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Baisse de la croissance en Chine : et si ce n'était pas une si mauvaise nouvelle ?
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A bout de souffle ?

La croissance chinoise est tombée à 7,6% au deuxième trimestre 2012. Un chiffre qui inquiète nombre d'économistes mais qui pourrait simplement signifier que la Chine opte pour un nouveau régime de croissance fondé cette fois-ci sur l’expansion du marché intérieur et sur l’amélioration du pouvoir d’achat de la population.

Françoise  Lemoine

Françoise Lemoine

Françoise Lemoine est chercheure associée au Centre d'études sur la Chine contemporaine (EHESS) et économiste senior au CEPII. Elle a publié notamment L'économie de la Chine (Editions la Découverte - 2006).

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Le rythme de croissance de l’économie chinoise est tombé à 7.6% au 2ème trimestre 2012, ce qui l’établit à 7.8% sur la première moitié de l’année, à peine plus qu’après le choc de la crise globale (+7.5% au 1er semestre 2009). Il y a deux causes à ce ralentissement : la stagnation de la demande extérieure et notamment européenne qui affecte les exportations chinoises; le dégonflement de la bulle immobilière interne sous l’effet des mesures prises pour mettre fin à la spéculation. La production industrielle chinoise a cru seulement de 9.5% en juin (15% en juin 2011), les prix à la production sont en baisse et les profits des entreprises industrielles aussi.

Face à cette situation, le gouvernement a assoupli sa politique monétaire, notamment en abaissant les taux d’intérêt, mais il n’envisage pas des mesures de relance de grande ampleur. Il veut éviter de rallumer la spéculation immobilière et de renouveler les excès du plan de relance de fin 2008 qui a entraîné des investissements anarchiques et le surendettement des gouvernements locaux.

En supposant que la croissance du PIB rebondisse au 3ème trimestre, elle sera autour de 8% sur l’année, soit un peu plus que ce qu’annonçait le Premier ministre (7.5%). Dans le passé, les objectifs du gouvernement étaient toujours largement dépassés. L’économie chinoise a navigué depuis trois décennies entre le risque de « surchauffe » et celui d’un « atterrissage brutal », mais la balance a toujours penché en faveur d’une croissance forte. L’arrivée sur le marché du travail de générations nombreuses exigeait en effet d’énormes créations d’emplois: entre 1980 et 2010, la population d’âge actif (15-60 ans) a augmenté 375 millions.

Or, un tournant démographique majeur est en cours. La population en âge de travailler (15-60 ans) augmente beaucoup plus lentement depuis 2010 et elle baissera à partir de 2015 ; le nombre des jeunes (15-24 ans) à déjà commencé à diminuer. Cette nouvelle situation du marché du travail pousse à la hausse des salaires qui progressent désormais au rythme de la productivité du travail.

Depuis déjà plusieurs années, le gouvernement affiche des objectifs de croissance modérée, plus soucieuse d’environnement et d’économies d’énergie, faisant plus de place aux services et à la consommation. Le contexte international actuel et les transformations internes à la Chine se prêtent à la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie de développement, fondée sur l’expansion du marché intérieur et l’amélioration du pouvoir d’achat de la population.

Le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre budgétaire pour augmenter les dépenses sociales (retraites, prestations sociales, éducation, santé) et accélérer la consommation des ménages qui a été jusqu’ici le maillon faible de l’économie. Il devrait aussi encourager le développement des services pour prendre la relève de l’industrie ralentie par l’atonie des marchés extérieurs. Ces derniers mois, les investissements étrangers en Chine ont d’ailleurs été plus importants dans les services que dans l’industrie.

Le virage est difficile et ne se prendra pas en un jour, d’autant que des mesures de relance à court terme risquent toujours de retarder la transition vers ce nouveau régime de croissance.

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