Bruits de poule à l'Assemblée, Morano traitée de conne et de salope : vaut-il mieux être une femme de gauche si l'on veut pouvoir être défendue contre les insultes sexistes ?

Guy Bedos fut en des temps anciens, à peu près l’époque du Neandertal, un humoriste sympathique et, déjà, de gauche. A droite, on ne l’appréciait guère mais personne ne contestait son talent. Il avait le charme de sa jeunesse. Aujourd’hui, il a 79 ans. Ce qui n’est pas grave car ça arrive à plein de gens très bien…

Mais dans son cas, on ne peut s’empêcher de penser à la phrase du général de Gaulle (il parlait du maréchal Pétain) « la vieillesse, quel naufrage ! ». En effet, l’humoriste, qui continue à se produire sur les planches, a éprouvé l’irrésistible besoin de traiter Nadine Morano de « salope » et de « conne ». Dans le genre humoristique, on peut très facilement faire mieux. Dans le genre vulgaire, on peut difficilement faire pire.

On connait des journaux qui s’enflamment pour bien moins que ça. La sortie de Bedos ne les a pourtant pas fait tiquer. C’est que le parolier de « salope » et « conne » est un monument. Vermoulu certes, et couvert de fientes de pigeons mais un monument quand même. D’une certaine façon, Bedos ressemble à la gauche ou alors c’est la gauche qui ressemble à Bedos. Vieille, usée, fatiguée, atteinte par un terrifiant mélange de Parkinson et d’Alzheimer.

Dans un endroit autrement plus solennel que le théâtre où se produisait M. Bedos, c'est-à-dire à l’Assemblée nationale, un député jusqu’alors inconnu a émis des bruits qui ont scandalisé et fait la une des journaux. Pendant que Véronique Massonneau, député écologiste, planchait sur les retraites, Philippe Le Ray, député UMP, a lancé plusieurs « cot, cot, cot… ». L’indignation fut grande et le parlementaire fut, à juste titre, sanctionné. La presse en fit des tonnes : elle n’y était pourtant pas obligée. Mais quand on a un type de droite à se mettre sous la dent, on a soudainement faim.

Certes Bedos n’est pas parlementaire mais il est – et c’est notoire – beaucoup plus connu et beaucoup plus influent que M. Le Ray. Il valait quand même quelques lignes, non ? Le député a été traité de « sexiste » et le bruit généré par son « cot cot cot » a fait que toutes les femmes de France se sont senties insultées. Pour ce qui de « salope » et de « conne », elle n’en ont rien su.

Quant à M. Le Ray, abominable machiste, qui sera boycotté, n’en doutons pas, par toutes les dames et demoiselles de sa circonscription, il sait ce qui lui reste à faire pour être pardonné. La prochaine fois qu’il souhaitera interrompre une élue de gauche, il fera « cocorico ». Ca c’est pas sexiste !

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.