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Le jubilé de platine de la reine Elizabeth II est célébré à partir de ce jeudi 2 juin au Royaume-Uni.
Le jubilé de platine de la reine Elizabeth II est célébré à partir de ce jeudi 2 juin au Royaume-Uni.
©Daniel LEAL / AFP

Jubilé de platine

Emmanuel Macron l’avait dit, depuis l’exécution de Louis XVI, les Français ont la nostalgie d’un monarque. C’est certainement vrai. Mais pourquoi ?

Chantal Delsol

Chantal Delsol

Chantal Delsol est journaliste, philosophe,  écrivain, et historienne des idées politiques.

 

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Atlantico : Emmanuel Macron l’avait dit, depuis l’exécution de Louis XVI, les Français ont la nostalgie d’un monarque. De l’autre côté de la Manche, la reine Elizabeth II célèbre son jubilé et continue de jouir d’une forte popularité. Qu’est-ce qui dans la figure du monarque, et d’Elizabeth II en particulier, peut manquer à la politique française ?

Chantal Delsol : La monarchie apporte à la politique une continuité, et en même temps une distance, qui n’existent pas dans les régimes républicains. La distance est rendue possible par la continuité : le monarque n’est pas contraint par la durée du mandat, il n’a pas le nez sur le guidon, il n’est pas affolé en permanence par l’idée de perdre son pouvoir. Il y a autre chose de très fort : les sentiments que le peuple nourrit à l’égard de son monarque – il l’aime ! En tout cas le monarque y veille (c’est fou comme les rois d’Angleterre veillent aux sondages concernant leur popularité). Et cet amour du peuple pour le roi est un lien puissant. Tout cela évidemment manque à notre régime républicain. Mais les Français ne sont pas du tout monarchistes ! Je suis sûre que si l’idée d’un retour de la monarchie perçait ici de façon sérieuse, « les chassepots partiraient tout seuls », comme on disait dans les campagnes.

L’aspiration à la figure monarchique est-elle révélatrice de la crise d’autorité et de légitimité du politique en France ? A quoi est-elle due ? La figure monarchique serait-elle une véritable réponse ?

Il y a une crise de l’autorité, mais encore une fois je ne crois pas du tout qu’il y ait une aspiration à la figure monarchique. Laquelle d’ailleurs ne serait pas une réponse : quand il y a crise de l’autorité, cela concerne toutes les autorités. La légitimité du politique est en crise comme la légitimité des parents dans la famille, des enseignants dans les lycées, et des médecins dans les hôpitaux. Nous sommes dans une période de doute universel quant à la valeur des paroles d’autorité, quelles qu’elles soient.

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On répète souvent que les présidents français tendent à être des monarques et ont tendance à se penser comme tels, la présidence jupitérienne d’Emmanuel Macron n’étant que le dernier exemple en date. Pourquoi aucun de nos présidents qui se prennent pour des monarques ne parviennent à incarner le point d’unité, la figure de loyauté et l’autorité tranquille qu’elle incarne ?

Oui on peut croire que le bonapartisme, figure bien française du politique, suivie par le boulangisme et le gaullisme, est une sorte de remplacement du monarque défunt dont il avoue la nostalgie. Et pourtant : le bonapartisme n’est qu’une caricature de la monarchie, sa contrefaçon, sa singerie ! Il s’apparente plutôt à une dictature, menée par un parvenu autoritaire, anxieuse de perdre le pouvoir. Beaucoup de nos présidents tentent en effet de gouverner comme des monarques. La constitution de la V° a été faite pour cela. La centralisation française y conduit tout droit. Mais ce sont plutôt là des dénis de démocratie, et non des promesses de monarchie. Une monarchie constitutionnelle à l’anglaise est beaucoup plus démocratique que la république à la française : regardez notre Parlement-croupion. Croyez-moi, avoir un roi ou n’en pas avoir, c’est une question secondaire. Ce qui compte, c’est la démocratie.

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