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Un cépage de Pinot Noir dans un vignoble lors des vendanges à Gevrey-Chambertin.
Un cépage de Pinot Noir dans un vignoble lors des vendanges à Gevrey-Chambertin.
©ÉRIC FEFERBERG / AFP

Vignoble mondial

La répartition des cépages à travers le monde a connu de nombreux bouleversements ces dernières décennies. Les viticulteurs sont-ils obligés de planter de nouvelles vignes pour s’adapter face à ce phénomène ?

Fanny Barthélémy

Fanny Barthélémy

Fondatrice d’OWA Organic Wine Academy, organisme de formation dédié aux vins et spiritueux mettant en avant des pratiques de viticulture durable, Fanny Barthélémy est formatrice, conférencière et consultante dans le monde des vins et spiritueux et de la transition écologique. Elle participe également à la rédaction d’ouvrages pédagogiques sur le vin et co-autrice du livre « Le grand cours de dégustation » - Hachette.

Diplômée du WSET 4 (Diploma), Fanny Barthélémy poursuit avec le Stage 1 à l’Institut des Masters of Wine, pour ensuite se consacrer au développement durable dans le monde du vin et des spiritueux.

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Atlantico : Depuis les années 1990, nous assistons à une modification de la répartition des cépages dans le monde. Ainsi, le cabernet Sauvignon, le Merlot et le Chardonnay représentent 17,4 % du vignoble mondial contre 6,6 % en 1990. À quoi est due cette nouvelle répartition des cépages ? 

Fanny Barthélémy : Avec plus de 10 000 cépages recensés dans le monde, la mosaïque de cépages existants est énorme. Pourtant, selon le dernier rapport de l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) sur les cépages les plus plantés dans le monde, 13 variétés monopolisent un tiers de la surface totale du vignoble. Vous vous l’indiquez, ces chiffres témoignent néanmoins de la suprématie de grands cépages internationaux au cours des dernières décennies. 

L’une des explications à cette standardisation est historique, un certain nombre de cépages n’ont pas été replantés après la crise du phylloxera, et d’autres ont été petit à petit abandonnés avec une certaine standardisation des indications géographiques. Il faut reconnaître que ces cépages ont été perçus comme « améliorateurs », conduisant inévitablement à mettre un peu plus encore à l’écart les anciens cépages.

La demande des consommateurs a également un impact. Ils ont de plus en plus accès à l'information sur les différents types de vins et les cépages qui les composent. Les cépages internationaux sont souvent associés à des marques de renommée mondiale et peuvent être perçus comme gages de qualité. La tendance actuelle à communiquer sur le vin à travers son cépage renforce cette concentration. Avec l'augmentation des échanges commerciaux, des déplacements, les consommateurs ont également accès à une plus grande variété de vins.

Les producteurs de vin cherchent donc à répondre à cette demande en cultivant des cépages internationaux. 

Airén, le cépage dominant entre les années 1990 et 2000, est descendu en 2016 à la 5ème place mondiale, ex-aequo avec le Chardonnay. Quelles peuvent être les conséquences de ces changements ? Les viticulteurs sont-ils obligés de planter de nouvelles vignes pour s’adapter à ce phénomène ?

L'airén, cépage blanc originaire de Castille-La Manche (Espagne), est le cépage prédominant en Espagne. Autrefois apprécié par les vignerons pour sa résistance aux climats extrêmes et aux maladies, l’Airén perd effectivement aujourd’hui du terrain. Il est souvent associé à des vins au profil aromatique assez neutre et principalement utilisé pour la production d'eau-de-vie.

L’Airén est suivi de près par la variété Tempranillo, dont la superficie est, elle, en augmentation. Les variétés qui ont été le plus plantées depuis 2020 sont le Tempranillo et le Garnacha Tintorera, suivis du Verdejo et de la Syrah, au détriment de l’airen. Cela peut être vu comme une opportunitée, aider à promouvoir la diversité des vins espagnols sur le marché mondial et à renforcer la réputation de l'Espagne en tant que pays viticole de qualité. 

Dans quelle mesure avons-nous également assisté à une modification de la répartition des cépages en France ? Certains sont-ils menacés ?

En effet, la répartition des cépages en France a subi des modifications au fil du temps. Depuis les années 1950, il y a eu une tendance à la monoculture de quelques cépages, tels que le Merlot, le Cabernet Sauvignon et le Chardonnay, au détriment de nombreux autres cépages locaux.

Cependant, au cours des dernières années, il y a eu une prise de conscience croissante de l'importance de préserver la diversité des cépages et des terroirs, ainsi que de répondre à la demande croissante pour des vins régionaux distinctifs. Cela a conduit à un regain d'intérêt pour les cépages locaux et les vins de terroir, ainsi qu'à des efforts pour préserver les cépages menacés. 

Comment nous adapter au changement climatique pour préserver notre savoir-faire en matière de vin ? Faut-il s’attendre à l’essor de nouveaux cépages en France dans les années à venir ?

Le changement climatique est un défi majeur car il peut affecter la qualité et la quantité des récoltes, ainsi que la santé des vignes et des sols. Il est indispensable de prendre des mesures pour s'adapter aux effets du changement climatique et notamment en adoptant des pratiques de viticulture durable, telle que la gestion de l’eau, la réduction voire l’élimination de produits chimiques de synthèse, retrouver des sols vivants et restaurer et préserver la biodiversité.

La biodiversité passe, entre autres, par un retour des cépages autochtones.

L’ensemble de ces pratiques peut améliorer la résilience des vignes et cépages existants aux changements climatiques.

Les progrès de la recherche sur les cépages résistants et leur introduction dans certaines régions, le souvignier gris par exemple, est également une autre stratégie d’adaptation.

Notre capacité d’adaptation passe par notre façon de penser la vigne et la viticulture comme un écosystème, dont nous faisons d’ailleurs partis, le cépage étant un des éléments à prendre en compte.

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