Ce que nous réserve la guerre des Verts allemands contre le nucléaire en Europe <!-- --> | Atlantico.fr
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Cette photo d'archive prise le 26 février 2021 montre la centrale nucléaire de Gundremmingen, dans le sud de l'Allemagne.
Cette photo d'archive prise le 26 février 2021 montre la centrale nucléaire de Gundremmingen, dans le sud de l'Allemagne.
©LENNART PREISS / AFP

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Le projet de la Commission européenne de classer le nucléaire et le gaz comme des technologies durables a provoqué l'indignation des Verts allemands. L'Allemagne est opposée à classer le nucléaire dans les investissements « verts » de l'UE. Nos voisins allemands ont aussi arrêté trois réacteurs nucléaires le 31 décembre.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Bruxelles a présenté un projet pour labelliser « vert » le nucléaire. Celui-ci a été froidement accueilli par certains partis et notamment les Verts allemands, membres de la coalition du gouvernement. Qu’est-ce qui explique la position historique des Verts allemands sur le nucléaire ?

Damien Ernst : Ce qu’il faut comprendre c’est que le mouvement vert Allemand est un mouvement des années 1970-80, pacifiste, qui demandait des comptes aux générations passées, notamment concernant le IIIe Reich. Cet élément est très bien documenté. Les Verts se sont structurés autour de cette idée là à leur début mais ce n’est plus d’actualité. Avec la guerre froide, ils développent une psychose de la guerre atomique qui s’est étendue à toutes les questions nucléaires. En Allemagne, comme dans le reste de l’Europe, cette lutte contre le nucléaire n’est plus remise en question, elle fait partie de l’ADN des partis verts. L’antinucléarisme est devenu presque religieux, ce n’est en tout cas plus du tout motivé par du rationnel. Leur positionnement n’est pas un succès.

Énergétiquement on l’a vu cette année avec la très faible production éolienne et son coût sur la facture énergétique. Il me semble néanmoins qu’ils sont moins puissants qu’il y a quelques années. Si l’Allemagne est fortement anti-nucléaire c’est qu’elle est devenue un pays très riche, avec une classe moyenne plutôt aisée, or les mouvements écologiques se développent plus favorablement dans les milieux riches.  

L’Allemagne a fermé trois centrales le 31 décembre et compte continuer dans cette voie. Quelles vont être les conséquences ? La nouvelle coalition est-elle au diapason sur ces sujets ?

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Et si les Verts allemands changeaient le destin de l'Europe ?

Cela va se traduire par la fin de l’industrie du nucléaire en Allemagne mais elle pourra toujours compter sur son industrie du renouvelable. En s’opposant au label vert européen, l’Allemagne semble considérer qu’il n’est pas pertinent de favoriser une action qui bénéficierait au tissu industriel d’autres pays, à commencer par la France, et donc plus de compétitivité.

Dès que les Verts sont dans une coalition, ils ont tendance à conditionner leur présence à des politiques anti-nucléaires. On l’a vu en France, en Belgique, etc. Cela est rendu possible car les Verts permettent souvent à la gauche d’avoir la majorité nécessaire à une coalition.

L’Allemagne avec l’Autriche et le Luxembourg semblent vouloir faire pression sur Bruxelles. Quelle est vraiment leur force de frappe politique ? Qui est susceptible de mieux leur résister, en Allemagne comme en Europe ? Quelle pourrait être l’issue de ce bras de fer ?

A mon sens, il leur sera très difficile de faire reculer Bruxelles. D’abord parce que le mouvement anti-nucléaire est moins fort en Allemagne qu’il ne l’a été post-Fukushima. Les pays de l’Est soutiennent massivement la France sur le sujet. Ce combat que la France aurait perdu il y a quelques années elle va probablement le gagner désormais, notamment à cause de la montée des préoccupations concernant le changement climatique. Par ailleurs, les européens se rendent compte que la Chine, elle, développe son industrie nucléaire et l’Europe a peur de perdre un énorme avantage compétitif. Le combat anti-nucléaire en Europe a été alimenté à coup de nombreuses fausses informations non débunkées par la presse et c’est aussi un peu en train de changer grâce aux nouveaux canaux d’informations.

Je pense que le label vert pour le nucléaire va être accepté à Bruxelles. En revanche, concernant l’autre texte traitant de l’attribution de subsides publics, je ne pense pas que le nucléaire sera éligible. Cela me semble peu probable que l’Allemagne puisse faire échouer cela d’autant qu’elle en a besoin sur l’aspect gazier. De plus, politiquement la France d’Emmanuel Macron n’a pas intérêt à lâcher cela alors qu’elle a la présidence du conseil de l’UE.

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