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Cécile Vannier, tuée à 17 ans dans un attentat perpétré au Caire le 22 février 2009, "première victime" des massacres qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015
©Reuters

Bonnes feuilles

Après les attentats du 13 novembre 2015, Philippe Cohen-Grillet révélait dans Le Canard enchaîné que, malgré le déni et les mensonges du gouvernement, la justice française était au courant de menaces contre le Bataclan depuis 2009, et que rien n’avait été fait. Fondé sur des centaines de documents inédits et des années de rencontres avec les principaux protagonistes, Nos années de plomb est une chronique glaçante de la guerre en cours. Extrait de "Nos années de plomb - Du Caire au Bataclan : autopsie d’un désastre", de Philippe Cohen-Grillet, aux éditions Plein Jour 1/2

Philippe Cohen-Grillet

Philippe Cohen-Grillet

Philippe Cohen-Grillet est journaliste et écrivain. Spécialiste des dossiers terroristes, il écrit pour Le Canard enchaînéParis MatchLe 1 et, en Belgique, pour Espace de libertés et Médor. Il est l’auteur de plusieurs essais et documents, et de deux romans.

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Cécile Vannier a été tuée à 17 ans dans un attentat perpétré au Caire le 22 février 2009 ; elle est, en un sens, la première victime des massacres qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015. Entre ces deux actes terroristes, il existe des liens, avérés et incontestables, que la justice française n’a pas su exploiter, et que certaines hautes autorités de l’État se sont acharnées à nier.

Dès les prémices de l’enquête sur la tragédie qui, parce qu’ils étaient français, a frappé le groupe de lycéens dont Cécile faisait partie, une autre cible est apparue : le Bataclan.

Parmi ceux qui voulaient, dès alors, s’en prendre à la salle de spectacle, djihadistes dûment identifiés, fichés, voire déjà condamnés, certains joueront un rôle actif dans les massacres du 13 novembre, dont les frères Clain, qui les revendiqueront au nom de l’État islamique. De même retrouvons-nous, de 2009 à 2015, d’identiques motivations antifrançaises et antisémites. Mais entre-temps, en 2012, un non-lieu a été prononcé par un juge - celui-là même qui aujourd’hui dirige l’enquête sur le 13 novembre -, et rien n’a été fait pour protéger le Bataclan.

Ce stupéfiant échec de la justice antiterroriste française, aux conséquences désastreuses, n’avait jamais filtré, avant que je n’en révèle une partie dans la presse en décembre 2015. Mais, loin de crever l’abcès et de permettre que l’on tire publiquement les enseignements du fiasco, ces premières révélations ont valu quelques beaux jours à la politique de l’autruche sous les lambris du Palais de justice comme ceux des ministères. (…)

De longue date, depuis le modeste belvédère que me confère ma fonction de journaliste, je me suis efforcé de suivre au plus près les dossiers relatifs aux attentats. Plus particulièrement, j’ai enquêté, dès le début, sur le dossier du Caire.

Le 13 novembre 2015 au soir, j’étais, comme chacun de nous, pétrifié par l’abomination des massacres commis à Paris et Saint-Denis. Une heure plus tard, mon premier coup de téléphone a été pour un rédacteur en chef :

« Voilà, ils y sont parvenus. Le Bataclan a été transformé en charnier. Je ne suis pas surpris. »

J’avais en main tous les documents, toutes les preuves établissant que ce qui venait de se passer prenait sa source, pour une large part, dans les événements qui s’étaient produits six ans auparavant. J’ai tout de suite su que j’allais les rassembler, publier la chronique de ces années d’investigation qui trouvaient ce soir-là le plus abject des dénouements.

Ni juge ni policier, ayant peu d’appétence pour la cavalerie à dos de cheval blanc, ma démarche journalistique ne s’inscrit cependant en rien dans une bouffonne et prétentieuse chasse aux sorcières. Plus simplement, alors que notre pays a déjà subi dans les années quatre-vingts puis quatre-vingt-dix la morsure du terrorisme islamiste, je me suis efforcé de comprendre comment dérapages, désinvolture et incompétence ont possiblement ouvert la voie à des attentats massifs, d’une ampleur sans précédent.

Extrait de "Nos années de plomb - Du Caire au Bataclan : autopsie d’un désastre", de Philippe Cohen Grillet, publié aux éditions Plein Jour, octobre 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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