Ces vrais dangers de la chirurgie des (grosses) fesses… qui ne ralentissent absolument pas la demande<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Brazilian Butt Lift a notamment été popularisé par Kim Kardashian.
Le Brazilian Butt Lift a notamment été popularisé par Kim Kardashian.
©Christopher Polk / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Callipygisme

Le Brazilian Butt Lift, l'augmentation du volume des fesses par injection de graisse, est une technique de chirurgie esthétique dont le succès va croissant. Les risques sont pourtant nombreux et le résultat, pas toujours à la hauteur des attentes.

Jonathan Haddad

Jonathan Haddad

Le Dr Jonathan Haddad est chirurgien plastique. Le Docteur Haddad a bénéficié d’une formation chirurgicale dans les plus grands services de chirurgie esthétique à Paris et unités des grands brûlés. Le Dr Jonathan Haddad est ancien interne des Hôpitaux de Paris, notamment à l’Hôpital Saint Louis, où il a été nommé Chef/Assistant hospitalier pendant une durée de 3 ans. Le Docteur Haddad opère à la Clinique de la Muette (Paris 16), et également à l’Hôpital Nord Parisien (Val d’Oise). Vous pouvez retrouver son site internet à cette adresse : https://drjonathanhaddad.com/
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Atlantico : Le Brazilian Butt Lift, l'augmentation du volume des fesses par injection de graisse (lipofilling), est en forte hausse. En quoi consiste cette chirurgie ?

Jonathan Haddad : Il y a un vrai engouement pour le Brazilian Butt Lift depuis quelques années. Les demandes ont explosé depuis une dizaine d’année. Cela fait suite à l'intervention de certaines personnalités, comme Kim Kardashian, qui ont augmenté leur fessier.

L'avantage du Brazilian Butt lift est double : augmenter la taille des fesses, mais aussi et surtout redéfinir la silhouette. Il s'agit d'aspirer au maximum les hanches au-dessus des fesses pour creuser la taille, puis d'injecter de la graisse au niveau du cadran supéro-externe de la fesse afin de donner du volume et de la projection.

Ce n'est pas seulement l'injection de la graisse qui donne du volume, mais la liposuccion haute-définition associée qui va creuser la taille, accentuer la courbure et augmenter le volume fessier. Cette intervention se fait le plus souvent sous anesthésie générale, avec une nuit d'hospitalisation.

Les hanches, le ventre, les cuisses, la culotte de cheval et les genoux peuvent être aspirés par liposuccion. Cette technique fonctionne très bien, surtout chez les patientes qui ont des zones graisseuses localisées. En aucun cas cette chirurgie ne fait perdre de poids, il est bon de le rappeler. On ne pourra pas utiliser cette technique chez une patiente très fine ou ayant perdu beaucoup de poids suite à une chirurgie bariatrique, en raison d’une absence de zone graisseuse à aspirer.

Lorsque l’on pratique un lipofilling, au niveau des fesses ou des seins, 30 à 50 % de la graisse réinjectée va être résorbée par le corps. Nous sommes donc obligés de surcompenser pour prévenir cette résorption graisseuse.

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Attention, il ne faut pas trop réinjecter de graisse car il y a un risque de nécrose graisseuse (cytostéatonécrose) Il ne faut pas donc trop surcharger.

Outre la nécrose graisseuse, y-a-t-il d'autres complications ?

La complication la plus redoutable est l'embolie graisseuse. Elle arrive quand on injecte de la graisse au niveau musculaire. Cela se faisait beaucoup car on pensait ainsi gagner du volume, mais on a découvert que cela entraîne un risque accru d'embolie graisseuse, qui arrive quand la graisse obstrue un vaisseau et provoque un accident vasculaire. Le fait d'injecter au-dessus du plan musculaire limite cette complication, qui devient rare.

Quelles patientes sont concernées ?

Souvent, les demandes sont très particulières. Les patientes viennent avec des photos tirées d'Instagram, veulent quelque chose de très volumineux, très conséquent. Nous devons leur expliquer que nous sommes limités, et que pour avoir le moins de complications, il ne faut pas trop surcharger car la graisse risque de ne pas tenir. En consultation, je vois beaucoup de patientes opérées à l'étranger, où les chirurgiens n'ont pas de limites : ils font des chirurgies de six ou huit heures (un Brazilian Butt Lift) avec en même temps une pose de prothèses mammaires, etc. Et sans suivi post-opératoire. Or, les complications arrivent en général deux ou trois semaines après l'opération. Je vois des patientes qui se sont fait opérer avec un résultat trop surchargé et ont connu des problèmes. Ce n'est pas forcément des nécroses, cela peut aussi être des amas graisseux qui forment des boules au niveau du fessier et qu'il faudra retirer.

Dans tous les cas, il faut que la demande soit réalisable, augmentation d’environ une taille. Pour quelque chose de plus important, il vaut mieux s'orienter vers d'autres solutions, comme les prothèses de fesse.

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Il est important que l'information soit bien donnée à la patiente.

La technique du Brazilian Butt Lift est considérée comme la plus dangereuse des chirurgies, avec un nombre de morts importants. Comment l'expliquer ?

Il y a plusieurs raisons. Auparavant, les chirurgiens injectaient auparavant la graisse au niveau du muscle, ce qui entraînait des embolies graisseuses. Le fait d'être au-dessus du plan musculaire entraîne moins de risque.

En outre, le Brazilian Butt Lift est une intervention assez longue, entre trois et cinq heures. Or, plus une intervention est longue, plus on augmente les risques : phlébite, embolie pulmonaire, infections ou problèmes post-opératoires... C'est la raison pour laquelle lorsque mes patientes me demandent des interventions doubles ou triples, je leur explique qu'il vaut mieux les faire une par une, avec un délai de deux ou trois mois entre les deux. Dans le cas contraire, on s'expose à davantage de complications.

Le Brazilian Butt Lift reste une chirurgie de confort. Il faut prendre son temps pour informer les patientes et les préparer. Je refuse deux demandes d'intervention sur trois, soit parce que les patientes sont en surpoids, soit parce que j'estime que le résultat que nous pourrons avoir ne correspondra pas à leurs attentes.

En cette fin d'année 2021, Atlantico republie certains articles importants qui l'ont ponctuée 

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