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Bataclan : heureusement qu’il y avait des vigiles pour empêcher les musiciens des Eagles of Death Metal d'entendre Sting chanter Inch'allah
©KEVIN WINTER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Si dieu le veut

Grâce à eux, le pire a été évité. Ils ont refoulé deux individus notoirement suspects !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Tout avait été mis en œuvre pour que la réouverture du Bataclan se passe dans une atmosphère sereine de joie retrouvée. Le choix du chanteur : le très consensuel Sting avec qui il fait bon vivre ensemble. La sélection des spectateurs : des proches des victimes du 13 novembre 2015, des rescapés, Audrey Azoulay, ministre de la Culture. Et, surtout, des vigiles de bien meilleure qualité que ceux présents lors du massacre d’il y a un an.

Et ils furent à la hauteur. Très vite, à l’entrée, ils ont repéré deux fichés "D" (D pour droite), interdits de séjour par la nouvelle direction du Bataclan ! Il s’agissait de deux membres du groupe Eagles of Death Metal, présents lors de la soirée sanglante du 13 novembre 2015. Des rescapés, eux aussi ? Mais non, pas du tout ! Des individus dangereux et peu recommandables. Marqués au fer rouge car islamophobes, xénophobes et racistes. En effet, le groupe, contrairement à toutes les autres pointures du show bizz américain, avait soutenu Donald Trump pendant sa campagne. Et le chanteur d’Eagles of Death Metal déclara, après l’attentat, que les vigiles — "musulmans et arabes", s’était-il empressé de souligner — avaient été particulièrement inefficaces. Un peu outrancier, quand même. Mais fallait-il, pour ce délit d’opinion, leur interdire l’entrée de la salle ?

Au Bataclan, il y a eu une vie avant la mort. En ce temps-là, la salle était estampillée juive par tous les sites musulmans et djihadistes. Le Bataclan appartenait en effet, jusqu’à septembre 2015, à deux frères, Joël et Pascal Laloux, domiciliés en Israël. Très régulièrement, ils y organisaient des concerts de soutien et de bienfaisance en faveur de l’armée de l’Etat hébreu. C’est pourquoi des groupes pro-palestiniens venaient fréquemment protester devant la salle. Ajoutons le fait que les Eagles of Death Metal avaient osé se produire en Israël, bravant tous les appels au boycott… On comprend dès lors pourquoi, quelque part en Syrie, les chefs de Daesh avaient, sur un plan de Paris, marqué d’une étoile jaune ce lieu maudit.

Mais tout cela, c’est du passé. Le Bataclan est enfin devenu un endroit fréquentable. Sa programmation est apaisante. Ses vigiles sont professionnels. Et c’est une salle émue qui a applaudit Sting quand il a chanté "Inch’Allah", une chanson évoquant le triste sort des migrants. "Inch’Allah, c’est un mot magnifique", a dit le chanteur. Pourquoi pas, quand il s’agit de malheureux qui se demandent, si Dieu veut, que leur embarcation tienne jusqu’à la Sicile ? Un peu moins magnifique quand, Inch’Allah est prononcé par des tueurs qui se sont demandé, avant d’entrer au Bataclan, combien de mécréants Dieu voudrait qu’ils assassinent…

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