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Champions du monde ! Et maintenant, ce que peut vraiment espérer Emmanuel Macron
©FRANCK FIFE / AFP

Effet Coupe du monde

La victoire de 2018 ne sera pas celle de 1998 … pour la cote du Président de la République. Macron n’est pas le Chirac de 1998 au soutien inconditionnel aux Bleus et, seconde ombre au tableau, la situation économique de 2018 est moins bien orientée qu’en 1998, ces deux éléments suffisent à eux seuls pour priver le Président de profiter à plein du bonus de popularité promis par le modèle ElectionScope en cas de victoire des Bleus.

Bruno Jérôme

Bruno Jérôme

Bruno Jérôme est économiste, maître de conférences à Paris II Panthéon-Assas.

Il est le co-fondateur du site de prévisions et d'analyses politico-économiques Electionscope.

Son ouvrage, La victoire électorale ne se décrète pas!, est paru en janvier 2017 chez Economica. 

Bruno et Véronique Jérôme ont aussi publié Villes de gauche, ville de droite: trajectoires politiques des municipalités françaises 1983-2014,  Presses de Sciences-Po, 2018, en collaboration avec Richard Nadeau et Martial Foucault.

Voir la bio »
Véronique Jérôme

Véronique Jérôme

Véronique Jérôme est maître de conférences en sciences de gestion à l'Université de Paris-Sud Saclay, Docteur HDR en sciences économiques de l'Université Paris-I, lauréate de la Bourse Louis Forest de la chancellerie des Universités de Paris et chercheuse associée au Largepa de Paris II. 

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Bruno Jérôme est économiste, maître de conférences à Paris II Panthéon-Assas.

 

 

Bruno et Véronique Jérôme ont aussi publié Villes de gauche, ville de droite: trajectoires politiques des municipalités françaises 1983-2014,  Presses de Sciences-Po, 2018, en collaboration avec Richard Nadeau et Martial Foucault.

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La coupe devrait « sur le papier », ou plus précisément selon le modèle, rapporter pas moins de 13 points de popularité supplémentaires au Président de la République, contre 10 points pour une seconde place. « Devrait », car il y a certaines conditions à observer pour que cela se passe ainsi (voir notre précédent papier du 13 juin 2018).

Plus précisément, le lien établi par le modèle ElectionScope entre bons résultats des Bleus et gain maximal en popularité ne vaut qu’à condition que les français soient convaincus d’un soutien inconditionnel du Président aux Bleus et qu’ils disent ressentir l’amélioration de la situation économique. 

Macron 2018 n’est pas le Chirac 1998

Il en va ainsi de l’attitude du Président Macron, affichant peu de temps avant le début de la coupe du monde un soutien que l’on peut qualifier de « conditionnel ». Il s’est d’emblée démarqué d’un Président Chirac qui, en 1998 avait très tôt, et envers et contre tous, affiché un soutien indéfectible, sincère et crédible envers des Bleus que personne ou presque –le Président excepté- ne voyait remporter la coupe. Les 15 points de popularité récoltés, Chirac les a « bien mérités », pourrait-on dire car il a « mouillé le maillot »  pour reprendre une expression chère au monde du foot. Macron n’a pas osé un tel engagement –à tout le moins pas de façon visible-. Il est allé voir les Bleus à Clairefontaine et a posé « ses conditions » : je ne viendrai vous voir qu’en demi-finale, pas avant. Le soutien est moins entier, certains ont pu y voir la peur de s’engager derrière un entraîneur que beaucoup commençaient à contester (comme le fut Aimé Jacquet en son temps), d’autres (dont le Président, faisant suite à la démission de Zidane du Réal) ont même dit ouvertement qu’ils attendaient le retour à terme de Zidane. Ce fut donc de la part d’Emmanuel Macron un soutien « conditionnel », comme un refus du risque, mais ceci pourrait bien réduire le bénéfice que le modèle lui annonce d’une victoire des Bleus sur sa popularité.
Ce soutien plutôt timide et surtout conditionnel, risque d’être mal interprété par des français fiers d’une seconde étoile en coupe du monde, de leur équipe et de son entraîneur Didier Deschamps. Le Président pourrait être «mis sur la touche »  pour n’avoir pas donné aux Bleus un soutien précoce et inconditionnel comme le fit Chirac en 1998. On est ici dans le domaine du subjectif et de l’émotionnel, mais des indices vont déjà dans ce sens comme le sondage en page une du Figaro du 11 juillet où seulement 43% des 43576 répondants considèrent que «  le parcours de l’équipe de France favorise la cohésion nationale ». S’ajoutent à cela la remontée du chômage en mars 2018 et la détérioration en juin de la confiance (Insee) des ménages dans la situation économique, qui atteint un plus bas depuis août 2016.
La victoire ne peut pas tout, et surtout, elle ne pourra pas faire oublier bien longtemps une situation économique qui peine pour l’heure, à retrouver le chemin d’une croissance solide et durable.

It’s the Economy stupid ! N’oublions pas que la situation économique impacte inévitablement le jugement des français et donc la popularité du Président

 La seconde conclusion des résultats de notre modèle, enseigne que le gain de popularité est maximal quand il y a concomitance entre bonne situation économique et bons résultats des Bleus, ou dit autrement quand les deux « équipes », gouvernementale et sportive, performent.
Et, là  force est de constater, que comparé à 1998, le compte n’y est pas, quand Jacques Chirac (en cohabitation) pouvait se targuer d’une croissance frôlant les 3,5% Emmanuel Macron ne peut que se contenter d’un benchmark favorable avec François Hollande, ou Nicolas Sarkozy, mais ce n’est qu’un « second best », qu’une situation dont on doit se satisfaire faute de mieux. La France mérite mieux, les français attendent plus, ils veulent aussi que l’équipe gouvernementale marque des points, des points de croissance, des points dans la lutte contre le chômage … Les français pourraient s’impatienter, après les promesses électorales, le temps fut venu de la mise en place de nombreuses –trop nombreuses ?- réformes. Désormais les français attendent des résultats visibles dans leur quotidien et le ressenti d’une réelle amélioration. 

Les français attendent une équipe gouvernementale aussi performante que les Bleus

Ne gâchons pas la fête, la coupe du monde est une fierté pour le pays, et chacun a le droit de s’en réjouir, mais elle ne pourra pas durablement faire oublier que les français attendent que l’équipe gouvernementale soit elle aussi performante. Dans le cas contraire, le bonus de popularité dû aux bons résultats des bleus ne pourrait être qu’éphémère.

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