Choc avec l'iceberg Closer : les 4 voies d'eau qui pourraient faire sombrer le navire Hollande <!-- --> | Atlantico.fr
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Les révélations de Closer révèlent-elles d'autres travers du président ?
Les révélations de Closer révèlent-elles d'autres travers du président ?
©Reuters

Game lOver ?

Si l'affaire Gayet prend une tournure de plus en plus baroque, on peut en arriver à se demander si cette histoire digne d'un vaudeville ne pourrait pas finir par prendre une tournure politique sérieuse. En révélant implicitement plusieurs travers du président de la République, les révélations de Closer pourraient aller bien au-delà de la simple sphère amoureuse.

Jérôme Fourquet et André Bercoff

Jérôme Fourquet et André Bercoff

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’IFOP.

André Bercoff est journaliste et écrivain.

Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), et plus récemment Qui choisir (First editions, 2012

 

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Quels traits de caractère imputés au président la façon dont il semble avoir géré cette "love affair" vient-elle confirmer ? Et quelles pourraient en être les conséquences politiques ?

L'insincérité : selon une amie proche de Valérie Trierweiler qui s'est livrée au Parisien, cette relation, que François Hollande n'a pas démentie et qui durerait depuis plusieurs mois, n'aurait été confirmée à la Première dame que la veille de la publication des photos. 

André Bercoff :Hollande ne ment pas plus que n’importe quel politicien de moyenne portée. Le hic, est qu’il veut faire plaisir à tout le monde et donc ne heurter personne. Plus dures deviennent, du coup, les chutes éventuelles. Ce qui est étonnant dans cette affaire, c’est que François Hollande a laissé de lui-même un feuilleton d’ordre strictement privé se transformer en une séquence politiquement explosive, n’en déplaise aux commentateurs qui n’ont de cesse que de jouer les protecteurs effarouchés de l’intimité. Il y a ici, chez celui qui est encore le premier des socialistes, un « laisser-faire, laisser-aller » qui rendrait jaloux le plus ultralibéral des économistes. A partir du moment où – ce qui est son droit le plus strict – il a des relations avec une nouvelle conquête, comment cet homme aussi subtil qu’affûté, ne se rend-il pas compte que les deux locomotives Gayet et Trierweiler roulent sur les mêmes rails et que la collision sera tôt ou tard inévitable ? Au-delà des rumeurs et des théories complotistes aussi vaines qu’inutiles, il y a quand même, de la part du chef de l’Etat, une imprudence stratégique et une légèreté tactique qui transforment la rue de l’Elysée en ruelle du Cirque, et vice versa. Il se voulait César : il ne joue que Feydeau. Il n’est pas certain que les citoyens-spectateurs s’en réjouissent outre mesure.

L'indécision

André Bercoff : La crédibilité de François Hollande n’a pas attendu cette affaire pour dégringoler dans l’opinion : il n’y a qu’à lire la totalité des sondages depuis huit mois. Il paie cher de ne pas avoir immédiatement affiché sa dimension sociale-libérale et les moyens nécessaires de combattre les douze plaies françaises. Il a pris certes des mesures positives, mais a reculé sur trop de fronts (épargne, éco-taxe, etc...) pour que la majorité de ses compatriotes cesse de douter de sa capacité à trancher le nœud gordien des blocages nationaux.

Jérôme Fourquet : François Hollande a souvent été présenté comme "l'homme de la synthèse" quand il était à la tête du PS mais c'était également une façon de dire qu'il n'avait pas de positions clairement arrêtées et qu'il n'aimait pas à avoir à trancher. Durant le début de son quinquennat, cette incapacité à trancher lui a aussi été souvent reprochée en même temps qu'il subissait le cours des choses. La séquence qu'il avait initiée lors des vœux se voulait une réponse - plutôt réussie - à ces deux critiques récurrentes : il se remettait au centre du jeu en imposant son tempo tout en clarifiant et affirmant sa ligne sociale-libérale, ces dernières révélations sur sa vie privée sont venues réduire à néant ses efforts.

