pas par hasard. Laissez-vous un moment (par exemple, 15 minutes par jour) pour réfléchir à vos projets ou à un sujet qui vous préoccupe, sans penser seulement à la productivité.

-          Voyez chaque projet comme une expérience. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend, dit l’adage…

-          N’ayez pas peur de l’inconnu. La créativité, c’est aussi ne pas savoir comment un projet va évoluer, ou quelle nouvelle technique il va falloir apprendre.

Morgan Bourven

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