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Bertrand, Le Maire, NKM... comment Nicolas Sarkozy compte dompter les quadras trop ambitieux de l'UMP
©Reuters

Bonnes feuilles

Comment revenir quand on vous a congédié ? Depuis que Nicolas Sarkozy a rendu les clés de l'Elysée, pas une semaine n'est passée sans que cette question de l'obsède. Une chose est sure, c'est que son retour dans l'arène politique ne s'est pas passé comme prévu. Extrait de "C'était pas le plan", de Philippe Cohen et Laureline Dupont, publié chez Fayard (2/2).

Philippe Cohen

Philippe Cohen

Philippe Cohen, disparu en 2013, était journaliste. Il est l'auteur de Protéger ou disparaître (Gallimard, 2000), La face cachée du Monde (avec Pierre Péan, Mille et une nuits, 2003), BHL, une biographie (Fayard, 2005), Le Pen. Une histoire française (Robert Laffont, 2012).

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Laureline Dupont

Laureline Dupont

Laureline Dupont est journaliste politique au Point.

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Tempête dans le ciel UMPiste. L’horizon 2017 est déjà obstrué par une foultitude de candidats. De là à inquiéter Sarkozy… « Je connais Nicolas, à droite il n’en craint aucun, assène l’une de ses amies. Il les trouve tous plus cons que lui, ils ne l’affolent pas. » Il faut dire qu’il a fait monter tellement de quadras que ces derniers finissent par se neutraliser les uns les autres dans la course à l’Élysée. « Tous les quadras iront soutenir Sarkozy car ils préféreront toujours ça plutôt que de soutenir un autre quadra », prédit Thierry Mariani. Au lieu de tenter de dompter les appétits politiques de ces jeunes lions affamés, Sarkozy préfère se concentrer sur François Baroin, baptisé la « créature qui échappe à tout le monde » par les sarkozystes. Lui n’a pas eu l’outrecuidance d’agiter la menace de sa candidature future. Sarkozy a peu de doutes sur tous ces quadras, ses proches, absolument aucun : si « Nicolas » sonne l’olifant, porté par les sondages et donc seul capable d’offrir à ces impétrants d’attirants maroquins, si affranchis soient-ils, ils rentreront au bercail en moins de temps qu’il leur a fallu pour crier à l’indépendance. Arborant l’air goguenard de celui que rien n’effraie, Sarkozy a pris l’habitude de fusiller en une phrase les craintes exprimées par ses soutiens : « S’il y en a des meilleurs que moi, qu’ils le prouvent ! » Si l’ancien Président ne tremble pas devant ces prétentieux, on reconnaît tout de même dans son entourage qu’ils constituent un mauvais signal envoyé à l’opinion. « Dans la reconquête du pouvoir, il faudra qu’il montre qu’il y a une génération Sarkozy prête à se battre pour lui », glisse l’un de ses alliés.

A lire aussi, l'interview de Laureline Dupont pour Atlantico : Pourquoi il est prématuré de dire que la machine Sarkozy patine

Pour cela, Sarkozy a une idée. Comme l’affirme avec malice Hortefeux : « Il va sauter la génération des quinquas. » Manière de dire qu’ils sont déjà trop vieux. « Histoire de les agacer », ricane-t-il. Peu importe que ces audacieux tentent aujourd’hui d’exister, de peser, voire de brutaliser Sarkozy, lui en est convaincu : il n’a pas besoin d’eux pour mener sa campagne. « Il s’appuiera sur les trentenaires », explicite Minc. Plus jeunes, plus frais, plus fous, aussi ambitieux et encore dépendants de leur aîné, seul capable de les faire émerger, ils ne présentent que des avantages. Les quadras occuperont des ministères et cette perspective, présume Sarkozy, suffira à les museler. Les trentenaires seront les forces vives et militantes, fanatiques, innovantes, impertinentes, ils renverront à leurs archaïsmes ces jeunes loups déjà vieux à côté d’eux.

Et il a l’embarras du choix ! Qu’il s’agisse des deux fondateurs de la Droite forte Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, des sept jeunes députés du groupe des Cadets-Bourbon, du duo de secrétaires nationaux de l’UMP Jonas Haddad et Michael Miguères, ou encore des trois représentants de la Boîte à idées, tous se pressent pour découvrir les somptueux salons du 77 rue de Miromesnil. « Il a une affection particulière pour la jeunesse, s’enthousiasme Éric Schahl, chargé d’organiser quelques-unes de ces rencontres. Il a toujours eu cette certitude qu’il fallait chercher la nouveauté. Il a terriblement peur de s’empoussiérer, de s’enfermer dans une tour d’ivoire. Son plus gros travail au quotidien consiste à enlever le lierre qui grimpe sur la tour. » En guise de bon appétit, Nicolas Sarkozy lance à ses jeunes convives : « Vous êtes la nouvelle génération, j’ai besoin de vous ! Les quadras essaient de me contrer, mais pour moi, c’est vous [les trentenaires]. » L’exercice est bien rôdé. Pendant une heure et demi en moyenne, il commente leur parcours personnel, disserte devant leur regard ébahi sur la situation du pays, teste d’éventuels thèmes de campagne et décoche quelques piques à ses rivaux (2). « Il connaissait mon curriculum vitae sur le bout des doigts », rapporte, séduite, une jeune élue des Yvelines. « Il nous a beaucoup aidés et encouragés pour notre livre », confie Jonas Haddad, auteur avec Michael Miguères de Droite 2.0 (3). « Il m’a même demandé des nouvelles de mes enfants », s’enflamme un autre. Résultat à la sortie, les nouvelles recrues n’ont qu’une envie : crier à la face des journalistes leur passion sarkozyste. Les quadras n’ont qu’à bien se tenir.

(1) Nicolas Sarkozy, ≪ Les dessous d’un tournant historique. L’Europe ou le déclin ≫, Le Point n° 2175, 22 mai 2014.

(2) Matthieu Deprieck, « Sarkozy et les jeunes UMP : “Il ne peut pas retourner au combat avec Lefebvre et Morano” », lexpress.fr, 18 decembre 2013.

(3) Jonas Haddad, Michael Miguères, Droite 2.0. Sortir la France du déclin et renouer avec le progrès, L’Harmattan, 2014.

Extrait de "C'était pas le plan", de Philippe Cohen et Laureline Dupont, publié chez Fayard, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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