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Aucun entraînement du cerveau, ni aucune pilule ne vous rendra intelligent, en revanche, voilà ce que vous pouvez faire
©Flickr/IsaacMao

Pour bien démarrer l'année

Le développement de l'intelligence pure apparaît comme inefficace dès lors qu'il n'est pas accompagné de celui de l'intelligence émotionnelle, soit notre capacité à gérer le stress, surmonter des chocs, etc.

Jacques Fradin

Jacques Fradin

Jacques Fradin est médecin, comportementaliste et cognitiviste.

Il a fondé en 1987 l'Institut de médecine environnementale à Paris. Il est membre de l’Association française de Thérapie comportementale et cognitive.

 

 

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Atlantico : Depuis plusieurs années, on assiste à un véritable engouement pour le développement de nos capacités cognitives, comme en témoigne la multiplication des divers entraînements proposés pour stimuler notre mémoire, ou la mise en vente de médicaments servant à stimuler notre intelligence, à l'instar de l'Adderall ou de la Ritaline. Qu'apporte réellement le travail, la stimulation de l'intelligence pure ? Ces méthodes sont-elles efficaces en ce sens ?

Jacques Fradin : Aujourd’hui, nous avons beaucoup de connaissances sur le fonctionnement du cerveau et sur les formes d’intelligence. Nous sommes donc plus équipés pour concevoir des outils qui en facilitent l’expression et l’utilisation, et pas seulement des méthodes qui la développent au premier degré comme une forme de musculation. Il existe de nombreuses méthodes directes et indirectes dont l’efficacité est variable. Parmi celles-ci, il faut différencier les thérapies cognitives qui libèrent l’intelligence du stress, qui est un facteur majeur de la réduction de l’intelligence au quotidien, limitant ainsi l’accès au cortex préfrontal. Dans beaucoup de situations, le stress diminue les capacités cognitives. Il faut essayer en tout temps de garder son calme malgré les difficultés des situations. Sans cela les méthodes et exercices de stimulation de la mémoire et de l’intelligence sont inutiles.

En ce qui concerne les différents médicaments, la plupart de ceux qui sont supposés booster notre intelligence réduisent en fait notre stress; ils fonctionnent comme des anti-dépresseurs (sérotonine, inhibiteur …). Les personnes qui cherchent à améliorer leurs capacités cognitives utilisent aussi des stimulants (Ritaline, amphétamine …).

Plutôt que de développer notre intelligence pure, ne conviendrait-il pas plutôt de développer notre intelligence émotionnelle ? Que nous apporte concrètement cette dernière au quotidien ?

L’intelligence pure est, il me semble, indissociable de l’intelligence émotionnelle. La motivation dans l’amélioration de nos capacités est essentielle. La triangulaire émotion, pensée, comportement est fondamentale. La gestion de l’émotion interfère avec la motivation, et donc avec le comportement. L’une des raisons qui nous empêche de réaliser nos bonnes résolutions est souvent la motivation. Les émotions peuvent jouer dans un sens négatif: ainsi, le découragement, l'appréhension ou le manque de désir donnent des difficultés pour trouver l’énergie de faire. Sans le stress et le manque de motivation, les capacités de chacun se valent. Les notions de différences dans l'intelligence ont été traitées par Olivier Houdé: suivant la manière dont l’intelligence est stimulée, les réponses vont différer. Par exemple, le stress et la motivation au travail vont être impactés par le sens, la finalité de notre accomplissement. Ces deux facteurs ont donc un rôle déterminant dans notre capacité à faire ou à ne pas faire.

L’intelligence émotionnelle, comportementale et sociale ne se révèlent pas de la même façon en fonction des circonstances. Les échecs scolaires sont souvent contextuels. Par exemple, un élève qui échoue en mathématique peut s’y intéresser plus tard dans la vie via d’autres sujets. L’émotion est essentielle dans le travail, dans la combativité, et la capacité à faire face à la vie.

Selon vous, quels aspects de notre intelligence émotionnelle devrions-nous travailler davantage ? Par quelles méthodes, concrètement, pouvons-nous développer notre quotient émotionnel ?

Si j’en crois une étude de Harvard qui s’est déroulée sur soixante-quinze ans et qui a mesuré l’état de bonheur des gens en temps réel, le premier facteur qui rend les personnes heureuses est la qualité des relations personnelles. Ce type d’étude montre que l’engagement à long terme, les relations de confiance, ainsi que les passions qui nous font faire des choses uniquement pour le plaisir créent du bonheur. L’intelligence émotionnelle nous amène à nous centrer sur des choses fondamentales et durables, et nous devons travailler ces parties de notre vie.

Ces derniers temps, la méthode de la pleine conscience est à la mode et accessible; elle contribue à nous faire atteindre plus de sérénité (baisser le stress et augmenter la capacité à faire face à la vie.), et à profiter des sensations de l’instant. Il faut écouter la vie comme une symphonie: c’est l’exercice du mélomane. Le théâtre est aussi une bonne façon d’oublier les gènes sociales. L’improvisation, le sport et toutes les activités qui ne nous engagent pas dans la consommation sont libératrices. La connaissance de soi, de son cerveau, aide à prendre du recul. 

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