Chômage : derrière les chiffres mensuels, l’effroyable catastrophe sociale des chômeurs de longue durée sacrifiés par le quinquennat Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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Au regard des chiffres publiés par la DARES, il apparaît en effet que le nombre de chômeurs en catégorie A a augmenté de 586 600 personnes entre mai 2012 et septembre 2016.
Au regard des chiffres publiés par la DARES, il apparaît en effet que le nombre de chômeurs en catégorie A a augmenté de 586 600 personnes entre mai 2012 et septembre 2016.
©Pixabay

Tsunami

Malgré les nombreux écueils qui se présentent à lui sur la route de l'Élysée, François Hollande espère encore voir l'inversion de la courbe du chômage s'ancrer dans la tête des français. La publication des chiffres attendus ce soir seront peut-être décisifs avant l'annonce d'une éventuelle candidature.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Ce 24 novembre, à 18h00, seront publiés les chiffres du chômage pour le mois d'octobre 2016. Une livrée très attendue par François Hollande, qui croise les doigts pour pouvoir s'emparer d'une amélioration de la situation de l'emploi comme strapontin permettant de justifier sa candidature à la présidentielle. Le Président de l'inversion de la courbe du chômage. Pourtant, et malgré les innombrables et maladroites tentatives du gouvernement, il est d'ores et déjà acté que le quinquennat Hollande se soldera par une lourde détérioration de la question du chômage en France.

Au regard des chiffres publiés par la DARES, il apparaît en effet que le nombre de chômeurs en catégorie A a augmenté de 586 600 personnes entre mai 2012 et septembre 2016. Si l'on préfère prendre en compte l'augmentation "large" c’est-à-dire tenant compte des catégories A,B et C, la hausse décompte alors 1.154 million de personnes. Dans ces conditions, et même si François Hollande raisonne en termes de "courbe" et non en termes de "personnes", il sera bien compliqué de pouvoir s'affranchir de la réalité de la situation.

DARES. Septembre 2006 – Septembre 2016. Nombre de chômeurs en catégorie A. Source. Dares.

Derrière cette première approche, d'autres situations ont également pu se dessiner au cours de ce quinquennat, notamment en ce qui concerne les chômeurs de longue durée, c’est-à-dire les personnes étant sans emploi pour une période supérieure à 1 année. Entre mai 2012 et septembre 2016, les chômeurs de longue durée ont vu leurs effectifs progresser de 732 400 personnes.

Et c'est sans doute le véritable bilan à prendre en compte pour François Hollande, car au-delà d'un contexte conjoncturel de personnes qui parviennent à se réinsérer dans le monde du travail après un court épisode d'inactivité, la réalité des chômeurs de longue durée, devenant des chômeurs "structurels" est bien différente.

En premier lieu, le chômage de longue durée est une plaie en soi. En effet, alors qu'il est régulièrement avancé que les personnes concernées sont celles qui présentent les profils les moins adaptés à un retour à l'emploi, cette situation opérant une sorte de tri "naturel" entre bons et mauvais candidats, il est donc logique que leur situation perdure. Les économistes Katharine G. Abraham, John C. Haltiwanger, Kristin Sandusky, James Spletzer, ont pu démontrer que cette hypothèse ne tenait pas. Ainsi La seule mention du "chômage à longue durée" suffit en elle-même à disqualifier le candidat, et ce, en dépit de ses qualités. Au-delà des qualifications, de l'expérience, le simple stigmate du chômage à longue durée suffit à exclure les personnes concernées des personnes étant susceptibles de retrouver un emploi.

Il apparaît en outre que lorsque les chômeurs de longue durée retrouvent le chemin de l'emploi, celui-ci est précaire. Une réalité relevée par leBrookings Institute dès 2014 :

"Même si les chômeurs de longue durée ont à peu près une chance sur dix de retrouver un emploi, lorsqu’ils retrouvent effectivement un emploi, celui-ci est souvent transitoire. Après 15 mois, les chômeurs de longue durée ont deux fois plus de chance de ne plus être comptabilisés dans la population active que d’être dans une situation d’emploi stable et à temps complet."

Ainsi, et en se posant la question de ce que deviennent les chômeurs de longue durée, lorsque ceux-ci ne touchent plus leurs allocation chômage, il convient alors de constater les chiffres relatifs aux personnes touchant l'ASS, c’est-à-dire l'allocation de solidarité spécifique qui vient soutenir les chômeurs en fin de droits, et ayant travaillé au moins 5 ans au cours des 10 dernières années. Et là encore, les effectifs ont largement progressé sous le quinquennat de François Hollande, passant de 340 800 personnes en 2011 à 438 600 à la fin 2015, soit +28% de hausse en 4 années.

Cependant, puisque l'ASS est versée sous conditions, il est également utile de rechercher la hausse des allocataires d’autres minimas sociaux : +22% pour le RSA socle entre la fin 2011 et la fin 2015, (passant de 1 411 300 à 1 734 600 personnes). Un chiffre qui peut être étendu au concept de population couverte, c’est-à-dire en comptabilisant l'allocataire, son conjoint, et les personnes à charge. Et ici, la hausse atteint également 22%, mais pour en arriver à un total de 4 .011 millions de personnes concernées par le RSA socle (soit 535 euros par mois).

Outre la hausse du taux de suicide, les conséquences psychologiques, sur la santé, sur les situations de famille ne sont évidemment pas neutres. Les résultats sont tels qu’il serait mal élevé de les évoquer. Ce serait du misérabilisme. Le Conseil économique et social avait ainsi rappelé, en mai 2016, certains de ces effets secondaires (entre les décès, les dépressions, les divorces, les baisse des résultats scolaires des enfants etc…).

Ce sont ces chiffres qui devraient attirer des regards de grande humilié de la part du gouvernement, afin de comprendre les raisons de son échec. Et de prendre en compte le coût humain des erreurs commises, et ce, alors même que les questions relatives à la faible croissance et au chômage élevé suscitent de moins en moins de controverses au niveau académique (la crise actuelle est une crise de la demande, un diagnostic partagé aussi bien par les monétaristes les plus libéraux que par les keynésiens). En attendant que la lumière arrive à tous les étages, François Hollande attend ses chiffres pour ce soir.

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