Il va devoir rapidement trancher au plan de sa vie privée et indiquer qui est la première dame en titre, car d'affaire privée cette histoire est devenue une affaire publique qui déteint sur son image et vient souligner un de ses principaux points faibles.

La légèreté : dans son rapport à la sécurité mais aussi aux institutions.

André Bercoff : Il est évident que faire trois minutes de moto-cross entre un salon et un autre avec son garde du corps, n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux à faire en matière de protection, en ces temps terroristement difficiles. Quant à Valérie Trierweiler, fallait-il vraiment lui donner le statut de première dame de France avec bureau à l’Elysée, nombre de collaborateurs et voyages officiels à la louche ? Il n’y avait certes pas la nécessité d’épouser la journaliste de Paris-Match, mais il ne fallait pas en faire sa partenaire aux yeux du monde entier pour l’exposer un jour au choc des photos, inéluctable en cette période d’exhibition universelle. La lancinante légèreté de l’être Hollande a de quoi faire rêver...

Le rapport avec les femmes : les électrices, pourraient-elles lui tenir particulièrement rigueur de son attitude ?

André Bercoff : Difficile à dire. L’hospitalisation de Valérie Trierweiler, si elle se prolonge, ne joue certainement pas en sa faveur. Tout être humain a droit à ses inclinations et à ses changements, mais il faut impérativement qu’il les assume enfin et qu’il ne continue pas à entretenir cette ambiguïté qui l’a précipité, dans d’autres domaines, vers les abîmes d’impopularité.

Jérôme Fourquet : Nous ne disposons pas à ce jour de données nous permettant de nous prononcer sur ce sujet mais l'on peut penser que la façon dont va être "traitée" Valérie Trierweiler et la manière dont celle-ci réagira et communiquera dans les prochaines semaines pourrait avoir une influence sur l'image du président auprès des femmes, mais aussi auprès des hommes !

Comment ses adversaires, mais aussi ses futurs partenaires, pourraient-ils tirer profit de ces faiblesses ? Cette révélation peut-elle concrètement handicaper le programme qu'il s'est fixé pour 2014 ?

André Bercoff : Adversaires et partenaires sont à la manœuvre depuis pas mal de temps ; mais la Constitution de la Vème République fait encore la force de Hollande. La conférence de presse de mardi après-midi va ressembler, en partie, à une prouesse de funambule de haute volée. Chacun sait ce qu’il y a dans la tête des journalistes qui poseront les premières questions. Ou il répond et la corrida, même feutrée, éclipsera le programme de refondation qui signe le nouveau départ du quinquennat ; ou il ne répond pas, et les concubines seront présentes dans la salle comme autant de statues du Commandeur. Cette conférence de presse tiendra de la traversée de l’Atlantique en solitaire avec les mains liées derrière le dos.

Quels points doit-il impérativement et rapidement clarifier ?

André Bercoff : Admettre définitivement qu’un homme public de son rang ne peut avoir de vie privée. Ce qui veut dire qu’il doit être là-dessus inattaquable. Clarifier au plus vite sa position personnelle et sentimentale. Et assumer enfin pour le reste, sa social-démocratie en ne se contentant pas de déclarations générales, mais en disant concrètement ce qu’il fera pour sortir la France du parking. 

Jérôme Fourquet : Au delà de sa situation personnelle sur laquelle il faudra qui il s'exprime aujourd'hui ou très bientôt, c'est au cœur des attentes des Français qu'il s'agit en priorité de répondre. A ce titre, il devra transformer l'essai des vœux et donner des gages très tangibles et concrets de sa volonté "d'accélérer les réformes". Cela peut passer par un certain nombre d'annonces sur ce qui serait proposé aux entreprises dans le cadre du "pacte de responsabilité" ainsi que sur un calendrier précis et resserré des prochaines étapes avec notamment le recours aux ordonnances.

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