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Ces municipales dont le résultat sera (probablement) à la fois clair et incompris des principaux intéressés
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Enseignements du vote

Alors que le premier tour des élections municipales se déroule ce dimanche 15 mars, les sondages laissent présager depuis de nombreuses semaines que La République en marche n’obtiendra pas les résultats qu’elle espère... Est-ce une chance pour EELV et Les Républicains ?

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico.fr : Avec la surprise créée par Rachida Dati dans les sondages et les très bons résultats obtenus par EELV lors des européennes, ces municipales annoncent-elles la victoire de ces deux partis ? 

Maxime Tandonnet : Les Européennes ont eu lieu il y a moins d’un an. Elles ont été marquées par une catastrophe électorale pour LR : 8,6%. L’immense majorité des experts et des responsables politiques, notamment les transfuges de LR vers d’autres partis, ont alors pronostiqué, dans un bel élan  jubilatoire : « LR est mort », broyé entre LREM macroniste et le RN lepéniste. Ils se sont lourdement trompés. Les bons sondages en faveur de LR, à la veille des municipales, en particulier la surprise Rachida Dati, prouvent au contraire que, fort de son ancrage territorial, cette formation a survécu au grave revers électoral. LR est toujours vivant et enraciné dans le pays : c’est l’un des enseignements de cette campagne des municipales. Ce constat annonce-t-il de futures victoires en 2022 ? Les élections nationales sont soumises à de violents aléas et il est évidemment impossible de le dire aujourd’hui. Quant à EELV, sa réussite reflète l’engouement d’une partie de l’électorat, notamment jeune, pour les enjeux de climat et d’environnement. C’est un vote de sympathie et l’expérience montre que le succès de EELV aux Européennes et aux élections locales ne se confirme pas aux élections nationales. 

Nous sommes à quelques heures des résultats du premier tour. Depuis plusieurs semaines, les prévisions mènent à penser que LaREM n’obtiendra pas les résultats qu’elle espère... coup de chance pour EELV et LR ? Ou au contraire, est-ce simplement la conséquence de mauvais résultats de LREM et donc un vote refuge ? 

Il est indéniable que l’expérience politique LaREM a largement failli. Ce parti était composé pour une grande part de transfuges du parti socialiste qui se sont opportunément ralliés au macronisme en 2017. Sa grande ambition politique était l’anéantissement de la droite LR dans l’objectif de constituer un puissant mouvement dit « progressiste » opposé au « danger populiste ou nationaliste » qu’incarne à ses yeux le RN. Cette logique manichéenne, dominée par un affrontement titanesque entre le « bien » et le « mal », devait assurer au moins une décennie au pouvoir à LaREM. La manœuvre a largement échoué. Les transfuges de LR vers LaREM ou vers RN sont restés minoritaires. LaREM n’a pas réussi à constituer une identité autonome en dehors de la personne du chef de l’Etat. Sa greffe avec le pays n’a pas pris. Il subit de plein fouet l’impopularité élyséenne et se déchire. Il est certain que cet échec profite largement à LR qui a récupéré une partie de son électorat tenté pendant un temps par le ralliement au macronisme. Le succès de EELV en est aussi partiellement le fruit traduisant la déception de la frange la plus à gauche de LaREM qui ne revient pas vers le PS mais trouve un refuge dans le discours écologiste. 

Peut-on s’interroger sur une lecture biaisée par les partis eux-mêmes ? 

Oui, c’est un vrai risque que le résultat de ces élections fasse l’objet d’une lecture biaisée. LaREM a toutes les chances de vouloir en minimiser la portée. Elle va considérer ce scrutin comme purement local et qui plus est, dénaturé par la crise du coronavirus qui aura favorisé l’abstention. Il est vrai que la crise sanitaire créée un climat très particulier dont l’effet est de relativiser fortement la portée du scrutin. Pour autant le vote aura bien lieu malgré ce contexte tragique. Le résultat des municipales, élections locales ou non, risque de confirmer le climat de défiance envers le pouvoir LREM. Dire que cela n’aurait rien à voir avec le contexte national relèverait de la méthode Coué ou de l’aveuglement. Bien sûr les municipales comme les départementales ou les régionales font primer des enjeux locaux, mais elles reflètent aussi, et toujours, des grandes tendances de l’opinion. Un éventuel vote sanction aux municipales serait de toute évidence un signe inquiétant pour le renouvellement du pouvoir LaREM en 2022. A moins que dans le contexte de la crise, un réflexe légitimiste opère au dernier moment en faveur des autorités, mais c’est très difficile à prévoir. Pour LR, il serait tout autant déplacé de crier victoire. Le triomphe aux régionales de 2015 ne s’est pas concrétisé aux présidentielles deux ans plus tard. Tout le travail reste à faire : bâtir un projet conforme aux attentes des Français, s’entendre sur un candidat, restaurer un climat de confiance et une dynamique… Tout est possible mais nous n’en sommes pas là… 

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