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Boycott de CNews : quand Decathlon veut faire du profit sur le dos de la liberté d’expression
©JOHN THYS / AFP

Cynisme

La firme Decathlon a annoncé retirer ses publications de la chaîne CNews. Elle ne voit par contre aucun problème à faire affaire avec des dictatures sanglantes pour y exploiter les travailleurs pauvres.

Paul Melun

Paul Melun

Paul Melun est essayiste, chroniqueur, conseiller en stratégie et président de « souverains demain ! ». Il est l'auteur, avec Jérémie Cornet, de Les enfants de la déconstruction. Portrait d’une jeunesse en rupture (éd. Marie B., 2019).

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Ce jeudi, Sleeping Giants, collectif citoyen prétendant « lutter contre le financement du discours de haine », a annoncé que la firme Decathlon allait retirer ses publicités de la chaîne de télévision CNews pour Noël. Dans un Tweet, le collectif a expliqué que « l'orientation délétère de CNews ne pouvait plus être ignorée », tandis que le groupe de magasins de sport confirmait un peu plus tard sa décision sur le même réseau social.

Ce boycott s’inscrit, comme souvent, dans une forme d’indignation de cour de récréation. Le système progressiste raffole de cette comédie ridicule, au cours de laquelle on désigne à la vindicte « un ennemi très dangereux », propagateur des « discours de haine » et qu’il faut combattre avec vigueur. Cette farce éculée, permet au groupe Decathlon et ses milliards d’euros de chiffre d’affaires, de prendre son adhésion dans le camp du bien, s’érigeant en rempart de la dangereuse chaîne de télévision.

Ce scénario ridicule serait amusant si Decathlon ne participait pas, depuis des décennies, à enfoncer un peu plus la France dans l’abîme. Car oui, cette multinationale qui s’improvise garante des valeurs morales a beaucoup à se reprocher.

Le géant du sport, aujourd’hui si soucieux de la défense des valeurs humanistes, est loin d’être un modèle en matière de défense de la veuve et de l’orphelin. Depuis des décennies, l’entreprise assure la production d’articles à bas coût par l’exploitation de milliers de travailleurs pauvres. Decathlon réalise des bénéfices juteux en exploitant des hommes et des femmes dans des conditions indignes au Bangladesh ou au Pakistan, mais ose aujourd’hui faire de la morale. Le cynisme du capitalisme n’a décidément ni limite, ni pudeur.

Le groupe Decathlon, qui appartient à la famille Mulliez, pourfendeurs des commerces de centre-bourg, destructeurs des zones péri-urbaines et champions de l’étalement urbain, ose donner des leçons de morale. Détruire la ruralité et le patrimoine ne leur suffisait pas, il fallait aussi qu’ils s’en prennent à la libre parole des éditorialistes de CNews.

Si aujourd’hui l’éthique semble la priorité de l’entreprise, celle-ci semble bien plus docile lorsqu’il s’agit de faire affaire avec des dictatures sanglantes qui oppriment le peuple et exécutent leurs opposants politiques. Choqués des propos de Pascal Praud ou d’Eric Zemmour, Decathlon n’a en revanche aucun mal à ouvrir des dizaines de boutiques en Chine où les Ouïghours sont massacrés. L’argent n’a pas d’odeur, même pas celle du sang.

Si depuis des décennies Decathlon se moque de la planète et des hommes, pourquoi subitement se découvrir une passion pour l’intérêt général ? Pourquoi l’enseigne feint-elle d’être choquée par CNews ? Deux raisons, liées entre elles, expliquent ce revirement soudain : le profit et le marketing.

La première est purement financière. Pour accroître son chiffre d’affaires, Decathlon doit flatter sa clientèle et ouvrir ses parts de marché. Le leader du sport recherche avant tout le profit et celui-ci réside dans la hausse de ses consommateurs. L’objectif de la firme est cynique, il s’agit de capter des parts de marché supplémentaires auprès des populations issues de l’immigration. Pour ce faire, Decathlon est prêt à promouvoir le voile islamique ou à s’attaquer à CNews. La stratégie de la firme est claire, doper ses ventes auprès de la jeunesse des quartiers qui rejette CNews, mais consomme des tenues de sport.

La seconde raison est de l’ordre de la communication. Dans le monde progressiste, les entreprises doivent s’assimiler au camp du bien ou disparaître. Lorsque l’on exploite la terre et les hommes depuis toujours, il n’est rien de plus efficace pour son plan marketing que de désigner les supposés « méchants ». Le schéma est simple et efficace, il permet d’office de s’inscrire dans le camp du bien, même si l’on est à l‘origine des pires forfaits.

Dans l’hallali sonné contre CNews, Decathlon tente de trouver sa place. Au milieu du torrent qui s’abat sur la chaîne, il faut aller toujours plus loin, réclamer des démissions, des procès, des dénonciations au CSA et désormais... passer au boycott publicitaire. Le succès de la chaîne, ses audiences, le rayonnement et l’influence de ses chroniqueurs, donnent des sueurs froides aux élites mondialisées. Si bien qu’il est devenu chic, dans les dîners en ville de critiquer CNews, un peu comme on se moque du peuple des gilets jaunes. Ces nouveaux progressistes méprisent la France et laissent volontiers les entreprises exploiter les pays pauvres, du moment que personne ne vient les contredire.

Il faudra pourtant que cela change, car les Français ne veulent plus que ceux qui ont mis le pays à genoux face au monde, continuent à leur faire la morale. Ils savent que lorsque la liberté d’expression recule, surtout au nom du bien, cela augure de sinistres années.

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