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C'est "le destin de la gauche réformiste qui se joue"... mais Manuel Valls a-t-il des chances de survivre à sa rébellion anti-Hollande ?
©Reuters

Tentative

La situation de Manuel Valls au sein du Parti Socialiste ressemble à celle de Gorbatchev à l’automne 89. Ils ont tous les deux le sentiment d’avoir une véritable responsabilité pour changer le système vers plus de progrès social !

RDV Revue de presse : Brad Pitt volage et Hollande sur la plage...

Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
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Le 26 novembre 1989, Mikhaïl Gorbatchev publiait un long article analysant l’échec d’une politique menée depuis 1917 ,concentréesur la description d'un modèle idéal d'avenir sans tenir compte de l’évolution de la société interprétant ainsi faussement la pensée de Marx qui disait « le communisme, ce n'est pas un idéal, mais une évolution réelle de la société éliminant son état antérieur ».

Monsieur Gorbatchev était un réformiste, il croyait sincèrement à la possibilité de changer la société soviétique tout en maintenant l’URSS et n’a cessé de se battre pour défendre son projet de nouveau traité de l’Union qui a entrainé sa perte et celle de son pays.

La situation de Manuel Valls au sein du Parti Socialiste ressemble à celle de Gorbatchev à l’automne 89. Ils ont tous les deux le sentiment d’avoir une véritable responsabilité pour changer le système vers plus de progrès social !

La cruauté idéologique, le cloisonnement, la violence et la répression en moins, le dogme de d’idéal de gauche est là comme un phare dans la tempête et en ce moment la vigilance orange est passée au rouge. Manuel Valls le sait et pourtant il s’enferme dans ce dogme auquel plus personne ne croit à part quelques utopistes coupés des réalités du quotidien soit parce qu’ils sont à l’abri du besoin soit parce qu’ils ont fait le choix de vivre en dehors du système. Le plus droitier des Premiers ministres de gauche tente de convaincre les militants du PS qu’il est l’homme de la dernière chance, soutenu par Cambadélis, l’apparatchik dogmatique par excellence.

La France de 2016 ressemble plus à l’URSS de 1976 sous Brejnev qu’à celle de Gorbatchev. Il ne se passe plus rien, le système est à bout de souffle, les élites sont corrompues, les chiffres officiels sont truqués, il n’y a pas de projet de société, chacun vit pour soi, Airbnb et la location de son électroménager ou de sa voiture ont remplacé le lopin de terre où caquetaient quelques poules à l’arrière des immeubles staliniens en attendant les repas de fêtes. Mais la France tient bon en s’appuyant sur son passé glorieux, en se reposant sur l’épargne de son peuple et en laissant croire que la liberté d’expression existe sous couvert d’anonymat à travers les réseaux sociaux.

Manuel Valls connait tout cela par cœur, ministre de l’Intérieur, Premier ministre, il connait la situation du pays, il n’est pas coupé des réalités, il est au-dessus des réalités. Il connaît le prix du pain au chocolat ou du ticket de métro, il sait pourquoi les policiers manifestent, il comprend que les entreprises ne peuvent pas embaucher comme elles le voudraient mais ses préoccupations ne sont pas là, il fait semblant de s’y intéresser comme les autres d’ailleurs et le Président de la République en se confiant aux journalistes de France et de Navarre lui rend bien service, il peut s’inventer une posture, celle du rassembleur quitte à n’avoir aucun argument comme appeler Emmanuel, Aurélie, Benoît, Arnaud à le rejoindre sous prétexte qu’ils ont gouverné ensemble ou en estimant que les propositions de la droite sont rejetées par la plupart des Français parce qu’elles ne correspondent pas au modèle républicain et social de la France, alors que les Français voteront à droite en 2017.

Alors, il peut être en colère Monsieur Valls mais il ne trompe personne, sa priorité est d’avantage de vider le commissariat d’Evry pour protéger son ex-femme dont tout le monde se fiche, de continuer à manger des pains au chocolat dont le prix peut varier de 15 cents à 15 euros, cela n’a pas d’importance puisqu’il ne les paient pas, de rouler dans une voiture qui clignote comme un sapin de Noel dans les couloirs de bus alors que les Parisiens n’en peuvent plus des bouchons engendrés par la fermetures des voies sur berges ou d’exiger que seules les vitres de son carrosse et ceux de ses compagnons politiques soient teintées tant les C5 et autres 508 se sont banalisées dans les rues de la capitale et qu’il pourrait être confondu avec Monsieur Tout-le-Monde.

Il n’ignore rien du malaise de la base militante de son parti comme les Français n’ignorent rien du peu de conviction de cet homme que la communication et le storytelling ont porté au pouvoir. Il n’est pas le seul pantin dans ce cas, ils sont nombreux à avoir été choisis pour ne pas faire trop d’ombre, pour ne pas trop dépassé dans un monde feutré où la standardisation passe par la couleur du costume, les éléments de langage et l’entre soi.

Il a raison Monsieur Valls, il faut se réveiller, il faut sauver les meubles et les apparences mais ce qui est inacceptable, intolérable, inqualifiable, insupportable, c’est que le Premier ministre offre sa fierté et son espoir pour entraîner les petits soldats militants à le protéger et non pour dessiner un nouveau visage du socialisme dont le nom doit être rayé et laisser la place à un humanisme réel, incarné dans les actes.

Et si François Hollande avait raison de dire ça sur ses ministres et son entourage … 

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