Bonne nouvelle : la science découvre que les psychopathes sont capables d'avoir des regrets, mais il y en a aussi une mauvaise<!-- --> | Atlantico.fr
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Un psychopathe peut avoir des regrets autocentrés, sans passer par l'empathie ou la morale. Il n’y a pas de culpabilité ou de remise en question possible. Ils peuvent regretter une action comme de braquer une banque parce qu’ils se sont fait arrêter.
Un psychopathe peut avoir des regrets autocentrés, sans passer par l'empathie ou la morale. Il n’y a pas de culpabilité ou de remise en question possible. Ils peuvent regretter une action comme de braquer une banque parce qu’ils se sont fait arrêter.
©Warner Bros

Sans foi ni loi

Les psychopathes peuvent éprouver des formes de regrets, mais cela ne les rend pas normaux pour autant. De leur dangerosité pour la société aux thérapies que nos spécialistes testent, voici un portrait de ce trouble finalement assez peu connu.

Marie Andersen

Marie Andersen

Marie Andersen est psychologue clinicienne et psychothérapeute depuis plus de quarante ans. Elle est l'auteur des best-sellers La Manipulation ordinaire et L'Emprise familiale et du livre l'Art de se gâcher la vie. http://marieandersen.net/ 

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Atlantico : D'après une étude de chercheurs des universités de Yale et de Harvard, les psychopathes seraient capables de regretter les actes répréhensibles qu'ils ont commis, mais sans que cela puisse changer leur comportement. Que se passe-t-il concrètement chez un psychopathe d'un point de vue psychologique ?

Marie Andersen : Le terme psychopathe est beaucoup trop souvent utilisé. Il s’agit d’une personne sans foi ni loi qui n’a pas intégré la morale ou les règles de notre société. Ils agissent uniquement à partir de leur propre désir. Par ailleurs, nous devons différencier les regrets des remords qui eux ont un lien avec l’empathie. Les psychopathes ont une maturité psychique qui n’est pas assez développée pour avoir une conscience morale et une référence empathique.

En revanche, un psychopathe peut avoir des regrets sans passer par l'empathie ou la morale, ce sont des regrets autocentrés. Il n’y a pas de culpabilité ou de remise en question possible. Ils peuvent regretter une action comme de braquer une banque parce qu’ils se sont fait arrêter et pas parce qu’ils ont enfreint la loi. Le psychopathe ne se projette pas et n’imagine pas les dégâts qu’il peut causer. Pour le psychopathe le bien est ce qui lui fait plaisir et le mal est ce qui lui cause du tort. Il va imputer le mal qu’il ressent aux autres et ne va pas être capable de procéder à une autocritique. Les seuls regrets qu’un psychopathe peut avoir concernent des actes qui vont nuire à son plaisir personnel. Les regrets qui pourraient améliorer sa psychologie peuvent exister dans la mesure où il comprend qu’en agissant mal il va finir par payer le prix de ses actes. S’il arrive à comprendre qu’il va être victime de lui même alors il peut éventuellement s’améliorer. Ce raisonnement est particulièrement complexe pour lui et lui demande un effort psychique très difficile.

A quel point les psychopathes sont-ils dangereux pour la société ? Dans quelle mesure est-il possible de contenir ce danger ?

Tous les psychopathes ne sont pas des grands dangereux bien heureusement. Certains n’ont pas la carrure d’être des grands psychopathes, ils se limitent à des petites actions délinquantes sans grand risque. Ils sont embêtants pour la société mais ne sont pas dangereux.

En ce qui concerne les psychopathes de grande envergure, leur besoin d’aller agresser l’autre est un vrai danger pour la société. Ce sont tous les psychopathes qui commettent des crimes sans raisons spécifiques. Etant donné qu’il n’y a pas de gestion de limite de leur comportement, ils présentent un réel risque.

Comment pouvons-nous venir en aide de personnes déclarées comme étant psychopathes ?

Nous essayons de mettre en place des thérapies qui confrontent les psychopathes avec les conséquences douloureuses de leurs actes. Cela consiste à leur faire ressentir une douleur d’une intensité similaire à celle qu’ils ont produit. Le but est que le choc soit d’une force suffisante pour qu’ils réalisent ne serait-ce qu'intellectuellement ce qu’ils ont fait à l’autre. Ils n’ont pas d’empathie émotionnelle, c’est pourquoi les spécialistes essaient de créer une projection pour les faire ressentir ce qu’ils ont fait. C’est un travail mené par énormément de psychologues dans les prisons pour aider les psychopathes et donc la société. Ne pouvant pas ressentir de remord il ne peut pas s'amender étant donné qu’il n’a pas de trouble interne. Or pour aller vers la thérapie il faut avoir un tourment interne. Les personnes poussées par le système ou par d’autres personnes vers la thérapie pour se corriger échouent. Si nous ne ressentons pas de besoin de faire une thérapie alors celle ci est vouée à l’échec.

Propos recueillis par Chloé Chouraqui 

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