Axa veut investir 10 milliards d'euros dans des projets d'infrastructures : quel rôle peuvent jouer les assureurs dans le financement de l'économie réelle ? <!-- --> | Atlantico.fr
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"Les assureurs ont besoin aujourd’hui de plus de rentabilité que les simples rendements d’obligations à long terme."
"Les assureurs ont besoin aujourd’hui de plus de rentabilité que les simples rendements d’obligations à long terme."
©Reuters

Plein d’assurance

L’assureur français a annoncé ce mardi qu’il comptait investir pour 10 milliards d’euros sur cinq ans dans des projets d’infrastructures.

Jean-Hervé Lorenzi

Jean-Hervé Lorenzi

Jean-Hervé Lorenzi est économiste.

Président du Cercle des économistes, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Le fabuleux destin d'une puissance intermédiaire (Grasset, 2011). Son dernier livre s'intitule Un monde de violences, l'économie mondiale 2015-2030 (Eyrolles, juillet 2014).

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Atlantico : Quel rôle peuvent jouer les assureurs dans le financement de tels projets pour l’économie réelle ?

Jean-Hervé Lorenzi : La nature de ces projets est d’être rentables sur du long terme tout en supposant un important investissement de départ. Donc il faut avoir des acteurs financiers qui ont un actif et surtout un passif de long terme. Par passif, l’on entend ce qui est exigible. Quand vous êtes assuré-vie chez Axa, vous ne devriez réclamer votre argent en moyenne qu’au bout de 14 ans.

En réalité, en ce qui concerne donc votre actif du point de vue de l’assureur, celui-ci est finalement utilisable assez rapidement. En effet, celui-ci, sachant que le placement ne lui sera pas réclamé tout de suite, peut se permettre d’investir sur du long terme. C’est la raison pour laquelle les assureurs sont par nature les meilleurs investisseurs de long terme dont on puisse rêver, et donc sont les mieux placés pour investir sur des projets de long terme dans l’économie réelle. Leur rôle de soutien solide pour de tels projets est donc bien avéré.

Qu’ont-ils à apporter de plus par rapport aux banques ? N’est-ce pas plutôt aux banques de financer l’économie réelle ? Comment expliquer ce phénomène ?

Les actifs et passifs des banques et des assurances ne sont pas de même nature. Les assureurs ne se placent donc pas dans la même logique puisque contrairement aux banques ils ne sont pas tenus de pouvoir rembourser de l’argent à tout moment. Quand vous déposer votre argent en banque, vous pouvez en effet le réclamer le lendemain matin, ce qui n’est généralement pas le cas chez un assureur : si vous avez souscrit à un contrat d’assurance-vie par exemple, cela peut prendre plusieurs années.

Les assureurs ont besoin aujourd’hui de plus de rentabilité que les simples rendements d’obligations à long terme. Ils sont donc à l’affut d’investissements plutôt de long terme et surtout plus rentables. Les infrastructures correspondent à ce titre à un investissement de choix : elles offrent des garanties de résultats fixes sur un long terme.

Sur ce point, les assurances ne dament pas nécessairement le pion aux banques. Elles prennent plutôt un segment sur lequel les banquiers ont toujours été moins allants. Comme je l’ai précisé, les banquiers ont des épargnants de court terme tandis que les assurances ont des épargnants de long terme. Dans une période où l’on est assez averse aux risques, les assureurs sont donc d’autant mieux placés pour les investissements de long terme.

Cela augure-t-il d’une nouvelle stratégie pour l’entreprise d’assurance et pour le monde de l’assurance en général ?

Oui bien sûr. Cela signifie qu’ils vont devenir ou redevenir des acteurs de financement de l’économie réelle de manière massive.

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