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Un couple s'embrasse dans la rue.
Un couple s'embrasse dans la rue.
©LUCAS BARIOULET / AFP

L'Amour aux temps du Coronavirus

Les utilisateurs de Google recherchaient davantage de positions sexuelles permettant d'éviter le face-à-face durant le confinement. Quel a été l'impact de la pandémie de Covid-19 sur les rapports intimes et la vie des couples, notamment sur le plan de la libido ?

André  Corman

André Corman

Le Docteur André CORMAN est médecin sexologue et andrologue et directeur d'enseignement à la Faculté de Médecine Toulouse III

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Atlantico.fr : Ces dernières semaines, les utilisateurs de Google recherchaient davantage des positions sexuelles évitant le face-à-face. Voyez-vous un lien avec le coronavirus ? Et qu'est ce que la pandémie a changé dans les rapports intimes selon vous ? 

André Corman : C'est un peu tôt pour le dire. Il faut d'abord différencier les deux types de partenaires sexuels : d'une part celui avec qui vous partagez votre vie, avec qui vous étiez confiné. Dans ce cas-là, il y a peu de modifications. Ensuite, il y a tout le reste. Ce qui a été mis en suspens. Maintenant, le problème est que nous avançons tous avec l'idée que nous allons vivre éternellement avec la Covid-19. Nous projetons cette idée sur le long terme. Chacun y va de ses recherches à présent. C'est une période inédite pour tout le monde, et notamment pour les sexologues. Comment continuer, comment se séduire quand tout le monde porte un masque ? En tant que médecin sexologue, je revis quelque chose de similaire à la période de la découverte du SIDA. On ne savait pas où cela irait, et petit à petit nous avons découvert des données sur le sujet. Sur le long terme, nous allons tous devenir des chercheurs en quelque sorte. Cela peut expliquer aussi la raison pour laquelle les gens se renseignent et explorent de nouvelles façons de faire l'amour, de nouvelles positions. Il va falloir réécrire nos lectures, notre manière de se séduire et de s'approcher. C'est un long travail. 

Avec le coronavirus il y a eu moins de rapports sexuels, voire pas du tout, certains individus ont peur d'être contaminés, d'autres ont des relations sexuelles avec l'angoisse de l'être... La Covid-19 a-t-elle joué sur notre libido ? 

De toute évidence, oui. Nous sommes tous à peu près d'accord sur le sujet et plusieurs études l'ont confirmé. Le coronavirus a entraîné une baisse générale de la libido. Au niveau des couples, il y a eu de vraies difficultés, à commencer par la relation de couple en elle-même. Certains ont été obligés de se supporter 24 heures sur 24. Il faut savoir que notre érotisme, notre libido, notre excitation se nourrit de ce que l'on voit et ce que l'on vit à l'extérieur. Même si nous ne faisons pas l'amour ailleurs, on se nourrit de tout ce qui nous entoure. Durant le confinement, on a perdu tout ça. Il n'y avait plus que ce tête-à-tête, il y avait les enfants, et pas forcément d'espace approprié à la relation sexuelle. Je pense que durant la période de coronavirus, au départ, les individus se sont dit qu'ils allaient laisser passer l'orage et ont donc mis en suspens leur libido. J'en ai parlé avec beaucoup de patients dans mon cabinet. Pour ceux qui ne sont pas en couple, c'est extrêmement compliqué. Le virtuel a explosé dans les relations sexuelles : les échanges, l'érotisme... Maintenant, nous sommes tous dans une attitude différente. On ne sait pas ce que l'on va vivre : tout le monde essaie de trouver des solutions. J'ai déjà rencontré des partenaires sexuels qui ne se sont pas vus pendant le confinement et qui appréhendaient la relation sexuelle. Nous allons nous retrouver avec des choses très comparables avec le SIDA : les tests, la peur. Sauf qu'à cette époque, il existait le préservatif. 

Pendant la période de confinement, nombreux organismes et sexologues ont suggéré aux couples et aux partenaires à distance de se livrer à des relations sexuelles par téléphone et d'utiliser des accessoires pour remplacer le contact physique. Pensez-vous que ces pratiques ont augmenté ? Sont-elles bénéfiques ? 

Si un individu à une culture littéraire, l'érotisme par téléphone est génial. Si la personne n'est pas habituée à l'écriture, cela va se faire par échange d'image - mais cela peut être plus dangereux avec la divulgation de photos qui se fait très rapidement aujourd'hui. Je pense qu'avec le coronavirus, vont se développer des sextoys connectés : les couples ou non couples pourront déclencher à distance l'appareil de l'autre. Je pense que cela va se développer de plus en plus. Les questions vont être comment puis-je accéder à ma libido ? Comment puis-je faire l'amour sans risque ? Cela va forcément développer encore plus le secteur virtuel, tout ce qui est échange, le retour des lettres (d'amour ou non). Nous sommes dans une société où dès que l'on pense qu'une tendance va se développer, les gens foncent. Je crois que beaucoup de choses virtuelles vont se développer. Encore plus chez les jeunes qui ont une très grande familiarité dans le domaine. Sauf qu'il faudra l'encadrer, faire attention et poser des limites. Ce qui risque d'être le plus compliqué à la suite de ces mois de coronavirus, ce sera la séduction. 

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