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Avec Total, EDF et Nicolas Hulot, l’écologie a enfin une chance d’être compatible avec la croissance
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Atlantico Business

EDF, Total, Nicolas Hulot : la semaine a été fertile en initiatives. La France est peut-être en train de dessiner un modèle de transition énergétique par un partenariat entre le privé et le public.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette semaine,Total, champion mondial de l’industrie pétrolière et gazière a donné un grand coup d’accélérateur en direction des industries décarbonées en prenant une importante participation (23%) dans une pépite française des énergies solaires, Eren RE. Le même jour, c’est EDF qui a démontré qu‘elle allait, elle aussi, accentuer sa diversification vers les énergies renouvelables. EDF proposera dès mi-octobre une offre où elle vendra de l’ « électricité bio ». Une électricité fournie au consommateur qui proviendra exclusivement d’énergies renouvelables.

Pour EDF, ça n'est pas contradictoire à son ancienne stratégie, il lui faudra poursuivre dans l'investissement nucléaire et notamment l’EPR.

Hasard du calendrier ou pas, au même moment Nicolas Hulot rend public un paquet de mesures pour accélérer la transition énergétique au niveau du consommateur, quand il pilote sa voiture ou quand il installe son chauffage.

Ce qui est intéressant dans la démarche française, c’est qu’on s’aperçoit que le mouvement est impulsé d’un côté par des acteurs puissants de l’économie de marché : EDF, Total et d’autres ; et de l’autre par l’Etat qui semble avoir abandonné l’économie punitive pour tenir compte de la réalité et proposer des mesures d’incitations qui soient compatibles avec la création de richesses et la croissance.

Sur la forme, on est loin du modèle Trump qui semble laisser faire ce que les entreprises veulent faire en tournant le dos aux accords de la COP 21. On est aussi loin du modèle allemand qui avait arrêté brutalement toute production d’énergie nucléaire, mais qui s’était retrouvé dans l’obligation de faire repartir toutes ses centrales au charbon ou même d’importer de l’électricité nucléaire produite en France. Résultat : l'Allemagne a radié de ses moyens le nucléaire pour répondre à la demande de ses verts, mais devient du même coup le premier pollueur d‘Europe avec ses vieilles centrales au charbon.

Le modèle qui se mettrait en place en France est finalement assez original par son pragmatisme. C’est nouveau dans un secteur qui a été envahi pendant très longtemps par l’idéologie de la non-croissance. Pour beaucoup d’écologistes, le seul moyen de lutter contre le réchauffement climatique, de préserver les ressources naturelles était tout simplement de produire moins.

Les adeptes de la non-croissance étaient au mieux des doux rêveurs sans gros besoins, ou des tenants de l’autoritarisme arbitraire. Si le peuple ne voulait pas rentrer dans la logique de la non-croissance, c’est qu’il avait tort. Il fallait donc changer de peuple. Position ridicule.

A priori, sans crise, sans trop débat, la France est entre dans un process d‘évolution beaucoup plus pragmatique fondée sur trois leviers.

1° Le jeu des contre-pouvoirs, entre consommateurs, actionnaires et salariés. Pour la plupart des entreprises intelligentes et il y en a beaucoup, la transition écologique répond à une demande pressante du client qui veut de la qualité et une meilleure traçabilité des produits qu’il achetés. Une demande pressante du salarié qui veut donner du sens au travail qu’il fait dans l’entreprise et enfin, une demande pressante des actionnaires dont beaucoup ne veulent pas seulement des dividendes, mais aussi des investissements propres. Pour toutes ces raisons, les dirigeants d’entreprise n’ont pas seulement un objectif économique et financier à atteindre. Ils doivent tenir une promesse écologique et sociale. Le compromis entre ces trois projets est très souvent un gage de résistance et de performance.

2° Le pari de l’intelligence est de fonder des espoirs de progrès sur l’innovation. Le pouvoir des ingénieurs est considérable dans l’amélioration de l’environnement. Les voitures automobiles aujourd’hui consomment deux à trois fois moins de carburant qu'il y a dix ans.

3°Le rôle de l’Etat incitateur de création de richesses propres. Pendant très longtemps, l’Etat s’est comporté comme un gendarme, débusquant les abus et punissant les pollueurs. Cette logique n’a eu que peu d’effets. Deux mécanismes semblent être plus efficaces que toutes les contraventions. Le premier est le mécanisme de marché des droits à polluer et sera forcement dissuasif de pollution. Ce qui compte, c’est la rigueur et la concurrence.

Le deuxième mécanisme est porté par l'action régulatrice de l’Etat. Quand l’Etat crée des primes à la casse pour éliminer les vieilles voitures, il condamne beaucoup de gens modestes à rester immobiles. Quand le ministre actuel crée une prime au renouvellement, il incite l‘automobiliste à acheter une nouvelle voiture et par conséquent à se débarrasser de l’ancienne. Il est créateur de richesses. Quand par ailleurs, il s’attaque au chantier de dépoussiérage des normes imposées à l’investissement dans l’éolien, il libère l’éolien. Jusqu'alors, on avait des gouvernements qui réclamaient des sources d’énergie nouvelles et naturelles (le vent) mais qui faisaient tout pour empêcher l’investissement.

Si le gouvernement confirme ce cap d’une écologie positive et créatrice de richesses, il va conforter l’action des grandes entreprises qui prennent des initiatives. Les choses vont peut-être changer partout en France.

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